a. Jardin d'Éden
+3
Zephyrine
Amanda
alainx
7 participants
Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 632
Page 1 sur 1
a. Jardin d'Éden
— Tu vois ce portillon vert comme l'espérance, il y a bien longtemps que j'aimerais le pousser et pénétrer dans ce jardin d'Éden dont on a déjà parlé, il y a bien longtemps, me dit Oriane d'une voix à la fois timide, profonde et forte.
— Mais pourquoi voyons ! Ce jardin, bien qu'il soit très fleuri, semble à l'abandon il n'y a qu'à lever le loquet. Si tu y entres faire un tour tu ne fais rien de mal ! Franchement je ne vois pas ce que tu risques.
Oriane fixa son regard sur moi. Je vis l'intensité de la brillance au fond de ses yeux. Alors sans rien dire elle me prit par la main, un peu comme on prend celle d'un enfant, et d'un pas résolu en me tirant par le bras, elle ouvrit le portillon et pénétra résolument dans le jardin d'Éden. D'une voix ferme et douce à la fois elle prononça ces mots :
— Viens ! C'est maintenant pour toi et moi.
Je n'ai jamais oublié cet instant-là, ce jour-là. C'était au milieu de l'été. Un énorme rosier qui croulait sous les roses rouges m'avait frappé. Nous avons marché lentement le long de l'allée qui menait au fond du jardin, nous arrêtant de nombreuses fois pour admirer des plantes plus exotiques les unes que les autres. Un moment nous nous sommes retrouvés devant une plante exubérante et majestueuse, on aurait dit des rhubarbes géantes. C'est là qu'elle m'a embrassé et sa bouche était aussi géante que la plante. J'ai aussitôt ressenti une ivresse extraordinaire. À la sensation du baiser s'ajoutait les senteurs des plantes multicolores et inconnues qui envahissaient mes narines et me montaient au cerveau. J'avais l'impression de changer d'univers, d'entrer dans un monde qui était à moi, pour moi et pour Oriane.
Nous avons poursuivi dans l'allée ressentant un bonheur immense. Tout nous appartenait désormais. Même pour le simple envol d'un papillon, tout le ciel est nécessaire, rien ne doit être une entrave quelconque et nous étions comme deux papillons virevoltants dans le souffle de l'amour éternel. J'ai eu l'évidence qu'il fallait que nous allions jusqu'au bout de ce chemin. Mais à mesure que nous avancions, le chemin se poursuivait encore et encore. Combien d'heures avons-nous marché ? Le temps semblait suspendu.
— Il faudrait penser à rentrer maintenant, il se fait tard, ai-je dit à Oriane avant de l'embrasser une fois encore. Elle n'a pas répondu, elle n'a pas fait demi-tour, elle a continué de marcher vers là-bas. Mais on ne savait où exactement. Mais c'était là-bas qu'on nous attendait. alors je suivais, comme je pouvais.
Non, je ne suis pas capable de vous dire ce qu'il est advenu. Je crois qu'elle a continué à marcher, comme infatigable. Un moment je n'ai plus vraiment senti mes jambes. Tout allait me lâcher. Est-ce que j'ai perdu connaissance ? Encore aujourd'hui je ne le sais pas. selon toute vraisemblance j'ai dû faire demi-tour, craignant pour ma vie et il me semble que de toute façon je ne voyais plus Oriane.
On m'a dit que c'est un homme, un touriste, sac à dos qui traversait le village alangui qui m'a retrouvé, avachi, hirsute, au pied du portillon vert, à l'extérieur dans la rue. Il paraît qu'on s'est affolé, qu'on a appelé les pompiers de la ville d'à côté. J'avais une sale tête, aussi verte que le portillon, m'a-t-on expliqué. On a cru que j'allais mourir. En réalité j'étais simplement épuisé. Les pompiers m'ont vraiment conseillé de m'alimenter et de boire parce que paraît-il j'étais déshydraté, puis de voir un médecin, mais que pour eux il n'y avait aucune nécessité de m'amener aux urgences.
Oriane est certainement arrivé au bout du chemin. Je l'attends. Je suis sûr qu'elle reviendra. Même si cela fait plusieurs années que je viens chaque été voir ce qu'il en est de ce portillon et du jardin. Simplement pour rien au monde je le franchirais à nouveau. je regarde longuement l'allée. J'ai la certitude qu'un jour Oriane apparaîtra tout au fond,venant de tout là-bas. Je pourrais alors voir en elle toute la Vérité.
_________________
"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: a. Jardin d'Éden
Un texte en deux parties, la première idyllique, la seconde qui ne tarde pas à tourner au cauchemar.
Rêve très détaillé, avec de très beaux passages descriptifs virant vers l'absurde avec la bouche géante et des senteurs enivrantes.
Je pense à une allégorie pour évoquer une séparation où tu as perdu la contrôle, en y laissant tes forces.
Mais tout finit quand même sur une note d'espoir, cette attente constante de La Vérité.
A nous d'interpréter, ce que je viens de faire.
Mais je me trompe peut-être ?
