A- Et moi, j'aurais fait quoi?
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madeleinedeproust
Sherkane
Cassy
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A- Et moi, j'aurais fait quoi?
Qu’est-ce qu’elle a bien pu faire ce matin-là, lorsque le jour s’est levé, lorsque son réveil a sonné.
S’est-elle réveillée fatiguée d’une nuit entrecoupée de cauchemars, de ceux que font souvent les gens pour qui la vie est un combat permanent.
En prenant son café ce matin-là, a- t- elle songé à son enfance, aux petits matins d’hiver où, frigorifiée, elle voyait passer devant elle le bus des écoliers blancs, alors qu’elle et ses camarades de couleur se rendaient à pied jusqu’à l’école. Avait-elle compris alors que sa vie serait une suite de luttes pour survivre, que des droits elle ne possédait que celui de se taire et de plier l’échine sous les lois ségrégationnistes des blancs.
Après sa journée de travail, était-elle lasse, résignée. Était-elle pressée de rentrer chez elle. Marchait-elle d’un pas vif pour ne pas rater son bus, la tête ailleurs, encore pleine du souvenir de l’effervescence du meeting de Montgomery et du sentiment éprouvé lorsque T.R.M Howard monta à La Tribune.
Qu’est-ce qu’elle a bien pu faire juste avant. A-t-elle prémédité son geste pendant qu’elle attendait à l’arrêt de bus, à distance des blancs. S’est-elle donnée du courage en pensant à toutes les humiliations subies durant sa vie et à cet élan de solidarité s’élevant de la foule réunie quelques jours plus tôt autour de cet espoir fou de voir un jour les barrières tomber entre gens d’un même peuple.
Elle a osé, tout comme Claudette Colvin, Aurélia Browder et Mary-Louise Smith l’ont fait quelques mois avant elle. Elle a dit NON, non à la soumission, non à l’humiliation, non à la résignation. Elle a dit STOP à la ségrégation, stop à l’indifférence. Elle a refusé de céder et contre toute attente, par ce geste, elle a réussi à faire bouger les lignes, là où ses compagnes d’infortune avait échoué.
Qu’est-ce qu’elle a bien pu faire juste après, lorsque les policiers sont arrivés et l’ont menottée. A-t- elle baissé la tête, se laissant amener sans résistance. A-t-elle relevé la tête et souri, fière de son acte de courage. A-t-elle pensé à son mari, à sa famille, pensait-elle déjà à l’après. Imaginait-elle le rôle majeur qu’aurait le jeune pasteur Martin Luther King, en prenant sa défense et organisant le boycott des bus de Montgomery, entraînant par la suite la décision de la Cour Suprême des États Unis de rendre anticonstitutionnelle la loi ségrégationniste dans les bus.
Qu’est-ce que j’aurais bien pu faire-moi, si j’étais née la peau sombre. Aurais-je eu ton courage Rosa. Aurais-je courbé le dos et accepté mon sort ou aurais-je lutté avec toi. Mais je ne suis pas noire, je suis blanche de peau. Quant il faut crier l’espoir, quel manque de pot.
Et si j’étais née dans cette Amérique-là, aurais-je été du côté des opprimés, mes frères d’une autre couleur ou celui des privilégiés en opprimant ou simplement en acceptant l’inacceptable.
J’ose espérer du plus profond de mon cœur que j’aurais eu le courage de ceux qui luttent.
S’est-elle réveillée fatiguée d’une nuit entrecoupée de cauchemars, de ceux que font souvent les gens pour qui la vie est un combat permanent.
En prenant son café ce matin-là, a- t- elle songé à son enfance, aux petits matins d’hiver où, frigorifiée, elle voyait passer devant elle le bus des écoliers blancs, alors qu’elle et ses camarades de couleur se rendaient à pied jusqu’à l’école. Avait-elle compris alors que sa vie serait une suite de luttes pour survivre, que des droits elle ne possédait que celui de se taire et de plier l’échine sous les lois ségrégationnistes des blancs.
