A. Le destin d'Hannah

- C’est plutôt joli, la maladresse. C’est l’art des gens qui ont trop de poésie dans la tête …
- Je sais. Tu n’arrêtes pas de me le dire
- Alors pourquoi cet air soucieux
- Tu vois bien qu’elle n’est pas tout à fait normale
- Et alors ! Quel est le problème
- J’ai parlé avec le médecin. Il pense qu’il serait bien de la mettre dans une institution spécialisée
- Pas question. Jamais de la vie. Elle restera ici avec nous sa famille

Les gens du village connaissent bien Hannah la fille de Paule et de George. Toute menue, visage souriant, cheveux châtains portés la plupart du temps en une queue de cheval retroussée sur la tête. Un rire enfantin, un grelot. Elle rit pour tout. Pour un oiseau qui pépie dans l’arbre, pour les fleurs qu’elle cueille dans les champs et dont elle se pare les cheveux, pour la pluie et le vent qui lui fouette le visage. Sa joie est pure et pénètre le cœur des villageois au plus profond. Tout le monde l’aime et lui pardonne sa maladresse. Peu importe la porte du clapier restée ouverte et le lapin qui s’échappe, peu importe les tasses brisées, les vêtements tachés de jus de mures à l’automne, les accrocs aux pulls.

Hannah grandit. Elle devient de plus en plus belle. Son esprit est resté celle d’une enfant de 12 ans émerveillée par tout. Son rire n’a guère changé. Ce qui a changé c’est l’attitude de certaines personnes du village. George le ressent et s’inquiète de ces regards qui détaillent sa fille de haut en bas, des regards qui deviennent parfois concupiscents. Il aimerait avertir sa fille, lui dire de faire attention mais comment lui faire comprendre ?

Un soir le corps d’Hannah a été retrouvé dans les bois au fond d’une caverne les vêtements déchirés, le corps plein d’ecchymoses…

Une histoire tragique qui prouve une fois de plus que beaucoup profitent du handicap comme celui que tu décris pour aller jusqu'à détruire une vie.
Ce récit va en gradation dans l’horreur et tu démontres très bien ce que ces maladresses sont anodines mais inquiétantes pour une famille .
La dernière phrase, très sobre, nous plonge dans l’horreur.

Quel texte !!!!
Des phrases courtes comme des uppercuts jusqu'au coup de poing final qui nous laisse sans voix.
C'est excellent et ... Glaçant !

Un récit très bien ciselé et en effet glaçant comme dit Cassy. C'est cette description sobre, quasi chirurgicale qui lui donne sa force, comme un rapport de médecin légiste.
Il se fait que j'ai connu une fille handicapée mentale, victime d'agressions sexuelles au sein même d'un « établissement spécialisé »... Spécialisé dans « ça » ?

Je formule une forme de merci pour tous ces drames de ce genre que ton texte évoque.

L'histoire est poignante et l'écriture exactement comme j'aime. J'ai relu plusieurs fois le deuxième paragraphe, celui où tu décris le personnage, quel style !

Quel beau texte plein de poésie et de douceur ... et puis l'horreur . Non pas cà , j'en suis malade.Pauvre chérie, C'est trop injuste.

Un texte fort, qui commence en douceur pour se terminer dans l'abominable.
Et qui encore et toujours reste d'actualité.
Ceux qui profitent du handicap quel qu'il soit, se comportent comme des bêtes.
Pour ma part, d'après les histoires vraies que j'ai pu entendre, on peut les pendre haut et court !

Triste destin , c'est l'innocence assassinée , quelle tristesse pour la famille .