A- L’amour jusqu’où?
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A- L’amour jusqu’où?
J’aurais voulu l’aider. La prendre dans mes bras comme lorsqu’elle était enfant, la bercer et lui expliquer que tout allait s’arranger, qu’avec le temps le chagrin s’efface. J’aurais voulu prendre sa peine et l’en faire mienne, pour à nouveau la voir sourire, confiante en l’avenir. Je l’écoutais m’expliquer qu’elle n’y arriverait pas, que c’était trop dur, que la vie était injuste.
Entre deux sanglots elle me disait qu’elle ne changeait pas elle, quand elle aimait les gens, ça durait toute la vie.
Entre eux deux, cela avait été le coup de foudre. Ils étaient jeunes, ils étaient beaux et débordaient de projet: une maison, un bébé, et toute une vie à s’aimer.
Jusqu’à cette première gifle, mise sur le compte de la jalousie. Il n’avait pas supporté le regard trop appuyé d’un autre homme que lui, ça l’avait mis hors de lui.
Il lui avait juré qu’il ne recommencerait pas et l’avait enveloppée de promesses et de tendresse. Elle l’avait cru, elle l’aimait, et quand elle aimait c’était pour la vie... Mais après la gifle ce fut le premier coup puis le second et cela ne s’était jamais arrêté.
Jusqu’à ce jour où elle s’était évanouie de douleur. Alors la peur de mourir avait été la plus forte et le jour suivant, pendant son absence, elle avait fait sa valise et s’était enfuie loin de lui. Et elle était là, dans mes bras, brisée mais vivante, écrasée de honte et de douleur, mais prête à combattre pour retrouver sa dignité.
Mon enfant, celle pour qui j’aurais pu déplacer des montagnes, ma fille tant aimée avait enfin pris la main que je lui tendais. Elle était là dans mes bras, à pleurer toute les larmes de son corps et je maudissais son bourreau, échafaudant des plans machiavéliques pour l’empêcher de nuire à nouveau.
J’admirais cette jeune femme qui avait eu le courage de briser ses chaînes. Je la sentais fragile, désespérée, mais déterminée à faire face à la situation. La force de se battre, elle l’avait en elle, je n’en doutais pas une seconde. Et je ne lâcherai pas sa main.
Je la laissai se vider de toute sa peine et lorsque, épuisée, elle se calma enfin, je continuai à la serrer dans mes bras en lui parlant doucement:
Enfant, tu ne tenais pas en place. À peine tes devoirs terminés, tu chaussais tes bottes blanches et partais courir la campagne. Tu te souviens ? Tu disais que tu partais à l’aventure. Parfois je te voyais au loin, assise près du ruisseau, en pleine discussion avec un chat errant, une grenouille ou un oiseau.
Un jour, tu te souviens? Tu devais avoir six ou sept ans. Le chat avait attrapé un oiseau et jouait avec, lui donnant des coups de pattes pour l’empêcher de s’enfuir. L’oiseau, à sa merci, piaillait de panique, cherchant à fuir son bourreau qui, sans ton intervention, aurait fini par le croquer. Tu t’es précipitée sur le chat pour lui faire lâcher prise. Il a planté ses griffes dans ton bras pendant que tu glissais l’oiseau au creux de tes mains. Tu n’as pas crié, tu t’es redressée , l’oiseau dans une main, le chat toujours accroché à ton bras. Tu as déposé l’oiseau sur une branche et le chat t’a enfin lâchée. Ton bras était en sang. Pendant que je soignais ta blessure tu m’as dit:
- Tu sais maman, je l’aime beaucoup ce chat et je continuerai à l’aimer malgré ce qu’il m’a fait, mais je ne lui pardonnerai pas d’avoir fait du mal à l’oiseau.
Aujourd’hui c’est toi l’oiseau et moi qui te tends la main pour que demain, tu prennes ton envol en laissant derrière toi ton bourreau derrière les barreaux.
Tu sais ma chérie, moi non plus je ne change pas, je t’aime du même amour depuis toujours et pour toujours, n’en doute jamais.
——————————-
À ce jour, 40 féminicides depuis le début de l’année. Ils ne tuent pas parce qu’ils sont amoureux, ils tuent parce qu’ils sont monstrueux.
Pour 40 victimes de meurtres, combien de femmes battues, violées, humiliées par leur compagnon? Et combien de témoins impuissants ? J’ai été l’un de ces témoins...
À ma fille et ma sœur, je vous aime pour la vie.