Après sa journée de travail, était-elle lasse, résignée. Était-elle pressée de rentrer chez elle. Marchait-elle d’un pas vif pour ne pas rater son bus, la tête ailleurs, encore pleine du souvenir de l’effervescence du meeting de Montgomery et du sentiment éprouvé lorsque T.R.M Howard monta à La Tribune.
Qu’est-ce qu’elle a bien pu faire juste avant. A-t-elle prémédité son geste pendant qu’elle attendait à l’arrêt de bus, à distance des blancs. S’est-elle donnée du courage en pensant à toutes les humiliations subies durant sa vie et à cet élan de solidarité s’élevant de la foule réunie quelques jours plus tôt autour de cet espoir fou de voir un jour les barrières tomber entre gens d’un même peuple.
Elle a osé, tout comme Claudette Colvin, Aurélia Browder et Mary-Louise Smith l’ont fait quelques mois avant elle. Elle a dit NON, non à la soumission, non à l’humiliation, non à la résignation. Elle a dit STOP à la ségrégation, stop à l’indifférence. Elle a refusé de céder et contre toute attente, par ce geste, elle a réussi à faire bouger les lignes, là où ses compagnes d’infortune avait échoué.
Qu’est-ce qu’elle a bien pu faire juste après, lorsque les policiers sont arrivés et l’ont menottée. A-t- elle baissé la tête, se laissant amener sans résistance. A-t-elle relevé la tête et souri, fière de son acte de courage. A-t-elle pensé à son mari, à sa famille, pensait-elle déjà à l’après. Imaginait-elle le rôle majeur qu’aurait le jeune pasteur Martin Luther King, en prenant sa défense et organisant le boycott des bus de Montgomery, entraînant par la suite la décision de la Cour Suprême des États Unis de rendre anticonstitutionnelle la loi ségrégationniste dans les bus.
Qu’est-ce que j’aurais bien pu faire-moi, si j’étais née la peau sombre. Aurais-je eu ton courage Rosa. Aurais-je courbé le dos et accepté mon sort ou aurais-je lutté avec toi. Mais je ne suis pas noire, je suis blanche de peau. Quant il faut crier l’espoir, quel manque de pot.
Et si j’étais née dans cette Amérique-là, aurais-je été du côté des opprimés, mes frères d’une autre couleur ou celui des privilégiés en opprimant ou simplement en acceptant l’inacceptable.
J’ose espérer du plus profond de mon cœur que j’aurais eu le courage de ceux qui luttent.
Cassy- Admin
- Humeur : Emotionnellement vivante
Re: A- Et moi, j'aurais fait quoi?
Un très beau texte. Tu nous entraines dans l'intimité de Rosa. Et j'aime ton questionnement final : qu'aurions nous fait à sa place!
Une question que je me pose souvent quand je pense à la guerre de 40 et à toutes ces déportations de juifs et autres personnes. Aurais eu le courage de cacher des juifs, des aviateurs alliés?....
Une question que je me pose souvent quand je pense à la guerre de 40 et à toutes ces déportations de juifs et autres personnes. Aurais eu le courage de cacher des juifs, des aviateurs alliés?....
Sherkane
Re: A- Et moi, j'aurais fait quoi?
Après "Juste après" ton texte m'a fait penser à une autre chanson de J.J Goldman "Né en 17 à Leidenstadt" où on retrouve cette même interrogation: et moi qu'aurais-je fait?
Il est tellement facile de se dire que bien sûr on aurait été du bon côté, du côté de la justice et des gentils?
Mais comment savoir si dans les faits on aurait eu ce courage?
Comment savoir quelle est notre part personnelle de courage? Et celle de lâcheté?
Il est tellement facile de se dire que bien sûr on aurait été du bon côté, du côté de la justice et des gentils?
Mais comment savoir si dans les faits on aurait eu ce courage?
Comment savoir quelle est notre part personnelle de courage? Et celle de lâcheté?
madeleinedeproust- Humeur : littéraire...
Re: A- Et moi, j'aurais fait quoi?
