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Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 597
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A- quantum
Amhed, Kofi, Adjoa, Efua, Kadidja, Kobla, Yao et tant d’autres venaient des provinces du Nord. Ils vivaient pour l’instant sur la décharge des déchets électroniques européens, juste à la sortie de la grande ville. Et ils rêvaient bien sûr à des lendemains meilleurs mais pour l’instant il fallait subvenir aux besoins les plus pressants : gagner juste de quoi obtenir la nourriture journalière.
Sous un même toit, fait de tôles ondulées, ils faisaient cuisine commune, avec des équipes en rotation, ce qui leur faisait gagner du temps pour travailler. Pour dormir, ils s’étaient fabriqué des abris de fortune tout autour de leur cantine, en laissant un espace de cour… comme au village.
Le cuivre rapportait mieux que d’autres métaux. Le plus rapide était de bruler les gaines de plastique des fils électroniques plutôt que les évider, ce qui dégageait une fumée noire et très nocive pour les poumons. Mais c’était devenu leur spécialité. Ils arriveraient bien à économiser un peu pour partir de là, ouvrir une échoppe quelconque plus près de la ville, voire s’embarquer comme clandestin sur un des paquebots marchands du port.
Parfois le soir, si la fatigue leur donnait un peu de répit, ils montaient par petits groupes en haut de la colline pour contempler l’Ailleurs, bien gardé par une force magnétique absolument rigide, que personne encore n’avait réussi à traverser. La transparence de cet autre possible parfois leur faisait mal mais pouvait aussi être source d’espoir. Un jour l’un d’eux finirait bien par trouver la clef de cette porte qui ne s’ouvrait que rarement. On disait même qu’à certains moments de l’année la force magnétique s’affaiblissait et qu’il suffisait de se jeter au travers du rideau invisible pour accéder à l’air le plus pur, le plus embaumé, celui qui donne un autre souffle.
Ils se disaient que toucher les neiges éternelles les laverait de toute misère. L’herbe verte leur ferait oublier la poussière, le goudron et les effluves toxiques qui émanaient de flaques glauques partout dans la décharge.
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Kobla ne se sentait pas bien depuis plusieurs jours. Ses poumons lui faisait mal. Il s’était résolu à renoncer à une journée de travail pour finalement aller au dispensaire ; des femmes lui avaient donné un masque et des gants de jardiniers en lui recommandant de toujours les mettre pour se protéger des fumées malfaisantes, mais ça n’avait pas tenu le coup longtemps, et il toussait de plus en plus.
Seul, un bon matin, il décida de se rendre en haut de la colline pour contempler une dernière fois l’Ailleurs. Il sentait bien que jamais il ne guérirait de son mal. Il voulait simplement s’endormir, tout doucement, avec une dernière pensée pour sa famille restée au village. Il avait laissé ses maigres économie sur une des tables de la cantine et était parti sans se retourner.
A grand peine, il était parvenu en haut de la colline où il pensait se coucher au plus près de la force invisible en la touchant des doigts, le regard seul perdu de l’autre coté.
Mais ce matin-là, la porte, tel un torii, se trouvait grande ouverte…
Sous un même toit, fait de tôles ondulées, ils faisaient cuisine commune, avec des équipes en rotation, ce qui leur faisait gagner du temps pour travailler. Pour dormir, ils s’étaient fabriqué des abris de fortune tout autour de leur cantine, en laissant un espace de cour… comme au village.
Le cuivre rapportait mieux que d’autres métaux. Le plus rapide était de bruler les gaines de plastique des fils électroniques plutôt que les évider, ce qui dégageait une fumée noire et très nocive pour les poumons. Mais c’était devenu leur spécialité. Ils arriveraient bien à économiser un peu pour partir de là, ouvrir une échoppe quelconque plus près de la ville, voire s’embarquer comme clandestin sur un des paquebots marchands du port.
Parfois le soir, si la fatigue leur donnait un peu de répit, ils montaient par petits groupes en haut de la colline pour contempler l’Ailleurs, bien gardé par une force magnétique absolument rigide, que personne encore n’avait réussi à traverser. La transparence de cet autre possible parfois leur faisait mal mais pouvait aussi être source d’espoir. Un jour l’un d’eux finirait bien par trouver la clef de cette porte qui ne s’ouvrait que rarement. On disait même qu’à certains moments de l’année la force magnétique s’affaiblissait et qu’il suffisait de se jeter au travers du rideau invisible pour accéder à l’air le plus pur, le plus embaumé, celui qui donne un autre souffle.
