A. Trois
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A. Trois
1960
Ils étaient trois.
Depuis l’enfance, depuis l’école, à la vie, à la mort, ils se l’étaient jurés jusqu’à mêler leur sang avec l’Opinel piqué dans le tiroir du Maître d’école.
Trois à faire les quatre cents coups, sonner aux portes et se sauver à toutes jambes, sucrer la soupe de la cantine, saler les cerises…la liste est longue.
Pierrot ( le premier à gauche sur la photo) était le plus timide quoique toujours prêt à suivre les deux autres pour l’une ou l’autre bêtise.
Jeannot ( au milieu sur la photo), le meneur, était le sportif, même avec une balle de pétanque piquée aux vieux du village .
Claude ( à droite) était l’artiste, le fantaisiste qui n’hésitait pas à courir pieds nus dans la gadoue comme l’atteste la photo.
Ils étaient trois, inséparables.
Mais la vie sépare ceux qui s’aiment, tout doucement sans faire de bruit
A 12 ans, chacun sa route.
Jeannot fut le premier à quitter le village pour intégrer un collège à Toulouse et mener de front études et surtout rugby. Il se montra très vite le meilleur dans ce sport violent.
Claude, grand amateur de littérature, entra au collège à Avignon pour y suivre des cours de lettres. Il devint très vite un bénévole actif au Festival d’Avignon pour finalement intégrer une troupe de théâtre. Son rêve !
Pierrot, lui, resta au village. Il reprit le vignoble de son grand-père qui lui enseigna ses connaissances en vin. Très rapidement, il devint un vigneron respecté. Sur sa lancée il épousa Marie et lui fit sans attendre trois petiots d’affilée. Pas mal pour un timide.
Ils étaient trois, séparés par la vie. Mais un jour, le destin les réunit à jamais.
1980
Et ce fut une fois de plus Jeannot le meneur qui déclencha les retrouvailles.
Au cours d’un match de rugby contre les anglais, qui comme chacun sait peuvent se montrer particulièrement dangereux, Jeannot prit un méchant coup de tête. Une hémorragie cérébrale se déclara et les médecins ne purent rien faire pour le sauver.
Jeannot, se doutant un peu du danger encouru avait laissé des instructions très claires. En cas de malheur, il voulait qu’on l’enterre dans son village natal.
Claude quant à lui, portait déjà depuis toujours ce prénom équivoque qui convient aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Regardez bien la photo et la gestuelle de Claude, même enfant. Rien d’étonnant donc à ce qu’il bascule dans une homosexualité encore très mal perçue à cette époque. Un soir de festival et malgré le monde, personne ne remarqua son corps sans vie lardé de coups de couteaux. Lui aussi avait laissé quelques écrits, des poèmes et une supplique pour être enterré dans le cimetière de son village.
Pierrot ne sut jamais rien de ces drames. On le retrouva un beau matin pendu à la poutre de sa cave à vin. Le mildiou avait eu raison de sa récolte, un amant lui avait pris sa femme qu’il négligeait à force de se battre pour ses vignes. Ses enfants, partis étudier à l’étranger, l’ignoraient ostensiblement. Ce furent eux cependant qui se chargèrent des funérailles et retrouvèrent cette fameuse photo des trois.
Trois à la vie, à la mort.
Ensemble on les enterra.
Ils étaient trois.
Depuis l’enfance, depuis l’école, à la vie, à la mort, ils se l’étaient jurés jusqu’à mêler leur sang avec l’Opinel piqué dans le tiroir du Maître d’école.
Trois à faire les quatre cents coups, sonner aux portes et se sauver à toutes jambes, sucrer la soupe de la cantine, saler les cerises…la liste est longue.
Pierrot ( le premier à gauche sur la photo) était le plus timide quoique toujours prêt à suivre les deux autres pour l’une ou l’autre bêtise.
Jeannot ( au milieu sur la photo), le meneur, était le sportif, même avec une balle de pétanque piquée aux vieux du village .
Claude ( à droite) était l’artiste, le fantaisiste qui n’hésitait pas à courir pieds nus dans la gadoue comme l’atteste la photo.
Ils étaient trois, inséparables.
Mais la vie sépare ceux qui s’aiment, tout doucement sans faire de bruit
A 12 ans, chacun sa route.
Jeannot fut le premier à quitter le village pour intégrer un collège à Toulouse et mener de front études et surtout rugby. Il se montra très vite le meilleur dans ce sport violent.
Claude, grand amateur de littérature, entra au collège à Avignon pour y suivre des cours de lettres. Il devint très vite un bénévole actif au Festival d’Avignon pour finalement intégrer une troupe de théâtre. Son rêve !
Pierrot, lui, resta au village. Il reprit le vignoble de son grand-père qui lui enseigna ses connaissances en vin. Très rapidement, il devint un vigneron respecté. Sur sa lancée il épousa Marie et lui fit sans attendre trois petiots d’affilée. Pas mal pour un timide.
