A. Quand on n'a que l'amour...

C’est une chanson de Jacques Brel qui me renvoie à un certain passé de mes 15 ans.

Une amie de classe, N. dont la mère était amie de ma mère, m’avait invité chez elle dans son vieux château de campagne où séjournait sa famille pendant les vacances d’été .

Cette amie était sage comme une image alors que moi j’étais plutôt d’un autre genre, plutôt excitée ,bonne pour la foire et la rigolade. Ce qui fait que je préférais m’amuser avec ses deux frères ainés drôlement plus rigolos.

Le château était très vieux avec de l’eau courante dans une seule pièce à l’étage. Moi je dormais seule, dans une grande chambre dans un grand lit avec un pot de chambre en porcelaine dans la table de nuit pour les besoins éventuels de la nuit et du matin.

C’est P. le deuxième frère qui avait pour charge de récolter tous les matins les pots en porcelaine ,pour aller les vider ensuite dans l’unique wc ( !) qui se trouvait dans le fond du jardin.

Le soir, c’était la fête dans la salle de jeux où la musique battait son plein avec Jacques Brel qui chantait « Quand on a que l’amour… » que nous reprenions tous en chœur et moi en particulier en fixant P. le second frère, mon préféré.

Je n’ai pas oublié ses vacances là bas, la mare aux canards dans l’immense jardin où j’y construisis avec N. une cabane dans les bois et où P. aimait venir nous espionner .

Un beau ( ?)jour N. m’annonça à l’école durant la récré, que son frère entrait en septembre au séminaire : il avait 18 ans. J’attendis d’être rentrée à la maison pour annoncer la nouvelle à maman en pleurant toutes les larmes de mon cœur.

Quand le jour de son fameux départ arriva, P. demanda à N. de me dire qu’il voulait que je vienne lui dire aurevoir : Ce que j’ai fait courageusement après l’école . Ce fut un aurevoir sans parole et sans baisers mais avec le regard et des larmes dans le mouchoir…

P. est toujours prêtre . Quant à moi j’ai épousé le meilleur ami de mon frère aîné et je l’aime depuis 54 ans.

C'est une très belle histoire que tu nous racontes là Charlotte et qui donnerait matière à un joli roman ! Pourquoi ne pas l'écrire ? Et en plus la chanson de Brel qui évoque ce souvenir est magnifique puisqu'elle parle d'amour.

Quelle histoire, Charlotte!
Seras tu vexée  si je dis que j’ai ri tout au long du récit?

Mais ta madeleine de Proust, est ce la chanson, les frères  de ton amie ou le pot de chambre? Peut-être aussi le séminariste...

Merci pour ce bon moment récréatif !

Je pense que ta madeleine est la chanson. Je pense qu’il aurait fallu t’attarder beaucoup plus sur cette chanson et expliquer les sensations qu’elle fait remonter en toi à chaque fois que tu l’écoutes car on ne le ressent pas à la lecture.
Cela reste un très beau souvenir d’enfance que tu nous décris, il manque le lien très fort entre toi et cette chanson aujourd’hui , bien des années après.
Tu comprends ce que je veux dire ? C’est un peu la même réflexion que j’ai faite à Cats d’ailleurs.
Tu ne nous dis pas si tu as revu ce P après son entrée dans les ordres ?

En effet on aimerait savoir quels doux frissons Brel réveillait en toi...

Je pense, Admin, qu'il n'aurait servi à rien qu'elle revoie P, car maintenant c'est D qui est son amour éternel et bien sympathique !

Que voilà une belle histoire, racontée sobrement (pour moi c'est une qualité) et où on perçoit toute une intensité sous-jacente qui n'a pas besoin d'être décrite avec de grandes phrases. La froideur du vieux château contraste avec la force de la chaleur des sentiments.
La fin est émouvante.
Un très bon texte en quelque sorte.

Une déception amoureuse par rapport à P. mais l'histoire est belle et tu la racontes bien, Charlotte.

J'aurais bien aimé en savoir un peu plus sur le côté madeleine de Proust de la chanson de Brel moi aussi.
Un texte agréable à lire.