A. Rencontre improbable.
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automne
Zephyrine
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A. Rencontre improbable.
Sans ménagement, la gardienne pousse Edith dans la cellule 243. Perdant l'équilibre, elle tombe dans les bras d'une forte femme. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de sa codétenue.
Celle-ci pousse les hauts cris, la secoue énergiquement et s'écrie :
- Bienvenue en enfer ma belle! Je m'appelle Esméralda.
- Bonjour, j'espère ne pas vous avoir fait mal. Je m'appelle Edith. J'attends ici d'être présentée au juge d'instruction, je ne pense pas vous ennuyer très longtemps.
Esméralda éclate de rire :
- Et de un, sache ma chérie qu'il en faut plus pour me faire mal : 1 mètre 80, 98 kilos toute nue!
Et de deux, je suis ici parce que j'ai été arrêtée en possession de 250 grammes de cocaïne. Le salaud qui a foutu cette m... en catimini dans ma valise, je le connais et si je sors un jour d'ici, je lui ferai payer très, très cher son petit cadeau! J'attends le procès, je vais me défendre, ça va saigner!
Et de trois, ne te fais pas d'illusion, cette prison est remplie de femmes persuadées qu'elles ne sont pas là pour longtemps!
Edith, tremble de peur et de froid, examine la cellule : à peu près 12 mètres carrés, des lits superposés, un évier, un WC, une table, deux chaises.
Elle parle alors à voix basse :
- Moi Madame...
- Esméralda, que j’m'appelle et on se tutoie!
- Moi, Esméralda, je suis ici parce que j'ai assommé mon mari avec une chaise, un soir où j'en avais assez qu'il me batte sans arrêt pour un oui, pour un non.
J'y suis allée trop fort, je lui ai défoncé le crâne, il est dans le coma.
- Quoi! Toi! Tu y es allée trop fort? Laisse moi rire, tu dois bien faire 1 mètre 50 et 50 kilos!
Bon! Organisons-nous. Moi je dors en bas, toi en haut et on se fout la paix!
La nuit, Esméralda entend les sanglots d' Edith. Elle la rassure comme elle peut, mais maladroitement, c'est dans sa nature...
A présent, ça fait déjà 10 jours qu'Edith reste prostrée, ne mange pas, ne se lave pas, ne dort plus, ne sort pas lors des promenades dans la cour.
Elle répète sans cesse qu'elle veut mourir. L'ambiance de la prison est insoutenable!
Un matin, une gardienne vient lui annoncer que sa comparution devant le juge est prévue dans 8 jours.
Edith s'effondre, c'est perdu d'avance, la vie ne vaut plus la peine d'être vécue.
Esméralda décide de l'aider à se préparer. Elle lui dit qu'il faut qu'elle soit belle pour ce jour important :
- Edith, tu n'as plus que la peau sur les os. Tu dois manger! Fais un effort!
Le jour J., elle lui lave les cheveux, la coiffe du mieux qu'elle peut, la maquille légèrement et lui affirme que tout se passera bien. Elle la serre avec force dans ses grands bras pour lui donner du courage.
De retour dans la cellule, Edith est souriante, elle assure que son avocat lui a affirmé qu'elle serait peut-être libérée sous caution. Plus que quelques semaines dans ce trou!
Elle se dit qu'elle doit beaucoup à sa codétenue et ne sait comment la remercier :
- Quand je serai sortie, je vais demander à mon avocat de s'occuper de toi, car le tien "Commis d'office" n'est pas à la hauteur, il te faut une défense convenable, tu es quelqu'un de trop bien pour moisir ici!
Esméralda rit aux éclats, c'est sa thérapie à elle et quand rien ne va il faut qu'elle se marre.
Edith décide à son tour d'entraîner sa compagne pour l'épreuve de la comparution : elle lui fait répéter les réponses qu'elle devra donner aux questions du juge, lui explique qu'elle doit trouver les mots justes, sans élever la voix, sans se rebeller. Elle lui fait promettre de ne pas s'énerver.
Le temps passe mais Esméralda ne se fait pas trop d'illusions sur son sort.
Les deux femmes savent que quoi qu'il advienne, elles seront un jour séparées, leur avenir est incertain. Pourtant ce qui compte aujourd'hui, c'est leur amitié, malgré leurs différences.
Edith se dit que la vie ne tient qu'à un fil... un fil qui les relie à présent comme deux trapézistes qui savent que s'ils se lâchent la main en plein vol, la chute sera inévitable !
Dans le milieu carcéral, leur rencontre est ce qui leur est arrivé de meilleur, elles qui auraient pu ne jamais se connaître.
Celle-ci pousse les hauts cris, la secoue énergiquement et s'écrie :
- Bienvenue en enfer ma belle! Je m'appelle Esméralda.
- Bonjour, j'espère ne pas vous avoir fait mal. Je m'appelle Edith. J'attends ici d'être présentée au juge d'instruction, je ne pense pas vous ennuyer très longtemps.
Esméralda éclate de rire :
- Et de un, sache ma chérie qu'il en faut plus pour me faire mal : 1 mètre 80, 98 kilos toute nue!
Et de deux, je suis ici parce que j'ai été arrêtée en possession de 250 grammes de cocaïne. Le salaud qui a foutu cette m... en catimini dans ma valise, je le connais et si je sors un jour d'ici, je lui ferai payer très, très cher son petit cadeau! J'attends le procès, je vais me défendre, ça va saigner!