Ils étaient trois, séparés par la vie. Mais un jour, le destin les réunit à jamais.
1980
Et ce fut une fois de plus Jeannot le meneur qui déclencha les retrouvailles.
Au cours d’un match de rugby contre les anglais, qui comme chacun sait peuvent se montrer particulièrement dangereux, Jeannot prit un méchant coup de tête. Une hémorragie cérébrale se déclara et les médecins ne purent rien faire pour le sauver.
Jeannot, se doutant un peu du danger encouru avait laissé des instructions très claires. En cas de malheur, il voulait qu’on l’enterre dans son village natal.
Claude quant à lui, portait déjà depuis toujours ce prénom équivoque qui convient aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Regardez bien la photo et la gestuelle de Claude, même enfant. Rien d’étonnant donc à ce qu’il bascule dans une homosexualité encore très mal perçue à cette époque. Un soir de festival et malgré le monde, personne ne remarqua son corps sans vie lardé de coups de couteaux. Lui aussi avait laissé quelques écrits, des poèmes et une supplique pour être enterré dans le cimetière de son village.
Pierrot ne sut jamais rien de ces drames. On le retrouva un beau matin pendu à la poutre de sa cave à vin. Le mildiou avait eu raison de sa récolte, un amant lui avait pris sa femme qu’il négligeait à force de se battre pour ses vignes. Ses enfants, partis étudier à l’étranger, l’ignoraient ostensiblement. Ce furent eux cependant qui se chargèrent des funérailles et retrouvèrent cette fameuse photo des trois.
Trois à la vie, à la mort.
Ensemble on les enterra.
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Trois
C'est quoi cet instit' qui confisque les Opinels ? Le nôtre nous montrait plutôt comment s'en servir sans se blesser, c'était plus malin.
Quand on fait un serment de sang "à la vie à la mort", faut donc se méfier, ça peut avoir de lourdes conséquences.
Un texte vivant, malgré la finale.
Quand on fait un serment de sang "à la vie à la mort", faut donc se méfier, ça peut avoir de lourdes conséquences.
Un texte vivant, malgré la finale.
Daboum- Humeur : jusqu'ici, ça va
Re: A. Trois
Et ben, tristes destins croisés pour ces trois copains
Ils n'auraient sûrement jamais imaginé de pareilles "retrouvailles"
Ils n'auraient sûrement jamais imaginé de pareilles "retrouvailles"
silhène- Humeur : positive, autant que possible
Re: A. Trois
Waouh !
Un texte fort, très fort !
On sort du piège de ce genre de consigne qui risque de générer des textes téléphonés…
là il y a une originalité prenante et qui donne à réfléchir, mine de rien, sur le sens de la vie et de la mort.
Alors bravo !
Un texte fort, très fort !
On sort du piège de ce genre de consigne qui risque de générer des textes téléphonés…
là il y a une originalité prenante et qui donne à réfléchir, mine de rien, sur le sens de la vie et de la mort.
Alors bravo !
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Trois
Je n'aurais pas pensé réunir ces trois enfants au rire joyeux et communicatif au cimetière ! Il fallait oser ! Des amis morts chacun dans des circonstances dramatiques ! Ton texte m'a bousculée Amanda !
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Trois
C'est un très beau texte plein de joie au début et qui bascule lorsque la chanson s'invite. C'est une manière bien triste de les réunir ces copains en même temps combien d'amitiés enfantines perdurent-elles ?
Juste une petite chose si tu me permets au niveau des dates, s'il se passe 20 ans entre le début et la fin, en ajoutant 12 ans, ça nous fait des hommes de 32 ans, je ne vois donc pas comment les enfants de Pierrot seraient assez âgés pour partir à l'étranger pour leurs études, où j'ai manqué quelque chose ?
Juste une petite chose si tu me permets au niveau des dates, s'il se passe 20 ans entre le début et la fin, en ajoutant 12 ans, ça nous fait des hommes de 32 ans, je ne vois donc pas comment les enfants de Pierrot seraient assez âgés pour partir à l'étranger pour leurs études, où j'ai manqué quelque chose ?
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A. Trois
Tu as raison Martine, je n'ai jamais été forte en math, les chiffres et moi cela fait deux. Mea culpa !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Trois
J’aime le commentaire d’Alainx qui décrit tout à fait ce que j’ai pensé en lisant ton texte que je ne trouve pas vraiment triste, si ce n’est des morts prématurées.
Unis dans l’enfance, unis dans la mort, c’est une belle leçon de vie.
J’aime beaucoup
Unis dans l’enfance, unis dans la mort, c’est une belle leçon de vie.
J’aime beaucoup
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Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Trois
Je n’ai rien à ajouter aux différents avis.
Belle idée, belle réalisation!
Belle idée, belle réalisation!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
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