A. De page en page...

Je suis un dompteur de papier, je suis plutôt une dompteuse de feuilles et de feuillets en tout genre dont je suis éprise depuis toujours!

Tout a commencé quand j'avais 4 ans avec le picotage. A l'école maternelle nous recevions un joli dessin imprimé sur une carte et au moyen d'un poinçon, il nous fallait en marquer le contour pour détacher ensuite soigneusement l'image.
J'ai bien écrit " soigneusement ", mais je n'y arrivais pas toujours, je les déchirais parfois et pourtant j'aimais ça.

Il y avait une autre activité à cette époque, le tissage : vous vous souvenez sans doute de ces bandelettes de papier que nos petits doigts devaient introduire dans une trame, une fois par au dessus, une fois par en dessous, jusqu'à obtenir un joli entrecroisement. J'appréciais ce travail manuel, même si le résultat était souvent navrant.

A 6 ans, j'ai réussi, après pas mal d'essais, à dompter un cahier à trois lignes dont les feuilles tachées et chiffonnées témoignaient de mon inhabileté. Elles ont fini par m'obéir, même si l'encre rouge de la maîtresse dominait souvent l'encre bleue de ma plume. J'avais enfin domestiqué l'apprentissage de l'écriture!

Bien plus tard, j'ai tant bien que mal discipliné les notes prises au cours d'anatomie sur des feuilles volantes.
Volantes, c'est le cas de le dire car c'était pour moi une prouesse de les retrouver disséminées un peu partout, de les rassembler, les classer dans l'ordre et les ranger dans une farde.

Il en fut de même pour les mots doux, les lettres  de mon amoureux. Je les avais jetés dans un tiroir.
Comme il m'a plu d'inventorier cette collection, de regrouper ces mots précieux!  Je les ai classés par époque et je les ai noués d'un joli ruban bleu! J'avais enfin maté ce désordre inutile.

Domptage aussi depuis bien des années et tout en douceur, apprivoisement plutôt, des pages de livres de toutes sortes que j'ai caressées, feuilletées, lues et relues, parfois effleurées amoureusement.
La lecture est une de mes passions.

A présent, c'est d'abord à la main, dans de jolis cahiers, que j'écris les textes que je poste sur Kaléïdoplumes et à ce moment là je me sens tout à fait dompteuse de papier.

Tu en as fait du chemin depuis tes 4 ans. Et si je ne me trompe, bientôt tu finiras aussi par dompter tes mots dans un livre ! (mais chûût)

Tous ces apprentissages autour du papier ! J'avais oublié le picotage ! C'est si loin ! Quant à l'encre bleue de nos porte-plume, en effet il était rare de ne pas avoir de taches sur nos cahiers (j'en avais souvent sur les doigts aussi) mais il faut reconnaitre qu'à 6 ans ce n'est pas si facile finalement de manipuler tout ça !

Ça alors, Amanda! Tu as tout deviné. ..

Sais tu, Myrte que je me demande si à présent, on ne jugerait pas les poinçons trop dangereux pour les petits?

Ah oui Zéphyrine c'est bien possible. D'ailleurs je ne crois pas qu'on utilise encore des poinçons à l'école.

Ce qu'il y a de bien avec toi, Zeph, c'est qu'on retourne toujours en enfance. ... SAGE.

Moi je connaissais les boulettes que l'on envoyait sur le bureau du prof quand il avait le dos tourné.

Mais la roue tourne. Lorsque j'étais prof dans les quartiers "difficiles", j'ai un jour trouvé sur mon bureau un orvet vivant. Les gamins ont été déçus, je n'ai pas bronché : je n'ai pas peur des serpents ! Heureusement car Khephren en ramène souvent à la maison. J'essaye de les sauver mais c'est parfois trop tard.

Jolie manière de brosser l'histoire de nos apprentissages !

Pour ma part je n'ai connu ni l'affaire des poinçons, ni celle des bandelettes de papier. Activités réservées à ces demoiselles ?

Et sinon, l'utilisation du terme « farde » m'a bien confirmé que j'étais en présence d'une d'outre Quiévrain !…

Mais voyons, les garçons, picotaient et tissaient comme nous!
Nous étions pourtant en 1947!


Pour la farde ne sais pas quelle carabistouille de mot vous employez vous les français , pour définir ce matériel scolaire...

Zephyrine a écrit:(...)
Pour la farde ne sais pas quelle carabistouille de mot vous employez vous les français , pour définir  ce matériel  scolaire...

Chez nous ce sont surtout les femmes qui se fardent…

Ah, j'ai trouvé! Il s' agit d'un classeur.

Je retrouve dans les gestes maladroits et pourtant très appliqués de mes petits fils les souvenirs que tu évoques. Sans oublier que lorsqu'ils se concentrent, c'est la tête penchée vers la droite et en tirant la langue sur le côté de la bouche. Une très jolie façon de traiter la consigne.

J'adore ton histoire, tes 4 premiers paragraphes m'ont ramenés à mes propres débuts avec le papier, le picotage, le tissage ... de grands moments effectivement. Et ne parlons pas des débuts en écriture pour une gauchère ! Continue à dompter le papier comme ça, on adore !

En lisant le début de ton texte, Zéphyrine, je me suis retrouvée des années des années en arrière...

Comme j'aimais tous ces petits travaux manuels.

Comme j'ai aimé apprendre à écrire, à former les lettres a, b, c, ...

J'aime beaucoup ta façon de dompter le papier, Zéphyrine, je m'y retrouve bien.

Bien contente de vous avoir rappelé de bons souvenirs...
Merci pour ces commentaires!