A. Confinement.

Lettre à Mamy, confinée dans sa chambre de la Résidence
” Au chant des oiseaux ”



Courage, je t’écris!
Bonjour Mamy,

J’apprends qu’en ce moment ton moral n’est pas au beau fixe.
J’en suis sincèrement peinée, moi qui t’ai toujours connue souriante, battante et prête à faire des bêtises avec tes petits-enfants, surtout avec moi!

Je sais que ce confinement n’en finit pas, tu répètes sans cesse que plus que jamais, il te tarde d’aller retrouver Papy, parti là-haut il y a longtemps.
Non, non, Mamy, ne dis pas ça! Nous avons tous encore tellement besoin de toi. Sais-tu que mes enfants me  demandent souvent quand ils pourront enfin aller revoir leur arrière grand-mère!

Tu as toujours été essentielle à mes yeux.
Un exemple parmi tant d’autres : te souviens-tu de mon aversion pour les calculs lorsque j’avais 7 ans? Je te disais que quand la maîtresse traçait une division au tableau, je croyais, ou
j’espérais qu’on allait jouer au pendu.
Tu riais et tu me réexpliquais patiemment la façon de résoudre ces maudites opérations.
Rappelle-toi aussi de notre bonheur quand nous, tes petits-enfants, allions chez toi, après l'école pour manger les crêpes (“ avec du Nutella s’il te plaît Mamy”), les gaufres et les fruits du jardins.
Cette époque me manque et je t’assure que j'aimerais revenir aux temps lointains où mon seul souci était de savoir comment colorier mon dessin, celui que je voulais t’offrir!
Il n’y avait plus de place sur la porte du réfrigérateur, entièrement tapissée des croquis que nous colorions pour toi.

Mamy, crois-moi, tu n’es pas seule, un grand nombre de personnes pensent à toi en ces moments difficiles :  ta famille, tes amis, tes anciens voisins. Ils ne t’oublient pas et attendent avec impatience de pouvoir revenir vers toi.
Pendant que je t’écris, mes enfants  préparent de jolis bricolages que je joindrai à cette lettre, ils pourront, si tu le veux, égayer ta chambre. Tu vas rire, j’en suis certaine, mais je viens de dire à mon aîné d’arrêter de découper des images dans les ”Play boy” de son père pour te les envoyer!

Courage, Mamy, nous allons bientôt nous revoir! Imagine le nombre de petits potins que nous pourrons à nouveau partager. Tiens, j’ai une idée! Dès aujourd'hui, dresse la liste d’anecdotes  amusantes dont tu te souviens, je suis impatiente de t’entendre les raconter!

En attendant, je te serre bien fort contre moi, et je t’embrasse très affectueusement!

Ta petite-fille.

Oui, ce texte sonne comme une réponse à celui d'Automne. Et pourtant...
Tu essaies d'être convaincante, de remonter le moral à ta grand-mère, c'est bien essayé.
Je ne sais pas si cette grand-mère va y croire.
J'espère.
Tu réveilles en moi des souvenirs pénibles.
Quand nous avons dû "placer" ma maman, comme on dit, elle voulait mourir. Et rien ni personne n'arrivait à la convaincre de rester en vie. Mes enfants ont tout essayé, avec des anecdotes comme celles que tu racontes et des petits cadeaux faits par eux. En vain.
Elle a cependant encore " tenu" trois ans, jusqu'à ses 103 ans. Elle répétait sans cesse, "c'est long"
Parce que c'est vrai ! Se sentir inutile, amoindrie, tu imagines ?

Encore un texte qui m'évoque ma mère surtout pendant cette période de confinement où elle ne nous voyait plus et qui lui a été fatale. Pour elle la solitude était pire que tout. Il n'y avait plus de visite ni d'animatrice. Je retrouve dans tes mots le ton enjoué qu'on essayait toujours d'avoir avec elle, les plaisanteries pour faire passer la pillule. Pour qui ? Pour elle ou pour nous- mêmes ?

Amanda et Myrte, comme je vous comprends.
Pour ma part, maman en maison de repos déclarait que la solitude ne lui déplaisait pas et du moment qu’elle allait à la messe tous les jours à la chapelle, c’était le principal... pieux mensonge?

En effet le confinement a dû être terrible pour certaines personnes âgées, seules et isolées. Mais on a quand même de la chance de nos jours, il y a le téléphone, internet pour ceux qui savent s'en servir, et donc le lien n'est jamais vraiment coupé.
Moi qui 'ai vécu le premier confinement seule chez moi pendant 1 mois, je n'en ai jamais souffert, grâce justement à tous ces moyens de communication.
Et puis n'oublions pas que pour certains, c'est provisoire car la famille est là. Pour d'autres c'est tout le temps, seul, isolé, sans famille.
Allez, courage les mamies

Voilà une lettre bien sympathique et tellement nécessaire.
Redonner des raisons de vivre à cette grand-mère. Que peut-on faire de mieux ?
Y a-t-il quelque chose de plus humain à faire vis-à-vis d'une personne âgée ?
Et surtout ne pas se décourager parce que c'est fondamentalement utile, même s'il n'y a pas de résultat apparemment palpable. Il n'empêche, elle est toujours en vie…
Bravo à cette petite fille !

Les personnes âgées ont soufferts des confinements à cause de l'enfermement dans leur chambre , du manque de visites ,et aussi de la contamination par les soignants , mais que pouvait 'on faire d'autre ?

Très bon texte et touchant. Oui il ne faut pas les oublier les grands mères qui sont toute seule dans leur appartement. Ma mère a été veuve pendant 30 ans elle est morte à 99 ans. Je ne l'ai jamais entendue se plaindre.

Un texte universel qui parle à tout le monde. Pas facile de vieillir pour la personne et pour son entourage.