A- Le monstre de mes nuits

La nuit, la nuit tout autour de moi, la nuit douce et calme. Je rêve peut-être, je dors sans doute. Sous la couette, au creux de mon lit, il fait sombre mais je n’ai pas peur. C’est mon antre, mon refuge.

Jusqu’à ce que j’entende des bruits de pas dans le couloir. Des bruits légers d’abord puis de plus en plus lourds. La porte grince, il est là, je le sens, j’entends sa respiration. Il s’approche à pas de loup, en silence.

Le monstre est là, je le sais, surtout garder les yeux fermés. J’ai peur, il va se jeter sur moi pour m’engloutir. Tout à coup, une ombre immense au-dessus de mon lit. Je sens son souffle sur moi.
Fuir, fuir le plus loin possible.
Alors je laisse mon corps là, sur ce lit, vide de moi. Moi je suis ailleurs.

Je marche sur l’herbe mouillée, pieds nus. C’est doux, humide, chaud. Je marche et puis je cours, jusqu’au sable, jusqu’à l’océan et ces vagues qui viennent me lécher .
Alors seulement, je m’enfonce lentement et j’avance droit devant. L’eau me submerge, je n’ai plus peur, je suis ailleurs.

Je vogue, je me laisse porter dans cette eau bienveillante qui m’entraîne au loin, là-bas, vers la lumière. Je me laisse engloutir et plus tard, bien plus tard, je rouvrirai les yeux, à nouveau dans ce corps d’adolescente, sur ce lit de douleur, mais pour l’instant, pour l’instant …. Plus rien.