A. Ma sorcière bien aimée
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A. Ma sorcière bien aimée
Tout semblait idyllique dans le royaume, un beau mariage d’amour entre une pauvrette et un prince, les filles de la marâtre, Javotte et Anastasie, qui font amende honorable et que Cendrillon récompense en favorisant leur mariage avec des nobles. Pourtant il apparut rapidement que tout était loin d’aller aussi bien qu’on aurait pu le croire.
Certes Cendrillon avait pour elle la beauté qui sied à une reine. Hélas elle avait du mal à intégrer le comportement qui va avec cette fonction. Les dames de la cour, qui depuis des années se déchiraient en espérant chacune épouser le Prince, s’étaient rabibochées et faisaient des gorges chaudes entre elles sur la malheureuse Cendrillon :
- Ma chère ça ne peut pas durer, cette créature est incapable de tenir son rang.
- Absolument, sa conduite avec le petit personnel est inqualifiable. Figurez-vous qu’elle va trouver les chambrières, les couturières, les lavandières les mitrons ou les gâte-sauce en leur disant d’aller se reposer parce qu’ils sont fatigués.
- Comme si ces gens de basse extraction pouvaient être fatigués. Tire-au-flancs plutôt !
- Il parait qu’elle a demandé au roi de limiter la durée de travail des employés du palais à 50 heures par semaine.
- Et qui fera le travail ? Nous, peut-être ? Vous vous voyez mes chères amies un balai à la main ?
- Quelle dérision ! Par contre il faut reconnaitre qu’elle est douée pour ça. Je l’ai surprise un jour à prendre le relais de ma chambrière pour nettoyer mes appartements.
- Il faut arrêter ça au plus vite, elle déshonore le roi et le royaume.
- Oui, mais comment ? C’est que le roi y tient à sa Cendrillon. Et elle, elle le tient, elle l’a à sa botte, c’est le cas de le dire. Depuis ces fameux essayages de pantoufles, il est devenu complètement fétichiste. La rumeur court que chaque soir il fait apporter des dizaines de chaussures. Il parait qu’il a besoin de ça pour… enfin vous voyez ce que je veux dire. Et il n’y a que le pied de cette fille qui lui fasse de l’ effet.
- Mais c’est diabolique ! Il faut en parler à l’évêque
L’évêque ? Pensez- vous, il est atteint de la même perversion depuis qu’il a lavé les pieds de quelques manants pour imiter le Christ et se faire bien voir du Pape. Mais ça me donne une idée. Il faut trouver autre chose. Pièger Cendrillon sur un autre truc bien diabolique qui obligera le roi à s’en débarrasser.
Après réflexion, la coterie des dames de la cour décida de confier aux proches de Cendrillon la mission de l’espionner. Ses proches, c’est à dire Javotte et Anastasie et leurs époux, tous désireux de nuire à la reine. Les deux filles parce qu’en dépit de leur apparente contrition elles étaient toujours jalouses de la promotion de la pauvrette, les deux maris parce que furieux qu’on leur ait imposé de tels laiderons comme épouses.
Désormais les deux couples, sous couvert de sentiments familiaux s’arrangeaient pour suivre de près les faits et gestes de Cendrillon. Et un jour Javotte poussa une exclamation de triomphe :
- Cette fois on la tient, elle est cuite, ou tout comme ! Chaque matin elle balaye elle-même sa chambre pour éviter ce travail à ses domestiques. Et c’est toujours pareil, comme ses longs cheveux la gênent pour manier le balai, elle retrousse sa robe et elle le coince un instant entre ses cuisses pour les attacher avec un ruban.
- Attacher quoi, ses cuisses ?
- Mais non, ses cheveux.
- Et alors ?
- Eh bien, une femme à califourchon sur un balai…
- Une sorcière, génial !
- Je vous avais dit qu’elle était cuite !
On convoqua en secret un membre éminent de la commission inquisitoriale des affaires de sorcellerie et on s’arrangea pour lui faire constater de visu l’instant matinal de la belle, cheveux dans la figure, robe retroussée sur les cuisses enserrant un balai.
- Une sorcière, déclara le docte personnage. C’est sûr ! Une sorcière lubrique ! Et belle de surcroit. Plus elles sont belles, plus elles sont impies et sataniques.
