A. L'attente
+4
Zephyrine
alainx
Cara1234
Myrte
8 participants
Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 694
Page 1 sur 1
A. L'attente
Attendre, attendre, je déteste ça mais je n’ai pas le choix, je dois faire la queue et il y a déjà du monde devant moi. Pourtant j’étais venu très tôt ce matin mais certains ont passé la nuit dans la prairie pour être surs d’être les premiers. Ils ont leur sac de couchage roulé sous le bras. L’herbe est encore humide de rosée. Ils n’ont pas du avoir très chaud. La file est tellement longue que je ne vois même pas l’endroit où ça va se passer.
J’avance d’un pas seulement. Il n’y a personne derrière moi. Je suis le dernier de la file. L’homme qui se trouve devant moi porte un chapeau. Beaucoup d’autres ont pris cette précaution. Moi, je n’y ai pas pensé et je le regrette car le soleil commence à chauffer. Jusqu’à quand va durer l’attente ? Je n’en ai aucune idée.
Je jette un coup d’oeil à ma montre, voila une heure maintenant que je suis là. J’ai du avancer de trois ou quatre pas seulement.
L’homme devant moi retire son chapeau et s’éponge le front avec un mouchoir. J’ôte ma veste. Si je n’avais pas payé mon ticket aussi cher je crois que j’aurais fini par renoncer. Mais non, ma curiosité est trop grande. Je ne vais pas abandonner maintenant.
Je retrouve dans ma poche le tract qui m’avait appâté :
Venez vivre une aventure unique : un petit tour dans l’au-delà.
Ainsi vous saurez où vous irez à votre mort.
Peut-être y rencontrerez-vous vos chers disparus.
150 euros la demi-heure.
Au guichet, l’hôtesse, lorsqu’on la questionnait, ne voulait donner aucun détail sur la marche à suivre.
- Mettez-vous dans la file, répondait-elle, vous découvrirez tout au fur et à mesure.
Je ne connais personne qui ait osé le voyage. Je pars vraiment à l’aventure et ça me plait.
J’attends maintenant depuis deux heures et j’ai avancé de dix mètres seulement. J’ai mis ma veste sur ma tête pour me protéger des rayons ardents du soleil. J’essaye d’engager la conversation avec l’homme qui est devant moi mais il n’est pas très causant. Il répond très laconiquement pour bien me montrer qu’il n’a pas envie de parler. Je n’insiste pas.
Après trois heures d’attente, je distingue la file devant moi presque dans son intégralité. Elle s’étire telle un serpent sur la prairie jusqu’à l’horizon.
Quatre heures. Je m’assoies un peu dans l’herbe. Quand cela va-t-il finir ? Je pique du nez et m’assoupis quelques secondes. Cette sieste flash me requinque un peu.
Soudain arrive derrière moi un jeune-homme à vélo équipé d’un coffre à l’avant.
- Boisons fraiches ! Barres de céréales !
Je lui achète un jus de fruit et une barre qui me font le plus grand bien.
J’ignore combien de temps il me reste encore à attendre.
Cinq heures se sont écoulées et je me suis sensiblement rapproché du bout de la file.
C’est alors que j’assiste à un spectacle hallucinant : les premiers de la file sont soulevés dans les airs, comme aspirés par un étrange couloir aérien qui les entraine dans le ciel. Leur corps montent, tête en bas, jambes en l’air comme des ballons gonflés à l’hélium. Je suis leur évolution et, tout comme ces ballons qu’on achète aux petits enfants dans les fêtes foraines, je les regarde longuement devenir un point dans l’azur et disparaitre dans le firmament.
Plus que trois personnes devant moi. Une petite angoisse m’étreint. Mes mains sont moites. Je les frotte l’une contre l’autre. Une femme est là sur le côté. Elle semble indiquer où se placer exactement pour décoller.
Lorsque l’homme qui est devant moi prend son envol, j’avance d’un pas.
La femme pose sa main sur mon épaule et me chuchote :
- Parfait ! Vous êtes exactement là où il faut. Bon voyage !
Et je m’envole à mon tour.
J’avance d’un pas seulement. Il n’y a personne derrière moi. Je suis le dernier de la file. L’homme qui se trouve devant moi porte un chapeau. Beaucoup d’autres ont pris cette précaution. Moi, je n’y ai pas pensé et je le regrette car le soleil commence à chauffer. Jusqu’à quand va durer l’attente ? Je n’en ai aucune idée.
Je jette un coup d’oeil à ma montre, voila une heure maintenant que je suis là. J’ai du avancer de trois ou quatre pas seulement.
L’homme devant moi retire son chapeau et s’éponge le front avec un mouchoir. J’ôte ma veste. Si je n’avais pas payé mon ticket aussi cher je crois que j’aurais fini par renoncer. Mais non, ma curiosité est trop grande. Je ne vais pas abandonner maintenant.
Je retrouve dans ma poche le tract qui m’avait appâté :
Venez vivre une aventure unique : un petit tour dans l’au-delà.
Ainsi vous saurez où vous irez à votre mort.
Peut-être y rencontrerez-vous vos chers disparus.
150 euros la demi-heure.
Au guichet, l’hôtesse, lorsqu’on la questionnait, ne voulait donner aucun détail sur la marche à suivre.
- Mettez-vous dans la file, répondait-elle, vous découvrirez tout au fur et à mesure.
Je ne connais personne qui ait osé le voyage. Je pars vraiment à l’aventure et ça me plait.
