A. Mon état d’âme du moment

Les semaines, les mois se suivent, mais ne se ressemblent pas.

Ainsi ces derniers temps je suis branché à écouter de la musique, celle d’un compositeur auquel je ne prêtais l’oreille qu’à de rares occasions, bien qu’il soit de renommée mondiale: Franz Liszt.

Un musicien connu pour ses Rhapsodies, Faust Symphonie, une pièce d’orgue «Fantaisie et fugue sur un thème B-A-C-H», des œuvres pour piano.
Je sais surtout que sa fille Cosima s’était mariée avec le chef d’orchestre Hans Bülow puis avec Richard Wagner.

Je tombe un jour sur une interview d’une excellente jeune pianiste suisse, Beatrice Berrut, qui parle avec passion de ce compositeur avec qui elle a une relation forte. Elle en connait à foison sur lui. La façon dont elle raconte son attirance pour Liszt et sa musique est très impressionnante.
«Je marche sur les pas de Franz Liszt depuis de nombreuses années» dit-elle.
Elle ajoute: «Je suis proche de lui, et je voudrais lui dire que sa musique est mon Graal, qu’elle donne du sens à ma vie.»

Je me rends compte que cet homme était un génie, un pianiste virtuose avec des idées musicales novatrices qui ne passaient pas si bien chez tous ses contemporains. Sa vie était passionnante. Il a composé beaucoup plus d’œuvres que je n’aurais pensé. Il aurait même écrit avec panache davantage de paraphrases et de transcriptions que d’œuvres originales.

J’apprends aussi que Franz Liszt n’a pas toujours eu la vie facile. Il a vécu des drames, en particulier la perte de deux de ses trois enfants, un fils de 20 ans et une fille de 27 ans (suite à son accouchement).
Il a soutenu plusieurs compositeurs contemporains. Malheureusement il n’a pas reçu en retour cette reconnaissance en fin de vie.

Beatrice Berrut interprète avec brio les œuvres de Liszt pour piano, un régal à entendre.
Des œuvres que je ne connaissais pas, comme Totentanz (Danse macabre) pour piano et orchestre ainsi que de nombreuses pièces pour piano seul.
Elle met souvent les œuvres de cet artiste hongrois au programme de ses concerts dans différents pays de l’Europe et a enregistré plusieurs CD de lui, que j’ai achetés par téléchargement.
Le dernier album qu’elle a publié pendant le confinement concerne les dernières œuvres pour piano de ce compositeur.
De la musique à première vue étrange un peu «boudée». Cependant, quand on connaît la vie de ce compositeur, on ne peut qu’être ébahi par ses magnifiques pièces qui nous montrent, entre autres, le côté mystique de Liszt. Il avait l’intention de se vouer à la prêtrise mais recevra les ordres mineurs.

Beatrice Berrut nous apprend que Liszt était hanté par sa mort et qu’il subissait une souffrance intérieure à la fin de sa vie tout en restant courageux.
Il a aussi enduré la disparition d’amis chers, ayant lui-même vécu jusqu’à 75 ans (ce qui était pour l’époque un grand âge).
«Des œuvres pour choquer, pas pour être belles» cite Beatrice Berrut.

Franz Liszt la remue, parfois plus que d’autres compositeurs qu’elle admire pourtant tout autant.
Elle est très touchante dans une interview dans laquelle elle raconte avec détail sa visite sur la tombe de Franz Liszt à Bayreuth, elle y était restée au moins une heure.

C’est son dernier CD que je n’arrête pas d’écouter actuellement. Grâce à toutes ses explications, lues sur un réseau social, dans le livret et sur le site de la pianiste, je saisis  toute la finesse de cette grande musique, noble et triste mais qui dégage beaucoup de  lumière, même dans les silences. Grandiose!
Interprétées par une brillante artiste très proche de ce resplendissant Liszt, ces œuvres rendent l’audition encore plus vivante.

Une bizarrerie personnelle, si c’en est une, m’interpelle: ce compositeur était le gendre et grand ami de Richard Wagner qu’il a beaucoup soutenu.  
Ma chère maman, disparue il y a déjà plus de vingt ans, était passionnée de musique (mon père était musicien). Très «grande connaisseuse», elle était férue de Richard Wagner. Or, elle m’a dit vaguement une fois qu’elle n’appréciait pas trop Franz Liszt. J’aimerais savoir pourquoi… Trop tard pour lui demander…

Vous comprenez pourquoi je suis, avec de plus en plus d’attention et d’émotion, cette éblouissante musique.