A. Maintenant, sous la neige

— « Tout a changé au fil des ans »

Elle avait prononcé cette phrase d'un ton qui se voulait être un constant, plutôt qu'une nostalgie de ce qui ne serait plus, ou une réjouissance d'un temps difficile qui aurait cessé enfin.

La neige ne tombait plus. Elle finissait d'apporter la blancheur de sa fraîcheur.

— « Tout a changé depuis qu'il neige », ai-je pensé.

Sous les pavés la plage, disait-on en mai 1968.

Et sous la neige ? Toujours la nature, la même, et pourtant déjà une autre.

— « Le changement c'est maintenant » clamait le candidat à la présidence. Et on se prenait à y croire. Elles sont faites pour cela les promesses. Que l'on y croit. Paraît que ça aide à vivre. « Ils vivront de projet qui ne feront qu'attendre » chantait Jacques Brel à Orly.

— « Tu as changé depuis la dernière fois qu'on s'est vu ». Et si c'était moi qui change. Si je n'étais plus le même. Est-ce que mon miroir de salle de bain ne me l'a pas dit l'autre jour ? — Tu as changé mon pote. Tu vieillis !

Elle a changé sa couleur de cheveux

il a changé de boulot.

Elle a changé de partenaire.

Il a changé de sexe.

Il aurait tant voulu changer de comportement.

Elle aurait tant voulu avouer qu'elle l'aimait toujours.

Il aurait pu revenir espérant que tout redevienne comme avant.

Elle aurait pu revenir espérant que tout serait changé enfin.

Tout a changé au fil des ans

la neige fondra comme les autres années.

Comme son cœur fondait quand « lui » savait la réchauffer de ses bras.

Tout a changé depuis qu'il est parti.

S'il savait son désir profond de le voir apparaître au bout du chemin blanc.

Tout a changé. Voilà pourquoi elle l'attend.

Je vais me répéter car, comme pour le retour que j'ai fait au texte d'Amanda, j'ai l'impression que tu as écris ce texte très spontanément  en déclinant toutes les idées sur le verbe changer qui te passaient par la tête. Est-ce que je me trompe ? Ça aurait pu être écrit aussi sous la forme d'un poème. Ce n'est que mon ressenti et ce n'est pas une critique bien sur.