A. Mission
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A. Mission
- Est-ce ainsi que les hommes vivent dans ce pays ?
- Oui, répondit Malika, la plupart, ceux qui sont nés riches.
J’observais avec effroi les traces de pneus qu’ils dessinaient dans le sable avec leurs engins démesurés et me dis qu’en fait, ils étaient des enfants dans des corps d’adultes.
En mission humanitaire dans cet endroit du globe où je n’avais jamais mis les pieds auparavant, j’avais soigné le bébé de Habiba et, pour me remercier, son époux souhaita m’inviter dans leur palais somptueux. Par respect pour les coutumes locales, j’avais couvert ma tête d’un foulard mais j’étais loin du total camouflage dont étaient affublées toutes les habitantes que je rencontrais. L’époux, Jalil, en me saluant, sembla l’accepter avec indulgence car j’étais une étrangère mais je ne fus pas, pour autant, admise à sa table. Le repas se déroula dans une autre pièce, entre femmes et, afin de faciliter les échanges, il avait prévu une interprète, Malika.
C’est ainsi que je me retrouvai, après le repas, à assister à cet hallucinant spectacle d’engins tournoyant, faisant des burns dans le désert. Jalil et ses acolytes s’amusaient comme des gosses et riaient à gorge déployée. J’étais très mal à l’aise et le peu de sympathie que m’inspirait la gente masculine de ce pays n’en fut qu’accru.
C’est ainsi que je me sentis investie d’une autre mission que celle de soigner : celle de sauver ces femmes.
Je me doutais bien que je n’allais pas changer le monde, mais je me dis que si je parvenais à distiller quelques idées dans la tête de toutes ces femmes qui venaient au dispensaire pour leurs enfants malades, ça serait toujours ça de gagné.
Malika m’apprit qu’elles n’avaient droit à aucune instruction. J’avais du mal à imaginer quel pouvait être leur morne quotidien à observer le monde à travers les courants d’air des moucharabiehs. Et c’est ainsi que j’aménageai une salle d’attente garnie de poufs dans laquelle je déposai tous les magazines que je trouvai.
Ces femmes qui venaient au départ pour une auscultation découvrirent un endroit où elles pouvaient rencontrer d’autres femmes, discuter, voir des revues pleines de photos d’ailleurs et, toujours avec l’aide de Malika, j’entretenais cet échange loin du regard des hommes. La visite ne se limitait plus à expliquer les symptômes du patient, il y avait quelque chose en plus.
Peu à peu, je vis ces femmes s’ouvrir, me poser des questions sur le pays d’où je venais.
Lorsque ma mission se termina au bout de trois mois, je repartis le coeur lourd mais heureuse car persuadée d’avoir contribué, à mon modeste niveau, à aider ces femmes à changer.
- Oui, répondit Malika, la plupart, ceux qui sont nés riches.
J’observais avec effroi les traces de pneus qu’ils dessinaient dans le sable avec leurs engins démesurés et me dis qu’en fait, ils étaient des enfants dans des corps d’adultes.
En mission humanitaire dans cet endroit du globe où je n’avais jamais mis les pieds auparavant, j’avais soigné le bébé de Habiba et, pour me remercier, son époux souhaita m’inviter dans leur palais somptueux. Par respect pour les coutumes locales, j’avais couvert ma tête d’un foulard mais j’étais loin du total camouflage dont étaient affublées toutes les habitantes que je rencontrais. L’époux, Jalil, en me saluant, sembla l’accepter avec indulgence car j’étais une étrangère mais je ne fus pas, pour autant, admise à sa table. Le repas se déroula dans une autre pièce, entre femmes et, afin de faciliter les échanges, il avait prévu une interprète, Malika.
C’est ainsi que je me retrouvai, après le repas, à assister à cet hallucinant spectacle d’engins tournoyant, faisant des burns dans le désert. Jalil et ses acolytes s’amusaient comme des gosses et riaient à gorge déployée. J’étais très mal à l’aise et le peu de sympathie que m’inspirait la gente masculine de ce pays n’en fut qu’accru.