Entre deux sanglots elle me disait qu’elle ne changeait pas elle, quand elle aimait les gens, ça durait toute la vie.
Entre eux deux, cela avait été le coup de foudre. Ils étaient jeunes, ils étaient beaux et débordaient de projet: une maison, un bébé, et toute une vie à s’aimer.
Jusqu’à cette première gifle, mise sur le compte de la jalousie. Il n’avait pas supporté le regard trop appuyé d’un autre homme que lui, ça l’avait mis hors de lui.
Il lui avait juré qu’il ne recommencerait pas et l’avait enveloppée de promesses et de tendresse. Elle l’avait cru, elle l’aimait, et quand elle aimait c’était pour la vie... Mais après la gifle ce fut le premier coup puis le second et cela ne s’était jamais arrêté.
Jusqu’à ce jour où elle s’était évanouie de douleur. Alors la peur de mourir avait été la plus forte et le jour suivant, pendant son absence, elle avait fait sa valise et s’était enfuie loin de lui. Et elle était là, dans mes bras, brisée mais vivante, écrasée de honte et de douleur, mais prête à combattre pour retrouver sa dignité.
Mon enfant, celle pour qui j’aurais pu déplacer des montagnes, ma fille tant aimée avait enfin pris la main que je lui tendais. Elle était là dans mes bras, à pleurer toute les larmes de son corps et je maudissais son bourreau, échafaudant des plans machiavéliques pour l’empêcher de nuire à nouveau.
J’admirais cette jeune femme qui avait eu le courage de briser ses chaînes. Je la sentais fragile, désespérée, mais déterminée à faire face à la situation. La force de se battre, elle l’avait en elle, je n’en doutais pas une seconde. Et je ne lâcherai pas sa main.
Je la laissai se vider de toute sa peine et lorsque, épuisée, elle se calma enfin, je continuai à la serrer dans mes bras en lui parlant doucement:
Enfant, tu ne tenais pas en place. À peine tes devoirs terminés, tu chaussais tes bottes blanches et partais courir la campagne. Tu te souviens ? Tu disais que tu partais à l’aventure. Parfois je te voyais au loin, assise près du ruisseau, en pleine discussion avec un chat errant, une grenouille ou un oiseau.
Un jour, tu te souviens? Tu devais avoir six ou sept ans. Le chat avait attrapé un oiseau et jouait avec, lui donnant des coups de pattes pour l’empêcher de s’enfuir. L’oiseau, à sa merci, piaillait de panique, cherchant à fuir son bourreau qui, sans ton intervention, aurait fini par le croquer. Tu t’es précipitée sur le chat pour lui faire lâcher prise. Il a planté ses griffes dans ton bras pendant que tu glissais l’oiseau au creux de tes mains. Tu n’as pas crié, tu t’es redressée , l’oiseau dans une main, le chat toujours accroché à ton bras. Tu as déposé l’oiseau sur une branche et le chat t’a enfin lâchée. Ton bras était en sang. Pendant que je soignais ta blessure tu m’as dit:
- Tu sais maman, je l’aime beaucoup ce chat et je continuerai à l’aimer malgré ce qu’il m’a fait, mais je ne lui pardonnerai pas d’avoir fait du mal à l’oiseau.
Aujourd’hui c’est toi l’oiseau et moi qui te tends la main pour que demain, tu prennes ton envol en laissant derrière toi ton bourreau derrière les barreaux.
Tu sais ma chérie, moi non plus je ne change pas, je t’aime du même amour depuis toujours et pour toujours, n’en doute jamais.
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À ce jour, 40 féminicides depuis le début de l’année. Ils ne tuent pas parce qu’ils sont amoureux, ils tuent parce qu’ils sont monstrueux.
Pour 40 victimes de meurtres, combien de femmes battues, violées, humiliées par leur compagnon? Et combien de témoins impuissants ? J’ai été l’un de ces témoins...
À ma fille et ma sœur, je vous aime pour la vie.
Cassy- Admin
- Humeur : Emotionnellement vivante
Re: A- L’amour jusqu’où?
Si c’est du vécu, je voudrais être ta sœur, ta fille pour entendre les mots tellement tendres, tellement apaisants que tu leur proposes ici.
Encore un texte magnifique, émouvant , on comprend que tu y as mis tout ton cœur..
Encore un texte magnifique, émouvant , on comprend que tu y as mis tout ton cœur..
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A- L’amour jusqu’où?
