Moi, Julien, caractère fictif
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Moi, Julien, caractère fictif
Moi, Julien, caractère fictif
Pour l’instant je m’appelle Julien, je suis un caractère fictif, né d’une consigne sur Kalé : une photo des années 40 ou 50, trois jeunes garçons en monochrome dont il faut imaginer les retrouvailles des années plus tard. Depuis j’essaie de m’adapter aux consignes hebdomadaires, par jeu et puis parce qu’ayant suscité pas mal de recherches sur la guerre d’Algérie, je commence à m’étoffer et à devenir vivant. Mais ça n’a pas l’air de plaire à tout le monde donc je risque d’émigrer sous d’autres cieux.
On a laissé comme commentaire : « tu ne manques pas d’imagination ». Si seulement je n’étais né que de l’imagination, j’aurais été robot du futur ou lutin des sous-terres inexplorées, mais je ne suis qu’un amalgame de réalités vécues, enfin entendues plutôt que vécues. Quasiment chaque paragraphe de chacun de mes trois premiers textes est relié à celle qui m’écrit par un fil de mémoire.
Il y a treize ans maintenant, sur le site de Kalé, elle a essayé de parler de sa réalité de soignante en exil, mais beaucoup trouvaient ça trop dur, parfois pas approprié. Elle a compris une chose à l’époque : il faut un demi-siècle en général pour que les gens soient prêts à entendre. Quand la vérité rude et brute est trop près du présent, ce n’est pas que les gens ne veulent pas dire et parler de leurs expériences, c’est que personne n’est prêt à entendre. Alors on se retire, on s’emmure, on fait silence… on reprend le fil de la vie… comme si de rien n’était.
Et 50 ans plus tard, ça éclate et ça doit sortir donc en ce moment beaucoup de Devoirs de Mémoire se portent sur les Anciens Appelés de la Guerre d’Algérie. Dans la toute petite enfance de celle qui lentement me donne un visage, il y avait des mots : fellaghas, FNL, OAS, bled, mektoub, pieds noirs ; des mots qui prenaient autant d’importance que tous ceux de l’apprentissage du langage, mais qui ne ternissaient pas le soleil éternel de l’enfance.
Il y en avait bien un autre, plasticage, qui assombrissait souvent le regard des grands. Les adultes cachaient les Paris-Match hebdomadaires pour que les gosses de tombent pas sur les images horribles. Une gamine de quatre ans, une fois, tuée dans une explosion à Paris… sa mère et sa grand-mère, pâles comme des linges et les questions de cette autre enfant demeuraient sans réponse.
Après la messe, les hommes discutaient d’un air sérieux et en grands connaisseurs de ces faits d’armes lointains. Son père qui avait fait ‘deux ans d’Algérie’ avant les ‘Evènements’ disait parfois : « tous les arabes sont fourbes… ils nous jetaient des pierres au passage des camions ». Il avait échappé à être rappelé à cause de son statut de paysan et père de famille.
Elle aimait ces mots : fellaghas, baraka, mektoub. Les garçons jouaient parfois au fellaghas et parachutistes et ces derniers savait d’avance sa victoire sur les nouveaux indiens au service de cowboys toujours les plus forts.
Il va falloir en soulever de la boue et du sable pour parler de mon trauma encore non décidé par l’auteur. Viol, gégène, corvée de bois ? … et de mes lentes années de rédemption car c’est bien la rédemption qui dictera la trame de mon histoire encore floue. A travers moi, j’espère et elle espère aussi, ce sont les souvenirs des réfugiés de l’Afrique du centre qui reprendront vie, reprendront forme et qu’elle pourra enfin exorciser. Mais de ça, personne n’est vraiment prêt à l’entendre… les cinquante ans requis ne sont pas encore écoulés.
Mais pour l’instant il y a le jeu de faire coïncider mon histoire avec les consignes hebdomadaires… et jusque là, chaque fois qu’elle la lit, elle se dit ‘impossible d’imbriquer ça dans l’histoire de Julien’… mais l’inconscient fait si bien son chemin, qu’à chaque fois un fil de trame se présente, pour mouler mon histoire dont elle n’a tracé que les grandes lignes, autour de directives improbables.
