A- Le monde est femme

Est-ce ainsi que les hommes vivent, entre le bon et le mauvais, entre le meilleur et puis le pire, entre l’amour et puis la haine.

Quand le chien devient loup, quand depuis sa tanière il observe le monde, prêt à bondir pour dominer. Les faibles d’abord, ceux qu’on écrase du talon, ceux qui ont peur, ceux qui ont froid, ceux qui ont faim. Ceux qui comptent pour du beurre, ceux qui ne décident pas. Tous ceux qui œuvrent en silence, enrichissant les puissants de plus en plus puissants, tous ceux-là ont perdu le goût de vivre.
Ils sont devenus fous, ces hommes transformés par la haine, la soif de dominer, le besoin d’humilier. Ils sont devenus loups.

Le crois-tu Serge ? Regarde-les, ils sont là. Les loups sont revenus !

Les loups sont entrés dans Paris*, au Bataclan, au nom d’Allah ils ont tiré à bout portant et la musique s’est arrêtée. Dans des mares de sang, les loups se sont roulés en ricanant et comme ils n’étaient pas rassasiés ils ont fini aux terrasses des cafés pour massacrer d’autres innocents. Et puis*, il faudra que le soir vienne et que les vivants se souviennent.

Les loups sont entrés en Ukraine, ils volent, ils tuent, ils violent. Ils se donnent bonne conscience en hurlant au nazisme. Ils se disputent des bouts de terre comme des bouts de viande et autour des feux de camps ils chantent à leur victoire prochaine. Suffirait-il de presque rien* pour les renvoyer d’où ils viennent ?

Les loups sont entrés en Iran, ils écrasent la contestation. Aux arbres se balancent les pendus pendant que les bourreaux récitent des prières, les mains levées au ciel, tâchées du sang de leurs victimes. Et pourtant, malgré la terreur gronde la révolte. Moi je voudrais pas crever* avant de voir tomber le mollah et toute sa clique de fanatiques.

Les loups sont entrés en Afghanistan, ils ont prêté allégeance aux talibans et dans les rues quelques ombres frôlent les murs, toutes de noir vêtu. Elles avancent en silence, une mère, une sœur, une fille. Le dos vouté, cachée sous la burka, serrées les unes aux autres.  Nous, femmes d’un pays libre, on les regarde glisser lentement dans le néant, le cœur lourd et la colère au bord des lèvres. On n’en meurt pas mais ça vous tue* de se sentir si impuissant.

Les hommes sont devenus fous, les uns plongent en enfer pendant que les autres supplient et cherchent le bout du tunnel.
Et au milieu du chaos, contre vents et marées*, elle se tient debout.
Elle est partout, maquillée au Bataclan, cheveux au vent dans les rues de Paris. Donnant la vie sous les bombes d’Ukraine, sous le voile en Iran, la burka en Afghanistan.
Elle est l’espoir et l’avenir de l’homme.

Tu avais mille fois raison Serge, Le monde est femme* jusqu’au bout de l’âme.

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* Titres de chansons de Serge Reggiani