A. Jean Christophe

Jean Christophe est assurément un beau mec. Grand, mince, visage un peu anguleux, cheveux mi longs d’un noir de jais. Titulaire d’un diplôme d’état de moniteur de ski, d’escalade et d’éducation physique, il alterne différents jobs.

Cet été il se retrouve un peu malgré lui dans un Club Med à Tataouine les Bains. Pas le job dont il rêvait mais il n’a pas le choix. Bien obligé de travailler car la période Covid l’a bien laissé sur la paille. Il aurait certes préféré s’accorder un mois de vacances à buller et à draguer au bord d’une plage sur la Cote d’Azur. Au lieu de cela, il se retrouve dans un endroit paumé à donner des cours de gymnastique douce à une ribambelle de vieilles.

Jean Christophe est plutôt d’une nature tolérante (heureusement pour son job) mais trop c’est trop. Il regarde désabusé ces corps ridés, ces jambes grêles qui dépassent de shorts trop grands, ces bras parsemés de taches brunes. S’il ne veut pas devoir appeler le Samu, il doit adapter ses exercices. Quand il compte 1, 2, 3, il entend en retour la lamentation des articulations de ses ouailles : cric-crac-croc. Il soupire. Le pire pour lui c’est de voir le contentement de ces vieilles qui s’imaginent avoir un corps de rêve. Il ne supporte plus leurs rires, leur minaudage, leurs baskets rouge vif, leurs teeshirts moulants, leurs muscles flasques qui tressautent, leur respiration haletante.

Aujourd’hui c’est son dernier jour. En arrivant à son cours il a comme un mauvais pressentiment. Il note les regards furtifs, les sourires malicieux. Toutes arborent un teeshirt avec l’inscription « je suis super craquante ». Voilà qu’elles s’approchent de lui, l’entourent. Quelque chose lui dit qu’elles ne vont pas en rester là !
Il sent leur parfum écœurant. Elles sont là de plus en plus proches de lui. Des mains le palpent sous son teeshirt. Cric-crac-croc son teeshirt part en lambeaux. Il voudrait hurler. Des ongles lui zèbrent la poitrine. Des doigts s’aventurent plus bas sous son caleçon. On lui minaude à l’oreille. Son corps se révulse sous les caresses. L’une d’entre elles tente de l’embrasser.
Ahhhhhhhhhhhh ! Il hurle ! et se réveille, tremblant, le corps en sueur. Ce n’était qu’un cauchemar mais celui-ci le poursuit toute la matinée.

C’est à reculons et le ventre noué qu’il arrive sur l’esplanade où l’attendent toutes ses élèves. Avec effroi il s’aperçoit que toutes arborent un teeshirt « je suis super craquante ».
Il pète un câble et s’enfuit en courant sous l’œil interloqué des vieilles.

La description de cette séance est d'un terrible réalisme.
Quand ces dames passent à des folles attitudes, on pense qu'il s'agit probablement d'un rêve… et puisque c'est le cas on se dit : bingo j'avais deviné !
Oui mais voilà il y a l'astuce finale par un dernier rebondissement bluffant… une réalité qui évoque le rêve !
C'est super bien mené !

Alors là, je dis chapeau (rien à voir avec Amanda ) Jean-Christophe je l'imagine sans mal et tout est parfaitement bien décrit et réaliste jusqu'au moment où ça dérape et tu nous embarques dans ton histoire jusqu'au bout. Quelle déception pour toutes ces vieilles éberluées et pauvre Jean-Christophe

Un cauchemar ”affreusement ” bien raconté.  Tout les détails sont là pour nous décrire les pauvres vieilles!
Jean Christophe, prof de gym au clubs med ! ” quand il compte 1,2,3, il entend en retour la lamentation des articulations de ses ouailles” j’adore cette phrase qui résume  bien le calvaire du pauvre garçon !

Je dirais ici " Quand la réalité dépasse la fiction" pour avoir vu de mes yeux vu, non pas les Tshirts dont tu parles mais dans certains clubs de vacances ce genre de participantes à l'aqua-gym ou autres "actitivités" nautiques.

Affligeant spectacle que ces vieilles en tenue fluo papillonnant autour du moniteur...

Mais juste retour des choses : les mêmes 40 ans plus tôt n'étaient-elles pas dans une situation inverse où Jean-Christoph, fringant, "harcelait" les minettes comme dans le film " Les Bronzés" ?

Allez il s'en remettra de son cauchemar !

Et nous, tu nous a bien amusé, même si parfois le rire était un peu grinçant !

J'ai connu un jeune qui voulait être kiné , hélas son premier stage eu lieu dans un centre de convalescence pour personnes âgées alors qu'il rêvait de masser des gambettes fracturées de midinettes , il fut définitivement découragé et envisagea une autre profession .
Toutefois, Amanda , il faut rassurer "ton J Christophe" toutes les dames d'un age " certain" ne sont pas des vamps

C'est un texte très réaliste par ses détails sans indulgence et le dénouement frôle l'épouvante. J'ai apprécié l'ambiance angoissante.

Super le coup du 1 2 3 cric, crac, croc ! Et belle manière de détourner ce qui pourrait être une fin banale avec le réveil en faisant durer le cauchemar dans "la vie réelle".

C'est tellement bien raconté, Sherkane, que j'avais l'impression d'être là, à les observer et à crier d'effroi en même temps que Jean-Christophe !
Peut-être que dans la réalité, elles ne lui auraient pas sauté dessus, mais bon, après un rêve pareil !