a. Deux sœurs

Olivia rêve encore d'une sœur qui soit une confidente. Une double d'elle-même à qui elle pourrait confier tous ses tourments, qui la comprendrait avant même qu'elle ne s'exprime.
Et pourtant Olivia a une sœur plus âgée qu'elle qui vit sous le même toit et à qui parfois elle parle. Pas très souvent certes. Mais cette soeur lui porte de temps à autre un intérêt en lui demandant si elle a fait ses devoirs car c'est une obligation. Ce à quoi elle répond oui, quand c'est oui, mais se tait quand c'est non. De toute façon l'autre en question ne porte aucune attention à la réponse. Elle pose la question parce qu'elle estime qu'il est nécessaire de la poser. Ça l'apaise. Elle pense avoir ainsi accompli ce qu'elle se devait de faire, en raison des liens qui les unissent. Donc, tout est bien.

L'autre s'appelle Sylvia. Elle aussi aurait bien aimé avoir auprès d'elle une sœur conforme à ce qu'elle avait espéré. En tant que plus âgée elle lui apprendrait  toutes les choses de la vie telle qu'il faut la mener dans tous les domaines nécessaires à son accomplissement. Mais voilà, la personne qu'elle croise dans la maison n'a rien d'un comportement de sœur telle que cela devrait être. Et pourtant Olivia est bien sa sœur.

La place que j'occupe m'oblige à observer tout cela. C'est  mon rôle j'essaye de l'accomplir du mieux possible. Je suis quand même leur mère. L'autre jour à table, c'était manifeste qu'elles se snobaient ouvertement et visiblement. Pas une parole échangée entre elles. L'indifférence. Comme si l'une par rapport à l'autre n'avait aucune existence. C'est désolant. La mère que je suis ne sais pas comment faire véritablement. Elles n'acceptent pas leur état, et pourtant il le faut. C'est ainsi.

Croyez-moi, ce n'est pas très facile d'être la Mère supérieure du couvent des Soeurs du Saint-Prépuce.