Pour l’instant je m’appelle Julien, je suis un caractère fictif, né d’une consigne sur Kalé : une photo des années 40 ou 50, trois jeunes garçons en monochrome dont il faut imaginer les retrouvailles des années plus tard. Depuis j’essaie de m’adapter aux consignes hebdomadaires, par jeu et puis parce qu’ayant suscité pas mal de recherches sur la guerre d’Algérie, je commence à m’étoffer et à devenir vivant. Mais ça n’a pas l’air de plaire à tout le monde donc je risque d’émigrer sous d’autres cieux.
On a laissé comme commentaire : « tu ne manques pas d’imagination ». Si seulement je n’étais né que de l’imagination, j’aurais été robot du futur ou lutin des sous-terres inexplorées, mais je ne suis qu’un amalgame de réalités vécues, enfin entendues plutôt que vécues. Quasiment chaque paragraphe de chacun de mes trois premiers textes est relié à celle qui m’écrit par un fil de mémoire.
Il y a treize ans maintenant, sur le site de Kalé, elle a essayé de parler de sa réalité de soignante en exil, mais beaucoup trouvaient ça trop dur, parfois pas approprié. Elle a compris une chose à l’époque : il faut un demi-siècle en général pour que les gens soient prêts à entendre. Quand la vérité rude et brute est trop près du présent, ce n’est pas que les gens ne veulent pas dire et parler de leurs expériences, c’est que personne n’est prêt à entendre. Alors on se retire, on s’emmure, on fait silence… on reprend le fil de la vie… comme si de rien n’était.
Et 50 ans plus tard, ça éclate et ça doit sortir donc en ce moment beaucoup de Devoirs de Mémoire se portent sur les Anciens Appelés de la Guerre d’Algérie. Dans la toute petite enfance de celle qui lentement me donne un visage, il y avait des mots : fellaghas, FNL, OAS, bled, mektoub, pieds noirs ; des mots qui prenaient autant d’importance que tous ceux de l’apprentissage du langage, mais qui ne ternissaient pas le soleil éternel de l’enfance.
Il y en avait bien un autre, plasticage, qui assombrissait souvent le regard des grands. Les adultes cachaient les Paris-Match hebdomadaires pour que les gosses de tombent pas sur les images horribles. Une gamine de quatre ans, une fois, tuée dans une explosion à Paris… sa mère et sa grand-mère, pâles comme des linges et les questions de cette autre enfant demeuraient sans réponse.
Après la messe, les hommes discutaient d’un air sérieux et en grands connaisseurs de ces faits d’armes lointains. Son père qui avait fait ‘deux ans d’Algérie’ avant les ‘Evènements’ disait parfois : « tous les arabes sont fourbes… ils nous jetaient des pierres au passage des camions ». Il avait échappé à être rappelé à cause de son statut de paysan et père de famille.
Elle aimait ces mots : fellaghas, baraka, mektoub. Les garçons jouaient parfois au fellaghas et parachutistes et ces derniers savait d’avance sa victoire sur les nouveaux indiens au service de cowboys toujours les plus forts.
Il va falloir en soulever de la boue et du sable pour parler de mon trauma encore non décidé par l’auteur. Viol, gégène, corvée de bois ? … et de mes lentes années de rédemption car c’est bien la rédemption qui dictera la trame de mon histoire encore floue. A travers moi, j’espère et elle espère aussi, ce sont les souvenirs des réfugiés de l’Afrique du centre qui reprendront vie, reprendront forme et qu’elle pourra enfin exorciser. Mais de ça, personne n’est vraiment prêt à l’entendre… les cinquante ans requis ne sont pas encore écoulés.
Mais pour l’instant il y a le jeu de faire coïncider mon histoire avec les consignes hebdomadaires… et jusque là, chaque fois qu’elle la lit, elle se dit ‘impossible d’imbriquer ça dans l’histoire de Julien’… mais l’inconscient fait si bien son chemin, qu’à chaque fois un fil de trame se présente, pour mouler mon histoire dont elle n’a tracé que les grandes lignes, autour de directives improbables.
sprite!- Humeur : variable
Re: Moi, Julien, caractère fictif
Belles explications, Sprite, à propos de ces histoires qui demandent une suite,
Pas facile de réaliser cette prouesse et pourtant c’est bien parti!
Allez, j’arrêts la suite!
Pas facile de réaliser cette prouesse et pourtant c’est bien parti!
Allez, j’arrêts la suite!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
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