C’est ainsi que je me sentis investie d’une autre mission que celle de soigner : celle de sauver ces femmes.
Je me doutais bien que je n’allais pas changer le monde, mais je me dis que si je parvenais à distiller quelques idées dans la tête de toutes ces femmes qui venaient au dispensaire pour leurs enfants malades, ça serait toujours ça de gagné.
Malika m’apprit qu’elles n’avaient droit à aucune instruction. J’avais du mal à imaginer quel pouvait être leur morne quotidien à observer le monde à travers les courants d’air des moucharabiehs. Et c’est ainsi que j’aménageai une salle d’attente garnie de poufs dans laquelle je déposai tous les magazines que je trouvai.
Ces femmes qui venaient au départ pour une auscultation découvrirent un endroit où elles pouvaient rencontrer d’autres femmes, discuter, voir des revues pleines de photos d’ailleurs et, toujours avec l’aide de Malika, j’entretenais cet échange loin du regard des hommes. La visite ne se limitait plus à expliquer les symptômes du patient, il y avait quelque chose en plus.
Peu à peu, je vis ces femmes s’ouvrir, me poser des questions sur le pays d’où je venais.
Lorsque ma mission se termina au bout de trois mois, je repartis le coeur lourd mais heureuse car persuadée d’avoir contribué, à mon modeste niveau, à aider ces femmes à changer.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Mission
Un récit très visuel!
Une bonne idée que cette femme a imaginée pour faire entrer les femmes de ce pays dans un monde moins noir...
Je doute qu’elles puissent réagir et changer de vie, mais c’est une petite étincelle qui leur permet de visualiser une autre façon de vivre...
De toutes façons que faire de plus pour elles puisque c’est ainsi que les hommes les réduisent à rien!
J’ai bien aimé la façon d’insister sur cette aide ” modeste” que leur apporte le médecin !
Une bonne idée que cette femme a imaginée pour faire entrer les femmes de ce pays dans un monde moins noir...
Je doute qu’elles puissent réagir et changer de vie, mais c’est une petite étincelle qui leur permet de visualiser une autre façon de vivre...
De toutes façons que faire de plus pour elles puisque c’est ainsi que les hommes les réduisent à rien!
J’ai bien aimé la façon d’insister sur cette aide ” modeste” que leur apporte le médecin !
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Mission
C'est un bel hommage que tu rends aux ONG à travers le récit de cette femme qui essaie d'aider à son niveau d'autres femmes dont l'avenir reste bien sombre. Une petite goutte d'eau dans un océan d'obscurantisme. Mais ne dit-on pas que ce sont les gouttes d'eau qui font les grandes rivières?
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Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Mission
Évocation intéressante de l'aide humanitaire. À mes yeux ce n'est pas une goutte d'eau dans l'océan. C'est au contraire la grandeur de l'humanité que le concept d'entraide internationale et du fait qu'il existe des organismes reconnus, contrôlés et financés. Et c'est à chacun de nous d'apporter sa contribution, en étant donateur par exemple.
Ensuite quant aux manières diverses dont les hommes vivent, selon les cultures, civilisations, religions et autres… vaste débat !
Il y en aurait-il une qui soit meilleure que d'autres ?
Combien de « blancs » pensent que c'est notre civilisation occidentale qui est la meilleure et devrait s'imposer à la planète…
En est-on si sûr ?
Ensuite quant aux manières diverses dont les hommes vivent, selon les cultures, civilisations, religions et autres… vaste débat !
Il y en aurait-il une qui soit meilleure que d'autres ?
Combien de « blancs » pensent que c'est notre civilisation occidentale qui est la meilleure et devrait s'imposer à la planète…
En est-on si sûr ?
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
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alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
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