Cendrillon fut jugée en urgence et condamnée au bûcher. On la conduisit, pancarte infamante au cou et coiffée du chapeau des sorcières, sur les lieux du supplice. Une demie douzaine de condamnées, balai à la main et chapeau pointus étaient déjà là. En fait il s’agissait d’innocentes gamines et jeunes filles qui étaient sorties fêter Halloween. Leurs lanternes de potirons lançaient des lueurs lugubres sur la scène. Mais quand on parle de potiron, il y a quelqu’un qui n’est jamais loin, devinez qui ? La marraine évidemment, la marraine de Cendrillon, la fée experte en transformations. Un coup de sa baguette et pancarte et chapeau disparurent tandis que les potirons s’aplatissaient, s’aplatissaient, s’amincissaient, s’enveloppaient d’une aura lumineuse et venaient se placer au dessus de la tête des prétendues sorcières, devenues des saintes par la vertu de ces auréoles improvisées. Un murmure d’adoration s’éleva de la foule prête quelques instants plus tôt à hurler sa haine contre les sorcières.
Cendrillon au lieu d’être réduite en cendres fut reconduite au palais à la plus grande joie du roi. Et dans le secret de l’alcôve, ce dernier appelait malicieusement son épouse « ma sorcière bien aimée ! »
Certes Cendrillon avait pour elle la beauté qui sied à une reine. Hélas elle avait du mal à intégrer le comportement qui va avec cette fonction. Les dames de la cour, qui depuis des années se déchiraient en espérant chacune épouser le Prince, s’étaient rabibochées et faisaient des gorges chaudes entre elles sur la malheureuse Cendrillon :
- Ma chère ça ne peut pas durer, cette créature est incapable de tenir son rang.
- Absolument, sa conduite avec le petit personnel est inqualifiable. Figurez-vous qu’elle va trouver les chambrières, les couturières, les lavandières les mitrons ou les gâte-sauce en leur disant d’aller se reposer parce qu’ils sont fatigués.
- Comme si ces gens de basse extraction pouvaient être fatigués. Tire-au-flancs plutôt !
- Il parait qu’elle a demandé au roi de limiter la durée de travail des employés du palais à 50 heures par semaine.
- Et qui fera le travail ? Nous, peut-être ? Vous vous voyez mes chères amies un balai à la main ?
- Quelle dérision ! Par contre il faut reconnaitre qu’elle est douée pour ça. Je l’ai surprise un jour à prendre le relais de ma chambrière pour nettoyer mes appartements.
- Il faut arrêter ça au plus vite, elle déshonore le roi et le royaume.
- Oui, mais comment ? C’est que le roi y tient à sa Cendrillon. Et elle, elle le tient, elle l’a à sa botte, c’est le cas de le dire. Depuis ces fameux essayages de pantoufles, il est devenu complètement fétichiste. La rumeur court que chaque soir il fait apporter des dizaines de chaussures. Il parait qu’il a besoin de ça pour… enfin vous voyez ce que je veux dire. Et il n’y a que le pied de cette fille qui lui fasse de l’ effet.
- Mais c’est diabolique ! Il faut en parler à l’évêque
L’évêque ? Pensez- vous, il est atteint de la même perversion depuis qu’il a lavé les pieds de quelques manants pour imiter le Christ et se faire bien voir du Pape. Mais ça me donne une idée. Il faut trouver autre chose. Pièger Cendrillon sur un autre truc bien diabolique qui obligera le roi à s’en débarrasser.
Après réflexion, la coterie des dames de la cour décida de confier aux proches de Cendrillon la mission de l’espionner. Ses proches, c’est à dire Javotte et Anastasie et leurs époux, tous désireux de nuire à la reine. Les deux filles parce qu’en dépit de leur apparente contrition elles étaient toujours jalouses de la promotion de la pauvrette, les deux maris parce que furieux qu’on leur ait imposé de tels laiderons comme épouses.
