a. Une histoire d'amour

Le silence emplit la maison. Je suis à nouveau seule. Je n'ai pas peur. Je suis lasse, fataliste peut-être ! (*) Ce n'est pas la première fois que cela arrive. Il part régulièrement. J'ai fini par comprendre que j'ignorerais toujours l'endroit où il se rend. Ça sert à rien de le questionner sans cesse, il ne répond pas, sauf avec des grognements incompréhensibles. Ça ou le silence, c'est tout comme. Longtemps j'ai pensé qu'il « allait voir ailleurs » comme on dit habituellement avec cette formule qui veut tout dire et ne dit rien clairement. Souvent c'est la nuit que ça se passe, lorsque je dors.  Il s'échappe. Il m'échappe.

Sylviane, mon amie, dit : Tu sais, on ne peut pas le retenir.  C'est le genre qui veut une totale liberté. J'en ai connu aussi. Tous les mêmes.
Mais, je suis qui moi ? Celle qui fait sa pitance ? Celle qui l'héberge ? Celle qui fait ses caprices quand il se montre exigeant ? Franchement, pourquoi je continue à tolérer qu'il en soit ainsi.
Je suis conne finalement !

L'autre jour, vu la manière dont il s'est comporté, j'ai cru comprendre  que je devrais être sa chienne ! N'importe quoi ! Je ne suis pas un animal pour ses caprices, je suis un être humain, une femme à part entière. Il serait temps de remettre les pendules à l'heure.

La dernière fois, Sylviane s'est permis de dire un truc du genre : - De toute façon ça se voit bien que tu l'aimes énormément et que tu n'en voudrais pas un autre que lui. Quand je vous vois ensemble, c'est tellement clair ! Alors ne cherche pas midi à 14 heures, puisqu'il revient toujours. Accueille la vie comme elle se présente.

Je me suis dit qu'au fond elle avait sûrement raison. Rien n'est parfait. Il est comme il est, avec son tempérament contre lequel je ne peux pas grand-chose si ce n'est le chérir et tenter de deviner ce qui lui fera le plus plaisir aujourd'hui. Je sais, je l'ai dans la peau. C'est comme ça. On ne refait pas l'histoire. Le jour où je l'ai rencontré ce fut tout de suite une évidence pour moi. Ce serait lui, et lui seul. J'ai tellement vibré intérieurement que tout a été très vite.

Ah ! Je l'entends qui revient :
— Alors quoi Médor ! Ou est-ce que tu as encore été traîner ? Je m'inquiétais, mais je t'ai quand même préparé tes croquettes, mon toutou chéri.

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(*)  « Cette longue nuit d'attente », les premiers mots de l'Ouvrage de Marie-Dominique Chaisemartin, plus connue ici sous le nom de notre chère Admin ou Cassy !
Publié chez TheBookEdition (clic)