A. Tribulations de Myrte

Comme je l’indique sur mon profil, je suis curieuse. C’est, je trouve, le qualificatif qui me correspond le mieux. En tout cas c’est le premier qui m’est venu lorsqu’il a fallu en choisir un à mon inscription ici. Mais je suis souvent curieuse de choses qui n’intéressent personne, je m’en rends compte au fil du temps. Par exemple, quand je suis passagère en voiture, j’adore regarder les maisons qui défilent dans le paysage, surtout la nuit quand les fenêtres sont éclairées et dévoilent brièvement un morceau d’intimité volée.

A l’entrée de la ville, un immeuble de six étages se dresse face à la mer avec de grands balcons d’angle. Les fenêtres sont disposées de telle façon que je me suis souvent demandé s’il y avait un ou plusieurs appartements par étage. Voila le genre de question inutile que je me pose. Qu’est-ce que ça peut bien faire ? On se le demande…
N’empêche que chaque fois que je passe devant l’immeuble, si en plus le feu est rouge, que la voiture s’immobilise et que j’ai tout le loisir d’observer les fenêtres, je détaille le moindre indice pouvant me révéler s’il y a un ou plusieurs appartements par étage.

Aux infos à la télé, j’ai vu dans différentes régions de France des témoignages de touristes dégoutés, chaudement habillés pour la saison, parler de la pluie qui leur gâche les vacances, d’hôteliers qui déplorent les annulations de réservations, de restaurateurs qui regardent désespérément leur terrasse vide et je ne parle même pas des terribles intempéries qui ont boulversé la Belgique, l’Allemagne et d’autres pays. Tout ça pour dire qu’ici en Corse le temps est au beau fixe depuis le début de l’été. Pas une goutte de pluie ! Je suis obligée de mettre sur la fenêtre de la cuisine un petit récipient d’eau pour que les oiseaux puissent boire. Lorsqu’il tombe une micro-averse, elle dure si peu de temps qu’on ne s’en rend même pas compte. On découvre qu’il a plu aux traces de gouttes de sable du désert sur la carrosserie des autos. Certains jours, nous avons même subi une chaleur caniculaire qui nous a obligés à allumer la climatisation et a rester enfermés à l’abri du feu du soleil.

Mais, depuis trois jours, un petit vent légèrement rafraichi me redonne envie de bouger. J’ai donc chaussé mes baskets et suis partie de chez moi pour une longue promenade.
Sur le chemin du retour, je me suis retrouvée devant le fameux immeuble qui me pose question. Alors, un ou plusieurs appartements par étage ?
J’ai fait ni une ni deux et suis allée consulter l’interphone. La révélation ne s’est pas faite attendre : il n’y avait que six sonnettes avec six noms, donc un appartement par étage. Voila, j’ai ma réponse !

C’est ce qu’on appelle se triturer le cerveau pour rien ou parler pour ne rien dire. En l’occurence écrire pour ne rien dire…

Voila, cela m’a permis d’écrire un peu pour vous raconter un épisode de mon été et vous dévoiler une facette de ma personnalité. Est-ce grave docteur ?