A. Complices un moment.

Saviez-vous qu’il existe un paradis des artistes et de leurs modèles?
Ceux qui nous ont quittés s’y retrouvent et sont heureux de se rencontrer

Les tables sont dressées à “La terrasse du café le soir” et Vincent Van Gogh est déjà là, assis en face de Griet, la jeune fille à la perle. Les étoiles brillent déjà au-dessus de leurs têtes.
Ils parlent de l’époque où ils étaient sur terre, où la vie n’était pas si belle. Ils se disent que rien ne pouvait laisser présager que Saint Pierre leur ouvrirait toutes grandes les portes du paradis:

-J’ai mené une vie de débauche, rappelle Vincent. J’étais suicidaire, j’ai fini par être enfermé dans un asile d’aliéné et me voici…

Griet lui sourit, l’air rêveur :

-Je suis là depuis plus longtemps que toi et moi aussi je me demande comment j’ai mérité d’être là…
Mon maître Johannès Vermeer m’a prise pour modèle alors que j’avais été engagée comme servante par sa femme. J’avais aussi pour tâche de m’occuper de leurs six enfants.
*On prétend que Johannès et moi avons été amants, c’est faux!
Ce qui m’intéressait chez lui, c’était qu’il m’apprenne l’art de la peinture. Ce que j’aimais par dessus tout, c’était ses merveilleux tableaux. J’aurais voulu être peintre, le sort en a décidé autrement, j’ai été modèle, c’est tout!

-As tu déjà pensé que nous avions un point commun, questionne Van Gogh en souriant.

-Je ne vois pas, répond Griet.

-Nos oreilles, voyons! Dans un moment de folie, je me suis coupé un morceau d’oreille et toi, tu poses, ravissante, une perle à l’oreille!

Ils rient de bon cœur.

-N’y a-t-il rien d’autre à boire que ce café, grimace Vincent.
Je voudrais une absinthe, maintenant que je n’ai plus à me préoccuper de ma santé.

-Je boirais bien un petit Genièvre, ajoute Griet, bien décidée à faire la fête.

-Je vais te faire une confidence, déclare Vincent.
Je regrette vraiment d’avoir vécu bien après toi sur terre, sinon tu aurais été un merveilleux modèle pour moi. Tiens, je t’imagine, baignée de soleil au milieu d’un champ de tournesols, ça aurait fait un joli tableau!
Moi qui n’ai guère trouvé d’autres modèles que moi-même, je n’ai réalisé que des peintures tourmentées  représentant des personnages sinistres, alors que j’aurais peut-être pu, grâce à toi, trouver un peu de joie de vivre!

-Pas de regret Vincent, songe combien ton œuvre est à présent connue dans le monde entier, exposée dans un grand nombre d’endroits, tes tableaux font le bonheur de tous ceux qui te connaissent ou qui te découvrent.

Quelle bonne idée, pensent les deux amis, que cet endroit où les artistes se retrouvent! Il est en effet bien connu que la plupart d'entre eux aiment beaucoup les rencontres improbables!

…C’est à  ce moment-là qu’ un ange serveur leur apporta deux cocas! Même là haut, rien n’est parfait!




*Si vous ne l’avez pas encore lu, je vous conseille le livre de Tracy Chevalier  ” La jeune fille à  la perle”  Un très beau roman!

Il a aussi été dit que Griet pouvait étre la fille du peintre , on ne sait pas ....
j'ai lu ce beau roman " La jeune fille à la perle "

Il est très intéressant d’imaginer qui est qui,! Tu as raison d’y penser automne.

Vivement que j'aille au paradis des artistes… puisque j'en suis un.
Si, si ! Ma mère me l'a toujours dit : « alors toi, dans ton genre, tu es vraiment un artiste ! » (Elle parlait de mes conneries et j'en suis fier…).

J'ai bien aimé ton texte et la chute vaut une bouteille de Perrier !
Cela dit, le paradis c'est pas une question de mérites pour y accéder, c'est juste une question de relations. Faut avoir cultivé les relations divines de son vivant. Ça suffit amplement comme ticket d'entrée !

Excellent la fin avec le coca, je ne m’y attendais pas.

J’ai adoré ce dialogue.

Lu le livre et vu le film. Quelle charmante idée ce petit coin de paradis réservé aux artistes et à leurs modèles. Mais, pourquoi faut-il que le Paradis soit si austère, un petit coup de gnôle parfois ce n'est pas si mal !