Un texte digne d'être publié partout dans la presse et les médias, partout où ces horreurs se produisent et de plus en plus !
Tout ce qui est en italique déborde de tendresse, tu sais trouver les mots qui consolent !
Moi je ne suis pas ta soeur ni ta fille, mais je me contente d'un beau cadeau, celui d'être ton amie.
Tout ce qui est en italique déborde de tendresse, tu sais trouver les mots qui consolent !
Moi je ne suis pas ta soeur ni ta fille, mais je me contente d'un beau cadeau, celui d'être ton amie.
Amanda- Humeur : positivement drôle
RE A : L'amour jusqu'où ?
Cassy , on reste une maman toute sa vie , pour consoler les petits chagrins d'enfant et aussi les gros chagrins d'adulte , c'est aussi vrai pour les proches car on dit qu'un chagrin partagé est un demi chagrin ,
Bravo pour ton texte .
Bravo pour ton texte .
automne- Humeur : égale
Re: A- L’amour jusqu’où?
Elle aime et aimera pour la vie. Mais elle a fait ce qu'il fallait : fuir ce qui était tout sauf un amour. Voilà un texte très fort, merci Cassy :-)
Ameliefg- Humeur : jamais celle du jour
Re: A- L’amour jusqu’où?
Un récit fort et émouvant, Cassy.
Cette jeune femme a eu le courage de quitter cet homme malfaisant, c'était la meilleure chose à faire, et tu étais, là, pour la consoler, la soutenir.
Je ne sais pas si c'est du vécu, mais tu en parles avec ton coeur de femme et de mère plein d'amour
Cette jeune femme a eu le courage de quitter cet homme malfaisant, c'était la meilleure chose à faire, et tu étais, là, pour la consoler, la soutenir.
Je ne sais pas si c'est du vécu, mais tu en parles avec ton coeur de femme et de mère plein d'amour
_________________
Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Re: A- L’amour jusqu’où?
La force de se battre suppose la main tendue que l'on puisse saisir pour décupler ladite force.
La présence, l'affection et la persévérance.
Là, on croise souvent la grandeur des mères.
Un texte prenant qui donne à réfléchir sur le comment être, comment éduquer aujourd'hui.
L'ampleur effraye parfois, mais baisser les bras serait encore plus terrible.
La présence, l'affection et la persévérance.
Là, on croise souvent la grandeur des mères.
Un texte prenant qui donne à réfléchir sur le comment être, comment éduquer aujourd'hui.
L'ampleur effraye parfois, mais baisser les bras serait encore plus terrible.
_________________
"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A- L’amour jusqu’où?
Percutant! oui, il y a encore du chemin a faire malheureusement.
sprite!- Humeur : variable
Re: A- L’amour jusqu’où?
Quel texte ! Ecrit avec tes tripes car c'est du vécu, on n'en doute pas. Un sujet terrible mais heureusement une mère pleine d'amour et présente qui sait donner de la force à sa fille.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A- L’amour jusqu’où?
Entendre parler de cette violence dans les médias, c'est une chose.
Lire ton texte, en est une autre...
Il est terrible et plein de force à la fois
Lire ton texte, en est une autre...
Il est terrible et plein de force à la fois
silhène- Humeur : positive, autant que possible
Re: A- L’amour jusqu’où?
Ton texte est si fort que tout ce que je pourrais commenter ne serait que banalité.
Bravo Cassy pour oser partager cette histoire avec nous... et exécuter la consigne mine de rien...
Bravo Cassy pour oser partager cette histoire avec nous... et exécuter la consigne mine de rien...
Daboum- Humeur : jusqu'ici, ça va
Re: A- L’amour jusqu’où?
Un texte très fort!
Combien sommes nous à ne pas voir (ou vouloir voir) ce qui se passe...
Combien sommes nous à ne pas voir (ou vouloir voir) ce qui se passe...
Sherkane
Re: A- L’amour jusqu’où?
Un très beau texte et magnifique cette manière d'expliquer la force de cette jeune femme par le biais de cette histoire d'enfance.
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A- L’amour jusqu’où?
Et voilà, je viens flâner ici en cette fin de weekend, je lis des textes en picorant et je me régale et puis je tombe sur ce texte et l'émotion le dispute à l'admiration. Le sujet me touche, je suis toujours indignée par tous ces féminicides et par le peu d'importance accordée par les médias et puis ton texte... il est tellement fort, alors je vous prends dans mes bras et je me tais...
Plumentête- Humeur : optimiste parfois sceptique
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