A. Page après page

Ça, c’est mon premier stylo plume… celui avec qui j’ai écrit mes tout premiers textes… à l’époque on en trouvait dans toutes les bonnes papeteries. Un premier prix Waterman. Il en a usé des cartouches bleues, au fil des ans sa plume griffait de plus en plus le papier. Maintenant il dort, paisible, coincé dans les spirales de ce vieux cahier souvenir.

Ça, c’est mes résultats au concours, le sésame vers la liberté et vers une vie professionnelle. Une banale feuille de papiers avec des notes tapées à ce qui devait encore être une machine à écrire et non pas un ordinateur. L’encre délavée me tire toujours un sourire attendri.

Ça, c’est un des nombreux petits mots laissés par les invités le jour de notre mariage. Un de ces messages qui, à chaque relecture, te rappelle que les amitiés peuvent perdurer au-delà des années et des kilomètres, qu’on peut n’avoir que peu de contacts et lors des retrouvailles tout reprendre comme si on s’était encore vu la veille.

Ça, c’est mon premier billet groupé pour les sites antiques d’Athènes. Il est encore impeccable, soigneusement conservé. Les couleurs commencent à se ternir mais à mes yeux il brille toujours de mille feux. Il porte en lui la silhouette de l’Acropole qu’on peut voir un peu partout dans Athènes, il fleure bon la terre chauffée par le soleil ardent de l’été grec, il est un appel à l’eau fraîche qui désaltère, et il suffit de légèrement se pencher sur le côté pour voir émerger de la verdure le fronton du Théséion, là-bas, tout au fond de l’antique agora…

Ça, c’est le Colisée, une des premières photos que j’en ai faites. Le cadrage n’est pas génial, loin de là. Les verticales auraient bien besoin d’être redressées. Et faut dire ce qui est, le ciel est bien cramé. Bref, d’un point de vue technique tout ou presque est à revoir. Mais cette mauvaise photo me rappelle Rome sous la canicule, mes débuts en italien avec un vieux pizzaiolo qui voulait absolument nous faire goûter une part de pizza à l’escargot (avec mime de l’escargot parce que je ne comprenais pas le mot en italien ! )

Ça, c’est la Copenhague Card et avec elle les lumières du Tivoli Parc à quelques jours de Noël. J’entends encore grincer la vieille grande roue en bois qui offrait, paraît-il (moi, j’avais les yeux fermés, pétrifiée par la peur du vide), une vue merveilleuse sur ledit parc.

Ça, c’est la boîte de nos alliances… elle a passé des mois planquée dans le tiroir à sous-vêtements. Depuis que ses trésors ornent nos doigts, elle gonfle anormalement et dangereusement ce vieux cahier.

Ça, c’est la première carte d’anniversaire que m’a envoyée celle qui des années plus tard allait devenir ma femme. Une girafe bleue aux taches jaunes… allusion que seules nous deux pouvons encore saisir. Rappel de cette immédiate complicité des premiers instants.

Ça, ce sont toutes les pages blanches sur lesquelles nous allons continuer jour après jour à écrire notre histoire, avec ses hauts et ses bas, avec ses bons et ses mauvais moments, entre fou rire et larmes, mais toujours main dans la main.

J’aime le fait de garder précieusement toutes ces choses!
Je m’attendais bien à  ce qu’il s’y trouve des souvenirs de Grèce...

J’aime aussi tes petits secrets, garde les bien ça  fait tellement du bien d’y penser!
Rien que d’en faire la liste, on croirait que ça t’a fait chaud au coeur!

Page après page, on te retrouve tout à fait dans ces souvenirs, toi, la prof, toi, l'amoureuse, toi, la voyageuse...
Continue Madeleine, cultive bien précieusement souvenirs et temps présent !

Tu es le premier texte que je lis sur cette proposition.
Étrange impression d'être là, témoin à tes côtés avec ce sentiment de te reconnaître dans des aspects de toi que je connais. Étrange sensation émue.
Merci.
Je pense aussi à la girafe et au dinosaure, bêtement, de temps à autre je vais y voir s'il y a du nouveau… l'espoir fait vivre dit-on !

J'aime tout dans ton texte et surtout toutes ces pages blanches qui t'attendent pour recevoir encore tes écrits.

Evocation de la Grèce, de ta moitié, de ton amour pour l'écriture, tout y est. Je suis particulièrement émue par l'évocation de la première carte d'anniversaire de ta moitié

Que de beaux souvenirs de vacances parmi beaucoup d'autres et il y a encore des pages blanches pour écrire la suite .

Cette consigne est une excellente idée, car nous voyageons à travers les objets de chacun, chacune, et apprenons, grâce à eux, à connaître un peu mieux la personne.

Merci Madeleine de ce partage.