A - Un livre étrange
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Zephyrine
Martine27
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A - Un livre étrange
Gaby Gnole était la concierge de la résidence « Chacun chez soi » sise en la riante ville de Fouténouslapé. Fallait pas trop la titiller la pipelette, elle menait « son » immeuble à la baguette.
Gare à celui qui aurait eu le malheur d’oublier de s’essuyer les pieds au préalable, traduisez s’essuyer les pieds, au préalable, sur le paillasson avant de monter chez lui, ce qui est une dénomination un peu longue il faut en convenir.
Par contre, je peux vous assurer que l’on aurait pu manger dans l’escalier, encore que cette idée n’avait, curieusement, effleurée personne on se demande pourquoi. Peut-être le regard digne d’une gorgone de la chère Gaby freinait-il toute tentative un tant soit peu aventureuse ou originale.
Il y avait au moins une chose que les résidents devaient reconnaître, Gaby Gnole était d’une remarquable discrétion. En cela elle dénotait au milieu de ces collègues qui prenaient un plaisir non dissimulé à porter sur la place publique les secrets de polichinelle que les locataires auraient bien aimé laisser dans l’ombre.
Non, ce n’était pas le style de Gaby. Comme elle le disait volontiers lorsque l’on louait sa discrétion « C’est toujours mieux d’avoir le nez dans un livre que dans les affaires des autres et ça rapporte plus gros au moment des étrennes. »
Elle s’était donc conformée à cette ligne de conduite depuis de très nombreuses années.
Malheureusement, elle se trouvait face à un gros problème. Comment ne pas mettre le nez dans les affaires des autres, lorsque ces affaires se retrouvaient dans un livre ? Il y a avait là un paradoxe qu’elle avait du mal à démêler.
Gaby était une grande amatrice de lecture, lorsqu’elle ne maniait pas avec enthousiasme le balai et la serpillère, elle aimait s’installer dans sa loge histoire d’avoir l’œil sur les locataires et se plonger, en même temps, dans la lecture. Ce qui à la longue pouvait fatiguer la vue et engendrer un léger strabisme divergent, mais passons, là ne git pas le dilemme qui lui embrouillait la cervelle.
Amatrice de lecture, mais ne disposant pas de moyens financiers excessifs, elle avait pris l’habitude, certes peu reluisante de fouiller dans les poubelles à la recherche des mots lâchement balancés aux ordures. Mais, comme elle le disait très justement « à la guerre, comme à la guerre » et cette manie, somme toute, inoffensive et même écologique, lui permettait d’enrichir régulièrement sa bibliothèque.
Seulement, voilà le dernier livre qu’elle avait récupéré lui causait beaucoup de soucis. Il s’agissait en fait d’un journal dans lequel l’un des locataires couchait par écrit toutes les turpitudes de ses voisins. Gaby avait bien essayé de se détacher de ces mots parfaitement choquants, mais rien à faire. Il fallait bien reconnaître que le scripteur avait une plume vitriolée terriblement addictive.
En bref, et en dépit de sa devise, notre Gaby se délectait. Toutefois, deux choses la turlupinaient. D’une part, la partie comptabilité qui s’étalait sur les dernières pages et faisait état de rentrées d’argent non négligeables, mais fort dérangeantes pour une personne qui ne recevait parfois que des queues de cerises en termes d’étrennes et d’autre part, la plus angoissante, qui était l’écrivain et pourquoi ce journal tendancieux avait-il atterri dans la poubelle ?
Gaby n’était pas tombée de la dernière pluie. Il n’était pas bien difficile de comprendre qu’elle avait entre les mains le journal de bord d’un maître chanteur de la plus belle eau.
Bien sûr, elle avait mené son enquête, mais tous, absolument tous les résidents semblaient traîner des casseroles plus ou moins lourdes et bruyantes. L’auteur aurait-il été assez malin pour brouiller ainsi les pistes ? Mais pourquoi la benne à ordures ?
Depuis, une semaine Gaby se creusait la tête pour comprendre, lorsqu’une odeur incongrue commença à envahir son escalier, elle émanait d’un appartement occupé par une vieille dame bien sous tous rapports. À la demande des autres locataires incommodés, Gaby Gnole se décida à utiliser son passe-partout pour pénétrer dans l’appartement et là, sous les yeux effarés de tous les témoins, on découvrit le cadavre plus très frais de la propriétaire. Manifestement, les lieux avaient été fouillés et la mort de la chère femme ne semblait pas totalement naturelle.
La police mena l’enquête avec diligence, mais n’aboutit à rien. Gaby, prudente, préféra ranger l’étrange livre dans un recoin de sa bibliothèque et tenter de l’oublier. Prudence étant mère de sûreté, mieux valait se contenter d’un maigre salaire que d’une place Boulevard des allongés.
Gare à celui qui aurait eu le malheur d’oublier de s’essuyer les pieds au préalable, traduisez s’essuyer les pieds, au préalable, sur le paillasson avant de monter chez lui, ce qui est une dénomination un peu longue il faut en convenir.
Par contre, je peux vous assurer que l’on aurait pu manger dans l’escalier, encore que cette idée n’avait, curieusement, effleurée personne on se demande pourquoi. Peut-être le regard digne d’une gorgone de la chère Gaby freinait-il toute tentative un tant soit peu aventureuse ou originale.