Il me semble qu’on a tous l’impression d’être du côté des faibles, des méprisés, mais avons nous le courage de poser des actes, et de clamer bien fort notre soutien à ceux que l’opinion désigne comme des moins que rien?
C’est ce que tu nous demontres dans ce très beau texte, très documenté qui donne envie d’être à côté de Rosa!
C’est ce que tu nous demontres dans ce très beau texte, très documenté qui donne envie d’être à côté de Rosa!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A- Et moi, j'aurais fait quoi?
C'est un très beau texte si bien écrit comme ton habitude, qui ouvre une reflexion très profonde, m'interpelle même.
Comme Sherkane, c'est souvent une reflexion que je me fait si j'aurais vécu sous le nazisime ou plus récemment lors de la guerre de Bosnie, connaissant un survivant du massacre de Srebrenica.
Comme Sherkane, c'est souvent une reflexion que je me fait si j'aurais vécu sous le nazisime ou plus récemment lors de la guerre de Bosnie, connaissant un survivant du massacre de Srebrenica.
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Quelle noblesse d'avoir un ami, mais combien plus noble d'être un ami.
- Richard Wagner -
- Richard Wagner -
trainmusical- Humeur : la vie est belle
Re: A- Et moi, j'aurais fait quoi?
Te connaissant un peu ( depuis le temps !) je pourrais bien avancer l'idée que jamais tu ne serais du côté dans ta zone de confort comme on dit maintenant.
Tes mots de battante, je suis à peu près sûre que tu les mettrais en oeuvre !
Tes mots de battante, je suis à peu près sûre que tu les mettrais en oeuvre !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A- Et moi, j'aurais fait quoi?
J’ai pensé aujourd’hui à ce débat en prenant le tram à Bâle. J’observais le wattman et me disais comme aurais-je réagi à sa place si une telle situation à cette époque?
Du coup j’ai inventé un autre texte https://kaleidoplumes.forumpro.fr/t7956-a-absent-de-la-photo#56334
Du coup j’ai inventé un autre texte https://kaleidoplumes.forumpro.fr/t7956-a-absent-de-la-photo#56334
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Quelle noblesse d'avoir un ami, mais combien plus noble d'être un ami.
- Richard Wagner -
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trainmusical- Humeur : la vie est belle
Re: A- Et moi, j'aurais fait quoi?
Chère gourou, il s'agit là d'un très beau texte, poignant, rageur et qui ne laisse aucunement indifférent. Tu écris aussi bien avec le cœur qu'avec les tripes !!!! À travers tes mots, on ressent toute la rage et l'envie de hurler face aux inégalités de ce monde, passées ou encore présentes.
Effectivement et comme beaucoup, j'aime à penser que dans une situation similaire, j'aurai œuvré du côté des justes, connus ou méconnus, et combattu pour mes idées, pour ce que me dicte ma conscience, comme je le fais d'ailleurs depuis plusieurs décennies.
Mais qu'aurais-je vraiment fait si j'avais été de "l'autre côté"? Et cela vaut pour tant de situations et d'époques de notre espèce dite... Humaine.
Comment savoir ? Ce qui est certain en revanche, c'est qu'il s'agit de cette même rage qui nous fait avancer dans cette vie qu'est la notre, avec les moyens que nous avons.
Merci pour ton texte Cassy, même si je n'ai pas été très présent ces derniers temps.
Effectivement et comme beaucoup, j'aime à penser que dans une situation similaire, j'aurai œuvré du côté des justes, connus ou méconnus, et combattu pour mes idées, pour ce que me dicte ma conscience, comme je le fais d'ailleurs depuis plusieurs décennies.
Mais qu'aurais-je vraiment fait si j'avais été de "l'autre côté"? Et cela vaut pour tant de situations et d'époques de notre espèce dite... Humaine.
Comment savoir ? Ce qui est certain en revanche, c'est qu'il s'agit de cette même rage qui nous fait avancer dans cette vie qu'est la notre, avec les moyens que nous avons.
Merci pour ton texte Cassy, même si je n'ai pas été très présent ces derniers temps.
Xavier Eblo- Humeur : besoin de calme et de grand air
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