Et de trois, ne te fais pas d'illusion, cette prison est remplie de femmes persuadées qu'elles ne sont pas là pour longtemps!
Edith, tremble de peur et de froid, examine la cellule : à peu près 12 mètres carrés, des lits superposés, un évier, un WC, une table, deux chaises.
Elle parle alors à voix basse :
- Moi Madame...
- Esméralda, que j’m'appelle et on se tutoie!
- Moi, Esméralda, je suis ici parce que j'ai assommé mon mari avec une chaise, un soir où j'en avais assez qu'il me batte sans arrêt pour un oui, pour un non.
J'y suis allée trop fort, je lui ai défoncé le crâne, il est dans le coma.
- Quoi! Toi! Tu y es allée trop fort? Laisse moi rire, tu dois bien faire 1 mètre 50 et 50 kilos!
Bon! Organisons-nous. Moi je dors en bas, toi en haut et on se fout la paix!
La nuit, Esméralda entend les sanglots d' Edith. Elle la rassure comme elle peut, mais maladroitement, c'est dans sa nature...
A présent, ça fait déjà 10 jours qu'Edith reste prostrée, ne mange pas, ne se lave pas, ne dort plus, ne sort pas lors des promenades dans la cour.
Elle répète sans cesse qu'elle veut mourir. L'ambiance de la prison est insoutenable!
Un matin, une gardienne vient lui annoncer que sa comparution devant le juge est prévue dans 8 jours.
Edith s'effondre, c'est perdu d'avance, la vie ne vaut plus la peine d'être vécue.
Esméralda décide de l'aider à se préparer. Elle lui dit qu'il faut qu'elle soit belle pour ce jour important :
- Edith, tu n'as plus que la peau sur les os. Tu dois manger! Fais un effort!
Le jour J., elle lui lave les cheveux, la coiffe du mieux qu'elle peut, la maquille légèrement et lui affirme que tout se passera bien. Elle la serre avec force dans ses grands bras pour lui donner du courage.
De retour dans la cellule, Edith est souriante, elle assure que son avocat lui a affirmé qu'elle serait peut-être libérée sous caution. Plus que quelques semaines dans ce trou!
Elle se dit qu'elle doit beaucoup à sa codétenue et ne sait comment la remercier :
- Quand je serai sortie, je vais demander à mon avocat de s'occuper de toi, car le tien "Commis d'office" n'est pas à la hauteur, il te faut une défense convenable, tu es quelqu'un de trop bien pour moisir ici!
Esméralda rit aux éclats, c'est sa thérapie à elle et quand rien ne va il faut qu'elle se marre.
Edith décide à son tour d'entraîner sa compagne pour l'épreuve de la comparution : elle lui fait répéter les réponses qu'elle devra donner aux questions du juge, lui explique qu'elle doit trouver les mots justes, sans élever la voix, sans se rebeller. Elle lui fait promettre de ne pas s'énerver.
Le temps passe mais Esméralda ne se fait pas trop d'illusions sur son sort.
Les deux femmes savent que quoi qu'il advienne, elles seront un jour séparées, leur avenir est incertain. Pourtant ce qui compte aujourd'hui, c'est leur amitié, malgré leurs différences.
Edith se dit que la vie ne tient qu'à un fil... un fil qui les relie à présent comme deux trapézistes qui savent que s'ils se lâchent la main en plein vol, la chute sera inévitable !
Dans le milieu carcéral, leur rencontre est ce qui leur est arrivé de meilleur, elles qui auraient pu ne jamais se connaître.
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
RE A : Une belle rencontre
Une belle histoire d'entraide dans un milieu particulier où l'on voit plus souvent des scènes de jalousies ou de bagarres entre codétenus , on peut trouver de belles personnes partout .
automne- Humeur : égale
Re: A. Rencontre improbable.
Une tres belle histoire d'amitié inattendue entre deux êtres totalement différents, tu as tres bien dressé leur portrait, on croit vraiment les voir devant soi. Deux terribles drames se cachent derrière, ce texte, l'air de rien traite de sujets graves. Un de tes meilleurs, je trouve.
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Rencontre improbable.
Quelle belle histoire que cette rencontre de deux personnalités si différentes, mais qui retrouvent à s'entraider par la force des choses
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A. Rencontre improbable.
Le texte est intéressant. La solidarité féminine entre codétenues, ça peut exister… au moins dans les histoires qu'on met en scène… en général elle est rarement sans contrepartie du style donnant/donnant. Surtout avec une dealeuse…
Mais on va être optimiste et croiser les doigts… quoi que… faut espérer que le mari dans le coma ne trépasse pas ! Sinon ça devient un homicide ! Ce sera bien différent… c'est comme ça qu'on se retrouve en cour d'assises !
Mais on va être optimiste et croiser les doigts… quoi que… faut espérer que le mari dans le coma ne trépasse pas ! Sinon ça devient un homicide ! Ce sera bien différent… c'est comme ça qu'on se retrouve en cour d'assises !
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Rencontre improbable.
Une belle histoire d'amitié entre ces deux femmes diamétralement opposées.
Il suffit parfois d'un hasard.. mais bon, souhaitons leur de pouvoir se retrouver hors des barreaux dans des circonstances plus réjouissantes.
Bravo Zéphyrine pour ce texte.
Il suffit parfois d'un hasard.. mais bon, souhaitons leur de pouvoir se retrouver hors des barreaux dans des circonstances plus réjouissantes.
Bravo Zéphyrine pour ce texte.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
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