Il y avait au moins une chose que les résidents devaient reconnaître, Gaby Gnole était d’une remarquable discrétion. En cela elle dénotait au milieu de ces collègues qui prenaient un plaisir non dissimulé à porter sur la place publique les secrets de polichinelle que les locataires auraient bien aimé laisser dans l’ombre.
Non, ce n’était pas le style de Gaby. Comme elle le disait volontiers lorsque l’on louait sa discrétion « C’est toujours mieux d’avoir le nez dans un livre que dans les affaires des autres et ça rapporte plus gros au moment des étrennes. »
Elle s’était donc conformée à cette ligne de conduite depuis de très nombreuses années.
Malheureusement, elle se trouvait face à un gros problème. Comment ne pas mettre le nez dans les affaires des autres, lorsque ces affaires se retrouvaient dans un livre ? Il y a avait là un paradoxe qu’elle avait du mal à démêler.
Gaby était une grande amatrice de lecture, lorsqu’elle ne maniait pas avec enthousiasme le balai et la serpillère, elle aimait s’installer dans sa loge histoire d’avoir l’œil sur les locataires et se plonger, en même temps, dans la lecture. Ce qui à la longue pouvait fatiguer la vue et engendrer un léger strabisme divergent, mais passons, là ne git pas le dilemme qui lui embrouillait la cervelle.
Amatrice de lecture, mais ne disposant pas de moyens financiers excessifs, elle avait pris l’habitude, certes peu reluisante de fouiller dans les poubelles à la recherche des mots lâchement balancés aux ordures. Mais, comme elle le disait très justement « à la guerre, comme à la guerre » et cette manie, somme toute, inoffensive et même écologique, lui permettait d’enrichir régulièrement sa bibliothèque.
Seulement, voilà le dernier livre qu’elle avait récupéré lui causait beaucoup de soucis. Il s’agissait en fait d’un journal dans lequel l’un des locataires couchait par écrit toutes les turpitudes de ses voisins. Gaby avait bien essayé de se détacher de ces mots parfaitement choquants, mais rien à faire. Il fallait bien reconnaître que le scripteur avait une plume vitriolée terriblement addictive.
En bref, et en dépit de sa devise, notre Gaby se délectait. Toutefois, deux choses la turlupinaient. D’une part, la partie comptabilité qui s’étalait sur les dernières pages et faisait état de rentrées d’argent non négligeables, mais fort dérangeantes pour une personne qui ne recevait parfois que des queues de cerises en termes d’étrennes et d’autre part, la plus angoissante, qui était l’écrivain et pourquoi ce journal tendancieux avait-il atterri dans la poubelle ?
Gaby n’était pas tombée de la dernière pluie. Il n’était pas bien difficile de comprendre qu’elle avait entre les mains le journal de bord d’un maître chanteur de la plus belle eau.
Bien sûr, elle avait mené son enquête, mais tous, absolument tous les résidents semblaient traîner des casseroles plus ou moins lourdes et bruyantes. L’auteur aurait-il été assez malin pour brouiller ainsi les pistes ? Mais pourquoi la benne à ordures ?
Depuis, une semaine Gaby se creusait la tête pour comprendre, lorsqu’une odeur incongrue commença à envahir son escalier, elle émanait d’un appartement occupé par une vieille dame bien sous tous rapports. À la demande des autres locataires incommodés, Gaby Gnole se décida à utiliser son passe-partout pour pénétrer dans l’appartement et là, sous les yeux effarés de tous les témoins, on découvrit le cadavre plus très frais de la propriétaire. Manifestement, les lieux avaient été fouillés et la mort de la chère femme ne semblait pas totalement naturelle.
La police mena l’enquête avec diligence, mais n’aboutit à rien. Gaby, prudente, préféra ranger l’étrange livre dans un recoin de sa bibliothèque et tenter de l’oublier. Prudence étant mère de sûreté, mieux valait se contenter d’un maigre salaire que d’une place Boulevard des allongés.
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Un livre étrange
Très, très, très amusant, bien écrit, des jeux de mots qui tombent à pic!
Tu es en grande forme Martine!
Une concierge qui mène l’enquête, c’est normal, mais ton idée est très originale !
Tu es en grande forme Martine!
Une concierge qui mène l’enquête, c’est normal, mais ton idée est très originale !
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A - Un livre étrange
Très réussi, la chute me plaît énormément.
niveau imagination, on en redemande !
niveau imagination, on en redemande !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A - Un livre étrange
Affaire non résolue à Fouténouslapé
Elle ferait mieux de détruire le bouquin, sait-on jamais....
Elle ferait mieux de détruire le bouquin, sait-on jamais....
silhène- Humeur : positive, autant que possible
Re: A - Un livre étrange
Merci à toutes.
@ Silhène : Ce serait certes plus raisonnable, mais pas facile de détruire un livre, même s'il est dangereux !
@ Silhène : Ce serait certes plus raisonnable, mais pas facile de détruire un livre, même s'il est dangereux !
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
RE A : Un livre étrange
Bravo Martine , on a hate de connaitre la fin de ton histoire !
automne- Humeur : égale
Re: A - Un livre étrange
Merci Automne, je ne pense pas qu'il va y avoir de suite, ce n'est pas prévu en tout cas
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Un livre étrange
Encore une fois un texte absolument bien écrit qui raconte un épisode inattendu de la vie d'une concierge !
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A - Un livre étrange
Heureusement que ce n'est pas monnaie courante ce genre de mésaventure !
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
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