Désormais les deux couples, sous couvert de sentiments familiaux s’arrangeaient pour suivre de près les faits et gestes de Cendrillon. Et un jour Javotte poussa une exclamation de triomphe :
- Cette fois on la tient, elle est cuite, ou tout comme ! Chaque matin elle balaye elle-même sa chambre pour éviter ce travail à ses domestiques. Et c’est toujours pareil, comme ses longs cheveux la gênent pour manier le balai, elle retrousse sa robe et elle le coince un instant entre ses cuisses pour les attacher avec un ruban.
- Attacher quoi, ses cuisses ?
- Mais non, ses cheveux.
- Et alors ?
- Eh bien, une femme à califourchon sur un balai…
- Une sorcière, génial !
- Je vous avais dit qu’elle était cuite !
On convoqua en secret un membre éminent de la commission inquisitoriale des affaires de sorcellerie et on s’arrangea pour lui faire constater de visu l’instant matinal de la belle, cheveux dans la figure, robe retroussée sur les cuisses enserrant un balai.
- Une sorcière, déclara le docte personnage. C’est sûr ! Une sorcière lubrique ! Et belle de surcroit. Plus elles sont belles, plus elles sont impies et sataniques.
Cendrillon fut jugée en urgence et condamnée au bûcher. On la conduisit, pancarte infamante au cou et coiffée du chapeau des sorcières, sur les lieux du supplice. Une demie douzaine de condamnées, balai à la main et chapeau pointus étaient déjà là. En fait il s’agissait d’innocentes gamines et jeunes filles qui étaient sorties fêter Halloween. Leurs lanternes de potirons lançaient des lueurs lugubres sur la scène. Mais quand on parle de potiron, il y a quelqu’un qui n’est jamais loin, devinez qui ? La marraine évidemment, la marraine de Cendrillon, la fée experte en transformations. Un coup de sa baguette et pancarte et chapeau disparurent tandis que les potirons s’aplatissaient, s’aplatissaient, s’amincissaient, s’enveloppaient d’une aura lumineuse et venaient se placer au dessus de la tête des prétendues sorcières, devenues des saintes par la vertu de ces auréoles improvisées. Un murmure d’adoration s’éleva de la foule prête quelques instants plus tôt à hurler sa haine contre les sorcières.
Cendrillon au lieu d’être réduite en cendres fut reconduite au palais à la plus grande joie du roi. Et dans le secret de l’alcôve, ce dernier appelait malicieusement son épouse « ma sorcière bien aimée ! »
Dernière édition par tobermory le Jeu 14 Nov 2019 - 21:45, édité 1 fois
tobermory- Humeur : Changeante
Re: A. Ma sorcière bien aimée
Quel plaisir de te retrouver parmi nous Tober ! Ta plume talentueuse nous manquait.
Et ton retour est remarquable avec ce joli conte bien détourné !
Tu n'as rien perdu de ton talent !
Et ton retour est remarquable avec ce joli conte bien détourné !
Tu n'as rien perdu de ton talent !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Ma sorcière bien aimée
Ah que ce conte me plaît!
Tu as vraiment une imagination débordante. Cendrillon devenue la sorcière bien aimée du roi, voilà qui est original!
Bravo! Écris nous encore des textes comme celui-ci!
Tu as vraiment une imagination débordante. Cendrillon devenue la sorcière bien aimée du roi, voilà qui est original!
Bravo! Écris nous encore des textes comme celui-ci!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Ma sorcière bien aimée
Cendrillon qui devient la sorcière bien aimée du roi ! J'adore !
Bravo pour cette très belle histoire si bien racontée !
Bravo pour cette très belle histoire si bien racontée !
_________________
Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Re: A. Ma sorcière bien aimée
Vraiment, ton histoire est formidable. Vivante, bien racontée, on attend la fin avec impatience. Bravo !
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A. Ma sorcière bien aimée
J'arrive sur Kalé ce matin et, au plaisir suprême, un texte de Tobermory ! Quelle joie !
De plus, c'est un retour magnifique !
Non seulement ton texte est très bien écrit, mais l'histoire est savoureuse en diable.
Une idée excellente parfaitement développée.
Bref, tout est bien.
Je le redis : vraiment très content de te revoir !
_________________
"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Ma sorcière bien aimée
Ouf Cendrillon sauvée du feu. Elle aurait du laisser ses belles-soeurs au triste sort qui leur était réservé dans le conte originel. J'adore ce Prince fétichiste du pied !
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
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