Rêve très détaillé, avec de très beaux passages descriptifs virant vers l'absurde avec la bouche géante et des senteurs enivrantes.
Je pense à une allégorie pour évoquer une séparation où tu as perdu la contrôle, en y laissant tes forces.
Mais tout finit quand même sur une note d'espoir, cette attente constante de La Vérité.
A nous d'interpréter, ce que je viens de faire.
Mais je me trompe peut-être ?
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: a. Jardin d'Éden
Et si ce n’était pas un rêve ?
J’ai bien aimé les 2 parties de ton textes.
Les mots sont justes, pas mièvres du tout. Ils parlent d’amour, de séparation (due à la mort?)
Chacun peut interpréter cette histoire à sa façon et je parie qu’alainx n’en donnera pas sa version !
Je vais encore y penser longtemps!
J’ai bien aimé les 2 parties de ton textes.
Les mots sont justes, pas mièvres du tout. Ils parlent d’amour, de séparation (due à la mort?)
Chacun peut interpréter cette histoire à sa façon et je parie qu’alainx n’en donnera pas sa version !
Je vais encore y penser longtemps!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: a. Jardin d'Éden
@ Amanda
Non, tu ne te trompes pas. C'est un texte où chaque lecteur voit et interprète comme il le veut, selon qui il est. Un de ces textes où il faut « se laisser faire » comme chacun de nous en a sûrement lu. Oui, une sorte d'allégorie, sur la vie, la mort, le destin, l'audace et la peur. La confiance aussi. Oriane et le narrateur sont différents à ce sujet.
(Et le prénom Oriane n'a pas été choisi par hasard…)
@ Zephyrine
Un rêve ? Il y a tellement de rêve dans la réalité…
Oui, chacun interprète à sa façon, probablement selon sa personnalité, l'état de son âme, le sens qu'il donne à LA vie qui lui permet de vivre SA vie…
Je ne peux pas donner ma version, parce que celle à laquelle je pense à l'instant et tout autre que celle que je donnais hier…
Parce que la vie… est vivante… et nos états intérieurs tout autant. Pour que ça cesse faudra que l'on soit mort…
Non, tu ne te trompes pas. C'est un texte où chaque lecteur voit et interprète comme il le veut, selon qui il est. Un de ces textes où il faut « se laisser faire » comme chacun de nous en a sûrement lu. Oui, une sorte d'allégorie, sur la vie, la mort, le destin, l'audace et la peur. La confiance aussi. Oriane et le narrateur sont différents à ce sujet.
(Et le prénom Oriane n'a pas été choisi par hasard…)
@ Zephyrine
Un rêve ? Il y a tellement de rêve dans la réalité…
Oui, chacun interprète à sa façon, probablement selon sa personnalité, l'état de son âme, le sens qu'il donne à LA vie qui lui permet de vivre SA vie…
Je ne peux pas donner ma version, parce que celle à laquelle je pense à l'instant et tout autre que celle que je donnais hier…
Parce que la vie… est vivante… et nos états intérieurs tout autant. Pour que ça cesse faudra que l'on soit mort…
_________________
"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: a. Jardin d'Éden
Un texte dans lequel on se laisse porter. Quand à l'interpréter, effectivement chacun le fait à sa manière et selon son humeur de l'instant
Bien aimé
Bien aimé
Sherkane
Re: a. Jardin d'Éden
Qui est cette mystérieuse Oriane ? En lisant ton texte j'ai eu l'impression de lire le mythe d'Orphée, mais à l'envers
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: a. Jardin d'Éden
Martine27 a écrit:Qui est cette mystérieuse Oriane ? En lisant ton texte j'ai eu l'impression de lire le mythe d'Orphée, mais à l'envers
Je n'ai pas choisi ce (rare) prénom par hasard , d'abord parce que l'étymologie du prénom est variée et controversée. J'ai opté pour l'option latine : Orient, orientale.
Qui vient de la lumière et retourne à la lumière, et donc quelque peu : de la lumière à la lumière.
C'est vrai que ça peut ressembler au mythe d'Orphée à l'envers… ou à l'endroit… parce que le narrateur a lui aussi perdu son Oriane… mais elle semble rester dans le jardin d'Éden plutôt que retourner aux Enfers. Alors que lui est sorti du jardin.
Ce fut peut-être son erreur.
(Mais je n'avais aucune intention d'évoquer cela ni ces prolongements… n'empêche que j'aime beaucoup les interprétations diverses possibles…)
_________________
"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: a. Jardin d'Éden
Oriane vivait dans un monde imaginaire, créée par elle, et lui, après avoir essayé de la suivre, a chuté car trop prisonnier de la réalité. Il l'a perdue à jamais, n'ayant pas pu entrer dans son monde et prisonnier de son monde à lui.
_________________
Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Sujets similaires
» A. Au fil de mon été au jardin des Milelli. Myrte
» A. Le jardin désenchanté
» A. Un si beau jardin
» B. Un nain de jardin
» C. Les oiseaux de mon jardin
» A. Le jardin désenchanté
» A. Un si beau jardin
» B. Un nain de jardin
» C. Les oiseaux de mon jardin
Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 632
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|