A. Départ pour un ailleurs
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A. Départ pour un ailleurs
- Là où je t’emmènerai, m’avait-il dit, nous prendrons le temps de vivre, tu verras,
Mais le temps passait et nous continuions à vivre comme des dingues. A nous lever avant même le lever du jour, à ne pas avoir le temps de prendre un petit-déjeuner pour gagner quelques minutes de sommeil en plus, à courir jusqu’à la gare pour ne pas rater notre train, et puis courir encore, sauter dans le métro, nous tasser les uns contre les autres, nous laisser happer par le quotidien, nous perdre, nous oublier, oublier nos rêves, oublier de vivre vraiment.
Le temps est passé sans que nous nous en apercevions et nous sommes devenus vieux en un rien de temps. Du temps nous en avions, alors, oui beaucoup de temps. Surtout le temps de penser à ce que nous n’avions pas fait. Le temps de se dire que c’est court une vie, que les enfants avaient grandi, que les parents étaient partis.
Alors, un jour, nous avons décidé de tourner une page. Nous avons bazardé tout ce que nous avions accumulé et, pour la première fois, nous sommes montés dans un avion
- Là où je t’emmène, avait-il dit, plus rien ne sera comme avant, tu verras ce sera merveilleux.
Nous y étions ! L’avion s’est élancé sur la piste, puis s’est soulevé dans les airs. Par le hublot, je voyais la terre s’éloigner, la ville devenir minuscule. L’avion montait encore dans le ciel jusqu’aux nuages qui devinrent un tapis blanc cotonneux comme de la neige. Mes oreilles se bouchèrent, j’avalai ma salive. Puis j’entendis un sifflement aigu et l’avion eut des soubresauts. L’hôtesse demanda de rester assis et de garder la ceinture bouclée. Les nuages devinrent très sombres. Nous étions dans une brume épaisse qui fut brusquement traversée par des éclairs.
Je saisis la main de Pierre qui me dit de ne pas m’inquiéter. J’avais chaud, j’avais froid pendant ces turbulences et ces trous d’air. Je ne me sentais pas bien du tout. L’avion se mit alors à piquer du nez puis se rétablit brusquement nous causant un haut le coeur. Nous entendions de terribles craquements comme si la carlingue se brisait. Soudain il chuta vertigineusement. Nous étions tous dangereusement penchés vers l’avant. Une rumeur d’inquiétude parcourut la cabine, j’entendis un enfant pleurer. Tout en chutant, l’avion tanguait de droite à gauche comme baladé par de violentes rafales de vent. Pierre me serra la main encore plus fort et puis, plus rien. Le trou noir.
Je ne sais pas comment nous nous sommes retrouvés dans ce jardin. Un jardin plein de fleurs magnifiques. Nous n’attendions rien mais nous étions bien. Nous étions assis sur une falaise les pieds dans le vide. Plus bas nous distinguions la terre. La planète bleue comme on l’appelle généralement. Elle nous paraissait minuscule. Nous essayâmes de reconnaitre la forme des continents mais c’était impossible, ils apparaissaient comme des taches plus ou moins sombres qui donnaient l’illusion d’un visage. Un visage triste, fatigué, épuisé. Qu’avions-nous fait de la terre ? Nous aurions tellement aimé avoir le pouvoir non pas de changer le monde mais de lui dessiner un sourire.
Mais le temps passait et nous continuions à vivre comme des dingues. A nous lever avant même le lever du jour, à ne pas avoir le temps de prendre un petit-déjeuner pour gagner quelques minutes de sommeil en plus, à courir jusqu’à la gare pour ne pas rater notre train, et puis courir encore, sauter dans le métro, nous tasser les uns contre les autres, nous laisser happer par le quotidien, nous perdre, nous oublier, oublier nos rêves, oublier de vivre vraiment.
Le temps est passé sans que nous nous en apercevions et nous sommes devenus vieux en un rien de temps. Du temps nous en avions, alors, oui beaucoup de temps. Surtout le temps de penser à ce que nous n’avions pas fait. Le temps de se dire que c’est court une vie, que les enfants avaient grandi, que les parents étaient partis.
Alors, un jour, nous avons décidé de tourner une page. Nous avons bazardé tout ce que nous avions accumulé et, pour la première fois, nous sommes montés dans un avion
- Là où je t’emmène, avait-il dit, plus rien ne sera comme avant, tu verras ce sera merveilleux.
Nous y étions ! L’avion s’est élancé sur la piste, puis s’est soulevé dans les airs. Par le hublot, je voyais la terre s’éloigner, la ville devenir minuscule. L’avion montait encore dans le ciel jusqu’aux nuages qui devinrent un tapis blanc cotonneux comme de la neige. Mes oreilles se bouchèrent, j’avalai ma salive. Puis j’entendis un sifflement aigu et l’avion eut des soubresauts. L’hôtesse demanda de rester assis et de garder la ceinture bouclée. Les nuages devinrent très sombres. Nous étions dans une brume épaisse qui fut brusquement traversée par des éclairs.
