A. Là où je t'emmènerai...

Là où je t’emmènerai…
Mais où vais-je t’emmener ?
J’hésite et ne sais quelle destination choisir…
La Grèce, ses sites antiques et son soleil éclatant… Mais supporteras-tu cette chaleur ?
L’Italie, ses couleurs chatoyantes et la saveur de ses gelati… Mais digèreras-tu ses douceurs sucrées ?
Bruges et ses canaux… Mais pourras-tu les arpenter en toute quiétude ?
Venise et ses églises somptueuses…. Mais pourras-tu encaisser une telle quantité d’art sacré ?
Istanbul, les couronnes de ses mosquées, le long ruban de son fleuve ?
Lisbonne et ses tendres pasteis de nata ?
Amsterdam et son béguinage si paisible ?
Prague, admirer en plein hiver la maison qui danse ?
Berlin et les fresques de son mur ?
Les destinations possibles se bousculent dans ma tête.

Là où je t’emmènerai tes yeux retrouveront ce pétillement qui les a quittés ces derniers mois.
Là où je t’emmènerai tes lèvres s’étireront de nouveau en un large sourire. Tu sais, ce sourire si éclatant qu’il en dévoile tes dents du bonheur.
Là où je t’emmènerai…

Je ne sais pas où je t’emmènerai.
Je ne sais pas quand je t’y emmènerai.
Peut-être même que ce voyage ne se fera jamais… parce qu’à force de tergiverser et de m’obstiner à chercher la destination idéale je t’aurai perdu…
Je ne sais donc pas si je t’emmènerai quelque part.
Mais je sais que chaque fois que je te dis « Un jour je t’emmènerai à…. » tu relèves la tête, tu te penches en avant et tu m’écoutes avec une intense attention.
Et pendant un bref instant, tu oublies les douleurs qui te clouent chaque jour un peu plus dans ton lit.
Pendant un bref instant, tu retrouves le goût de vivre et le plaisir de profiter de la vie.
Et dans ce court moment de bonheur j’entends toujours cette phrase que tu me soufflais à l’oreille quand, enfant, je pleurais de désespoir parce que je n’avais pas pu sauver le gentil moineau des griffes d’un chaton trop joueur : « On ne changera pas le monde mais on peut lui dessiner un sourire. »

Je suis émue en lisant ton texte, en particulier par la dernière partie .... quelques instants de bonheur offerts par une attention sensible et délicate, et déjà la vie s'éclaire pour un moment.

Un texte poignant, où tu nous décris peu à peu la personne dont tu parles.
Tu proposes beaucoup de voyages (on te reconnaît bien là.) Et puis tu parles d'un endroit où son moral en berne pourait reprendre espoir. Quelle bonne idée !

Un texte plein d’empathie et bien écrit !

Toi qui a visité tous ces endroits, il te suffit juste de les décrire à la personne qui tient ta main pour lui redonner le sourire. Quelques mots, une présence valent tous les voyages

Ton texte à lui tout seul est déjà un voyage et il suffit de lire tes mots pour partir loin. C'est un belle façon d'emmener quelqu'un qui est cloué dans son lit. Très émouvant.

Je m'apprêtais à écrire un commentaire de la teneur des deux qui précèdent.
Je pourrais aussi faire plus personnel, puisque désormais je fais partie de ces personnes qui n'iront plus bien loin et se bercent des souvenirs gardés au cœur, ou se laisse aller aux récits des autres, pour peu que la manière d'en parler suscite l'admiration et non l'envie. Ainsi, grâce à toi, sont rendues plus présents les canaux de Bruges, le béguinage d'Amsterdam et Berlin au temps de son mur.
Un merci. Une émotion. Une larme.

Emouvant, ton texte !
Faire voyager quelqu'un qui ne pourra sans doute plus le faire, mettre des étoiles dans ses yeux, c'est tout simple pour toi la grande voyageuse mais
c'est déjà énorme pour celui ou celle qui n'ira plus nulle part !

Une écriture pudique et évocatrice qui fait voyager

Un texte tout en délicatesse que je lis avec émotion, maman aurait voulu aller voir la Baie d'Along et nous n'y sommes jamais allées...
Merci pour ce texte

Cette personne ne voyagera peut-être plus, mais les mots sont un voyage à eux seuls, surtout dits par une personne aimante

Merci à tous.