A - Mémé Bibi
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FrançoiseB
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Zephyrine
Martine27
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A - Mémé Bibi
Chère Mémé Bibi,
Je t’écris cette petite lettre pour te remercier de m’avoir accompagnée un long moment sur le chemin de mon enfance, de mon adolescence et de mon âge adulte.
De toi, j’ai encore des photos si précieuses à mon cœur. De toi toute petite fille, de toi communiante, de toi jeune fille, de toi jeune mariée, puis jeune mère et grand-mère.
J’ai aussi bien précieusement conservée dans un carnet secret cette dizaine de pages dans lesquelles tu me résumes ta vie avec ses hauts et ses bas.
J’ai eu envie d’y ajouter mes souvenirs de toi. Dans une liste à la Prévert sans les ratons laveurs.
Mémé Bibi parce que tu me réclamais toujours des bibis, des bisous.
Ces bisous que je déposais sur une joue dont je sens encore l’odeur délicate de la poudre de riz.
Je revois cet immeuble de briques rouges où tu habitais.
En bas, la boulangerie dans laquelle mes parents achetaient les gâteaux du déjeuner et moi des Mistrals gagnants.
Ensuite, trois étages à monter à pied.
En haut, une drôle de sonnette qu’il fallait tourner et qui émettait un curieux bruit, comme un grincement. Quel bonheur, le jour où j’ai été juste assez grande pour la faire chanter faux à mon tour et je ne m’en privais pas.
Ton petit appartement tout simple. Une salle à manger-salon donnant sur une kitchenette, ta chambre avec juste assez de place pour tourner autour du lit.
Mes coins favoris, le grand placard dans lequel tu rangeais ma précieuse valise pleine de jouets Bonux, sa porte était fermée par ces inimitables rideaux faits de lanières de plastique si typiques des années soixante et que je m’amusais à tresser.
Ton balcon où tu me confiais la tâche de nourrir tes plantes avec un grand arrosoir vert, j’avoue, cela m’amusait parfois de faire couler l’eau sur le balcon juste en dessous.
Et puis, ces objets qui restent nichés dans un coin de ma tête, ce vase en fer forgé et verre soufflé, cette tirelire cochon en plastique dans laquelle tu mettais toutes tes pièces de 5 francs pour me payer les remontées mécaniques lorsque nous allions au ski.
Ta bonbonnière en bois remplie de bonbons au miel collants. Tu sais, je l’ai toujours cette bonbonnière et j’adore toujours les bonbons au miel. Ta boite à bijoux en laiton, je crois, décorée de délicates plaques de verre peintes.
Il y avait le déjeuner avec bien souvent des mets de choix comme des huîtres ou des asperges.
La journée se terminait par un film en noir et blanc avec ce générique si particulier qui trotte encore dans ma tête.
À la retraite, tu es partie d’installer dans la Manche au bord de la mer. Là encore les souvenirs pointent le bout de leur nez.
Tes cheveux blancs, si doux que j’aimais décoiffer. Il faut dire que tu étais ma toute petite grand-mère qui m’arrivait sous le menton. Les parties de canasta avec ma mère, les soirées « catch » lorsque toi et moi encouragions les gentils et huions les méchants.
La machine à coudre Singer que je n’ai jamais réussi à faire fonctionner. Tes cours de tricot qui, en dépit de tes efforts, se sont toujours soldés par de cuisants échecs. De ta passion pour cette discipline incompréhensible pour moi, me reste trois magnifiques pulls que je ne mets plus que de temps en temps pour ne pas les abîmer.
Bien d’autres choses encore, dont celle qui me fait encore monter des larmes aux yeux. Toi, près du lit de mon fils nouveau-né. Toi qui le regardes avec tant d’amour et qui passes des heures à le regarder dormir.
Mais je vais en rester là juste pour te dire qu’il restera de toi ce que tu as donné.
Je t’écris cette petite lettre pour te remercier de m’avoir accompagnée un long moment sur le chemin de mon enfance, de mon adolescence et de mon âge adulte.
De toi, j’ai encore des photos si précieuses à mon cœur. De toi toute petite fille, de toi communiante, de toi jeune fille, de toi jeune mariée, puis jeune mère et grand-mère.
J’ai aussi bien précieusement conservée dans un carnet secret cette dizaine de pages dans lesquelles tu me résumes ta vie avec ses hauts et ses bas.
J’ai eu envie d’y ajouter mes souvenirs de toi. Dans une liste à la Prévert sans les ratons laveurs.
Mémé Bibi parce que tu me réclamais toujours des bibis, des bisous.
Ces bisous que je déposais sur une joue dont je sens encore l’odeur délicate de la poudre de riz.
Je revois cet immeuble de briques rouges où tu habitais.
En bas, la boulangerie dans laquelle mes parents achetaient les gâteaux du déjeuner et moi des Mistrals gagnants.
Ensuite, trois étages à monter à pied.
En haut, une drôle de sonnette qu’il fallait tourner et qui émettait un curieux bruit, comme un grincement. Quel bonheur, le jour où j’ai été juste assez grande pour la faire chanter faux à mon tour et je ne m’en privais pas.
Ton petit appartement tout simple. Une salle à manger-salon donnant sur une kitchenette, ta chambre avec juste assez de place pour tourner autour du lit.