Je saisis la main de Pierre qui me dit de ne pas m’inquiéter. J’avais chaud, j’avais froid pendant ces turbulences et ces trous d’air. Je ne me sentais pas bien du tout. L’avion se mit alors à piquer du nez puis se rétablit brusquement nous causant un haut le coeur. Nous entendions de terribles craquements comme si la carlingue se brisait. Soudain il chuta vertigineusement. Nous étions tous dangereusement penchés vers l’avant. Une rumeur d’inquiétude parcourut la cabine, j’entendis un enfant pleurer. Tout en chutant, l’avion tanguait de droite à gauche comme baladé par de violentes rafales de vent. Pierre me serra la main encore plus fort et puis, plus rien. Le trou noir.
Je ne sais pas comment nous nous sommes retrouvés dans ce jardin. Un jardin plein de fleurs magnifiques. Nous n’attendions rien mais nous étions bien. Nous étions assis sur une falaise les pieds dans le vide. Plus bas nous distinguions la terre. La planète bleue comme on l’appelle généralement. Elle nous paraissait minuscule. Nous essayâmes de reconnaitre la forme des continents mais c’était impossible, ils apparaissaient comme des taches plus ou moins sombres qui donnaient l’illusion d’un visage. Un visage triste, fatigué, épuisé. Qu’avions-nous fait de la terre ? Nous aurions tellement aimé avoir le pouvoir non pas de changer le monde mais de lui dessiner un sourire.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Départ pour un ailleurs
Malheureux départ pour un ailleurs, qui est souvent le lot de beaucoup , réalisant trop tard le non sens de la course que tu depeins parfaitement dans la première partie de ton texte. Peut être reveilleras tu chez certains l'envie d'un autre chemin ? Et oui, on aurait bien aimé que cet avion ne se crashe pas, mais tu as raison, il faut savoir que les happy ends sont rares !
Merci Myrte pour ce bon texte !
Merci Myrte pour ce bon texte !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Départ pour un ailleurs
un texte inattendu pour moi mais bien dans les préoccupations actuelles sur le devenir de notre planète
Plumentête- Humeur : optimiste parfois sceptique
Re: A. Départ pour un ailleurs
Ça commence sur une note positive, ça finit sur une note bien plus triste mais tristement réaliste.
madeleinedeproust- Humeur : littéraire...
Re: A. Départ pour un ailleurs
Quel texte intense, du début à la fin. Intensité dans la course, intensité du changement, intensité du vol, intensité de l'ailleurs! Vivre pleinement est du grand art, je crois.
MESANGE- Humeur : colorée
Re: A. Départ pour un ailleurs
Je n’imaginais pas raconter une histoire pour répondre à la consigne, mais toi tu l’as fait et c’est très réussi !
On ne sait tout d’abord pas où tu vas nous mener et tu attires l’attention sur le fait qu’il faut vivre sa vie en se rendant bien compte que le temps passe trop vite.
Vient alors l’accident, la mort, la vision pas très encourageante de notre Terre.
Un texte original et bien écrit.
On ne sait tout d’abord pas où tu vas nous mener et tu attires l’attention sur le fait qu’il faut vivre sa vie en se rendant bien compte que le temps passe trop vite.
Vient alors l’accident, la mort, la vision pas très encourageante de notre Terre.
Un texte original et bien écrit.
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Départ pour un ailleurs
Voilà un texte surprenant qui commence de façon banale et qui tout à coup devient très intense. Je ne m’attendais absolument pas à ce dénouement qui est super bien amené .
Et oui, la vie passe en un éclair
Et oui, la vie passe en un éclair
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Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Départ pour un ailleurs
Finalement c'est comme un conte quelque peu philosophique. Une métaphore de l'existence, où bien des gens se reconnaîtront. Un appel à cesser d'attendre des demains qui chantent et ne viendront pas.
Si les demains ne chantent pas, alors c'est à nous de chanter sur le chemin du présent…
j'ai beaucoup aimé ce texte. Il nous interpelle, il n'est pas triste ni désespéré.
L'évocation du paradis c'est à nous de le construire maintenant. Pas après notre mort.
Si les demains ne chantent pas, alors c'est à nous de chanter sur le chemin du présent…
j'ai beaucoup aimé ce texte. Il nous interpelle, il n'est pas triste ni désespéré.
L'évocation du paradis c'est à nous de le construire maintenant. Pas après notre mort.
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Départ pour un ailleurs
Un très beau texte, Myrte, qui m'a fait frissonner...
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
RE A : Un départ pour ailleurs
Un texte qui débute avec de beaux projets , l'espoir de mieux vivre puis la déception de ne pas avoir réussi à sauver le monde mais ils auront essayer .
automne- Humeur : égale
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