A - Chevauchée

La pluie tombe monotone. Elle est exaspérante. Je tourne en rond.

Au loin, j’entends le galop d’un cheval qui se rapproche petit à petit. Je le sens près de moi.

J’ouvre la porte.

Il est là, magnifique étalon noir comme la nuit. Il se détache sur le fond blanc de la neige qui se dilue sous la pluie.

Il approche ses naseaux de moi. Je le caresse doucement, mes doigts se perdent dans son poil souple.

D’un bond, j’ose grimper sur son dos.

Il piaffe, va-t-il me faire tomber ?

Je m’accroche et je serre ses flancs entre mes cuisses.

Tout à coup, c’est le miracle. L’étalon déploie ses ailes et nous nous envolons dans le ciel.

Il monte en tourbillonnant, j’ai l’impression d’être prise dans un ouragan.

Nous montons haut dans le ciel, je jette un coup d’œil en bas.

La forêt étend ses branches noires jusqu’au bord de l’horizon.

Je me sens en paix.

L’animal hennit doucement, je le flatte de la main.

Je voudrais que nous volions toujours, qu’il m’entraîne loin de ce labyrinthe obscur dans lequel je vis.

Mais, alors que nous atteignons le soleil, il commence sa descente.

Nous tournoyons comme des feuilles mortes entraînées par le vent.

Nous chutons, mais je n’ai pas peur, la chaleur de ce Pégase me réconforte, le vent de ses ailes m’enveloppe.

Enfin, il me dépose sur le sol, je le salue et je rentre dans ma cabane, apaisée.