Ils se disaient que toucher les neiges éternelles les laverait de toute misère. L’herbe verte leur ferait oublier la poussière, le goudron et les effluves toxiques qui émanaient de flaques glauques partout dans la décharge.
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Kobla ne se sentait pas bien depuis plusieurs jours. Ses poumons lui faisait mal. Il s’était résolu à renoncer à une journée de travail pour finalement aller au dispensaire ; des femmes lui avaient donné un masque et des gants de jardiniers en lui recommandant de toujours les mettre pour se protéger des fumées malfaisantes, mais ça n’avait pas tenu le coup longtemps, et il toussait de plus en plus.
Seul, un bon matin, il décida de se rendre en haut de la colline pour contempler une dernière fois l’Ailleurs. Il sentait bien que jamais il ne guérirait de son mal. Il voulait simplement s’endormir, tout doucement, avec une dernière pensée pour sa famille restée au village. Il avait laissé ses maigres économie sur une des tables de la cantine et était parti sans se retourner.
A grand peine, il était parvenu en haut de la colline où il pensait se coucher au plus près de la force invisible en la touchant des doigts, le regard seul perdu de l’autre coté.
Mais ce matin-là, la porte, tel un torii, se trouvait grande ouverte…
sprite!- Humeur : variable
Re: A- quantum
Ouverte sur tout, comme ta fin.
C'est gentil à toi de nous laisser imaginer la suite !
Beau texte, merci Sprite !
C'est gentil à toi de nous laisser imaginer la suite !
Beau texte, merci Sprite !
Daboum- Humeur : jusqu'ici, ça va
Re: A- quantum
Bien joué de nous laisser imaginer la fin! Un texte mi science fiction mi réalité très bien construit
Sherkane
Re: A- quantum
Un très beau texte, bien construit, bien écrit et une fin ouverte qui nous laisse libre d'imaginer le meilleur ou le pire...
madeleinedeproust- Humeur : littéraire...
Re: A- quantum
Moi aussi j'aime les récits pour lesquels on peut imaginer la fin!
Le tien est très réussi.
Le tien est très réussi.
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A- quantum
Ton écriture m'a emmenée de suite, Sprite. C'est plein d'images, on peut créer un monde, un décor, imaginer des liens, des familles. La fin est si ouverte que je me suis dit, un instant, que tu allais peut-être nous donner des morceaux de suite au fil du temps. Il va mourir peut-être, mais il aura vu avant quelque chose que les autres à leur tour pourront contempler. Un jour. C'est l'idée que je m'en fais. Merci à toi, Sprite pour la rêverie !
Ameliefg- Humeur : jamais celle du jour
Re: A- quantum
Le début de ton texte m'a surprise, car bien qu'intéressant, il me semblait éloigné de la consigne...
Mais dès que j'ai lu "l'Ailleurs" et la porte vers un autre monde, j'ai complètement plongé !
Et la fin, je l'imagine positive et plein d'espoir, j'adore
Mais dès que j'ai lu "l'Ailleurs" et la porte vers un autre monde, j'ai complètement plongé !
Et la fin, je l'imagine positive et plein d'espoir, j'adore
silhène- Humeur : positive, autant que possible
Re: A- quantum
Silhene, l'inspiration est venue de ces photos de touristes qui bien souvent font abstractions des bidonvilles ou paysages industrielles qui en fait côtoient des sites de beauté naturelle. J'ai d'abord pensé a l'envers de la photo.
Merci a tous de vos commentaires.
Merci a tous de vos commentaires.
sprite!- Humeur : variable
Re: A- quantum
C'est drôle d'observer les différentes interprétations d'un même texte. Pour moi la fin n'est pas ouverte, et l'ailleurs est cet "inaccessible" que leur condition impose à tes personnages. Il meurt à la fin et rejoint l'inaccessible en rêve dans son dernier soupir.
Virgul- Humeur : Optimiste
Re: A- quantum
Quelque soit la suite, Kobla va vivre ce qu'il voulait.
Un joli texte, j'aime beaucoup la conclusion avec le mot imagé de torii.
Un joli texte, j'aime beaucoup la conclusion avec le mot imagé de torii.
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Quelle noblesse d'avoir un ami, mais combien plus noble d'être un ami.
- Richard Wagner -
- Richard Wagner -
trainmusical- Humeur : la vie est belle
Re: A- quantum
Très beau texte percutant. La première partie m'a évoqué la chanson d'Aznavour "Emmenez-moi"
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A- quantum
Une très belle histoire, Sprite ! J'aime imaginer que cette porte grande ouverte est peut-être une deuxième chance pour lui, une autre vie qui s'ouvre à lui, où il pourrait laisser à l'entrée ses blessures et ses peines...
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
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