Mes coins favoris, le grand placard dans lequel tu rangeais ma précieuse valise pleine de jouets Bonux, sa porte était fermée par ces inimitables rideaux faits de lanières de plastique si typiques des années soixante et que je m’amusais à tresser.
Ton balcon où tu me confiais la tâche de nourrir tes plantes avec un grand arrosoir vert, j’avoue, cela m’amusait parfois de faire couler l’eau sur le balcon juste en dessous.
Et puis, ces objets qui restent nichés dans un coin de ma tête, ce vase en fer forgé et verre soufflé, cette tirelire cochon en plastique dans laquelle tu mettais toutes tes pièces de 5 francs pour me payer les remontées mécaniques lorsque nous allions au ski.
Ta bonbonnière en bois remplie de bonbons au miel collants. Tu sais, je l’ai toujours cette bonbonnière et j’adore toujours les bonbons au miel. Ta boite à bijoux en laiton, je crois, décorée de délicates plaques de verre peintes.
Il y avait le déjeuner avec bien souvent des mets de choix comme des huîtres ou des asperges.
La journée se terminait par un film en noir et blanc avec ce générique si particulier qui trotte encore dans ma tête.
À la retraite, tu es partie d’installer dans la Manche au bord de la mer. Là encore les souvenirs pointent le bout de leur nez.
Tes cheveux blancs, si doux que j’aimais décoiffer. Il faut dire que tu étais ma toute petite grand-mère qui m’arrivait sous le menton. Les parties de canasta avec ma mère, les soirées « catch » lorsque toi et moi encouragions les gentils et huions les méchants.
La machine à coudre Singer que je n’ai jamais réussi à faire fonctionner. Tes cours de tricot qui, en dépit de tes efforts, se sont toujours soldés par de cuisants échecs. De ta passion pour cette discipline incompréhensible pour moi, me reste trois magnifiques pulls que je ne mets plus que de temps en temps pour ne pas les abîmer.
Bien d’autres choses encore, dont celle qui me fait encore monter des larmes aux yeux. Toi, près du lit de mon fils nouveau-né. Toi qui le regardes avec tant d’amour et qui passes des heures à le regarder dormir.
Mais je vais en rester là juste pour te dire qu’il restera de toi ce que tu as donné.
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Mémé Bibi
Magnifique cette lettre à ta grand-mère !
Tous ces souvenirs qui reviennent en pagaille et que tu racontes tellement bien!
Heureuse de te lire à nouveau, reste avec nous Martine...
Tous ces souvenirs qui reviennent en pagaille et que tu racontes tellement bien!
Heureuse de te lire à nouveau, reste avec nous Martine...
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A - Mémé Bibi
Merci Zéphyrine. Je vais essayer d'être plus assidue. Je n'étais pas inspirée ces dernier temps (ou alors trop fainéante pour faire travailler mes méninges )
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Mémé Bibi
Un bel hommage rendu à ta grand-mère de manière aussi évocatrice, en sorte que ça et là on y retrouve des choses qui font penser à l'environnement de notre propre histoire : les mistrals gagnants, les cadeaux Bonux, la petite sonnette qu'il faut tourner sur le palier, les rideaux en lames de plastique, et ça m'a rappelé aussi les scoubidous dans le genre, la machine à coudre Singer, les soirées catch à la télé… enfin bref toute une époque…
Elle est jolie à 16 ans, avec l'ébauche d'un sourire. Jolie posture puisqu'il fallait poser plutôt longuement sans bouger et donc ne pas rire… très réussi pour l'époque !
Elle est jolie à 16 ans, avec l'ébauche d'un sourire. Jolie posture puisqu'il fallait poser plutôt longuement sans bouger et donc ne pas rire… très réussi pour l'époque !
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A - Mémé Bibi
Quel joli récit émouvant et attendrissant ! Et quelle belle photo de ta grand-mère.
Merci, Martine.
Merci, Martine.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
RE A : Mémé Bibi
Des souvenirs précieux à conserver toute une vie et à transmettre à ses enfants comme un trait d'union entre les générations .
automne- Humeur : égale
Re: A - Mémé Bibi
Ah, quel plaisir de te retrouver, Martine et cette fois encore avec un texte riche en émotions, une superbe photo de ta grand-mère et le récit détaillé des objets, de tout ce qui l'entourait et surtout l'amour qu'elle te portait et réciproquement !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A - Mémé Bibi
Quelle belle lettre à ta grand-mère . C’est précieux cette chance que nous avons d’avoir pu fabriquer tous ces souvenirs avec une mamie, un papi peut être, et qui font de nous les adultes que nous sommes.
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Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A - Mémé Bibi
Merci à tous. J'ai plongé, il y a quelques jours, dans ma valise à photos. Ensuite, il suffisait de laisser les souvenirs remonter, ce qu'ils ont fait avec facilité. Et, j'en ai laissé pas mal de côté. Les plaisirs des années 60 étaient plutôt simples.
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Mémé Bibi
Une belle évocation d'une grand-mère comme j'aurais aimé en avoir une...et une belle évocation de toute une époque. Merci pour ce beau texte, tu as bien fait de revenir écrire ici et comme déjà dit, reste avec nous
Plumentête- Humeur : optimiste parfois sceptique
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
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