J’attends maintenant depuis deux heures et j’ai avancé de dix mètres seulement. J’ai mis ma veste sur ma tête pour me protéger des rayons ardents du soleil. J’essaye d’engager la conversation avec l’homme qui est devant moi mais il n’est pas très causant. Il répond très laconiquement pour bien me montrer qu’il n’a pas envie de parler. Je n’insiste pas.
Après trois heures d’attente, je distingue la file devant moi presque dans son intégralité. Elle s’étire telle un serpent sur la prairie jusqu’à l’horizon.
Quatre heures. Je m’assoies un peu dans l’herbe. Quand cela va-t-il finir ? Je pique du nez et m’assoupis quelques secondes. Cette sieste flash me requinque un peu.
Soudain arrive derrière moi un jeune-homme à vélo équipé d’un coffre à l’avant.
- Boisons fraiches ! Barres de céréales !
Je lui achète un jus de fruit et une barre qui me font le plus grand bien.
J’ignore combien de temps il me reste encore à attendre.
Cinq heures se sont écoulées et je me suis sensiblement rapproché du bout de la file.
C’est alors que j’assiste à un spectacle hallucinant : les premiers de la file sont soulevés dans les airs, comme aspirés par un étrange couloir aérien qui les entraine dans le ciel. Leur corps montent, tête en bas, jambes en l’air comme des ballons gonflés à l’hélium. Je suis leur évolution et, tout comme ces ballons qu’on achète aux petits enfants dans les fêtes foraines, je les regarde longuement devenir un point dans l’azur et disparaitre dans le firmament.
Plus que trois personnes devant moi. Une petite angoisse m’étreint. Mes mains sont moites. Je les frotte l’une contre l’autre. Une femme est là sur le côté. Elle semble indiquer où se placer exactement pour décoller.
Lorsque l’homme qui est devant moi prend son envol, j’avance d’un pas.
La femme pose sa main sur mon épaule et me chuchote :
- Parfait ! Vous êtes exactement là où il faut. Bon voyage !
Et je m’envole à mon tour.
Dernière édition par Myrte le Mer 5 Juil 2023 - 17:27, édité 1 fois
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. L'attente
J'ai apprécié te lire. Bien écrit et très imaginatif.
Juste modifier vers la fin le "Je les frottent" en Je les frotte
Juste modifier vers la fin le "Je les frottent" en Je les frotte
Cara1234- Humeur : Amoureuse
Re: A. L'attente
J'ai bien aimé l'histoire. Une bonne idée. Un petit avant-goût d'après, un truc à tenter ! Et franchement 150 € c'est pas cher !
Manque plus qu'un petit récit de l'expérience au retour, pour savoir si… On peut y placer l'excipit !
Manque plus qu'un petit récit de l'expérience au retour, pour savoir si… On peut y placer l'excipit !
_________________
"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. L'attente
Zut alors ! Emportée par mon histoire, j'ai oublié l'excipit !
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. L'attente
Bien vu! Tu décris très bien cette longue attente!
Contrairement à un autre commentateur (Al x), je trouve que ça coûte très cher : retrouver ces chers disparus, leur donner des nouvelles d'ici-bas, discuter un moment avec Tonton Edgar bavard comme une pie.
Et puis parler à Dieu ( sera-t-il là?) et j'en ai des choses à lui dire à celui-là.
Pour l'excipit, il coule de source, il n'y a plus qu'à l'écrire.
Contrairement à un autre commentateur (Al x), je trouve que ça coûte très cher : retrouver ces chers disparus, leur donner des nouvelles d'ici-bas, discuter un moment avec Tonton Edgar bavard comme une pie.
Et puis parler à Dieu ( sera-t-il là?) et j'en ai des choses à lui dire à celui-là.
Pour l'excipit, il coule de source, il n'y a plus qu'à l'écrire.
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. L'attente
Oui ajoute le et corrige la faute signalée par Cara !
Texte surréaliste, Magritte aurait adorer et tu as l'etoffe de sa femme Georgette !
As-tu lu cette série de livres exquis belges "Magritte et Georgette mènent l'enquête " ? Extra !
Texte surréaliste, Magritte aurait adorer et tu as l'etoffe de sa femme Georgette !
As-tu lu cette série de livres exquis belges "Magritte et Georgette mènent l'enquête " ? Extra !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. L'attente
Auteur : Nadine Monfils
.
Les folles enquêtes de Magritte et Georgette.
A Ostende, Knokke, Bruges.
Ton texte m'y renvoie !
.
Les folles enquêtes de Magritte et Georgette.
A Ostende, Knokke, Bruges.
Ton texte m'y renvoie !
Amanda- Humeur : positivement drôle
RE A : L'attente
Que de courage pour attendre si longtemps et on aimerait connaitre la suite avec le retour sur terre pour nous raconter cette experience .
automne- Humeur : égale
Re: A. L'attente
Pardon Cara je n'avais pas lu ta remarque sur la correction à faire, c'est écrit si petit ! Je m'en vais vite corriger.
Quant à l'excipit, je ne peux pas le rajouter à la fin simplement comme ça, ça n'aurait pas de sens. Il faudrait reécrire le texte. Une autre fois...
Quant à l'excipit, je ne peux pas le rajouter à la fin simplement comme ça, ça n'aurait pas de sens. Il faudrait reécrire le texte. Une autre fois...
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. L'attente
Amanda : j'ai lu quelques livre de Nadine Monfils, à commencer par Tequila frappée qui m'a beaucoup fait rire mais pas ceux auxquels tu fais allusion.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. L'attente
Un récit qui pourrait avoir une suite !
Bravo.
Bravo.
_________________
Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 694
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|