B - Montagne ou taupinière

- C’est un scandale, ces salaires exorbitants que gagnent les joueurs de foot, de tennis, ces pilotes de Formule 1! En plus, ils vont vivre dans des paradis fiscaux pour échapper à l’impôt! Je t’interdirais ça, si j’étais au pouvoir, dit Paul!!!

- D’accord, mais il ne faut pas oublier que la carrière d’un sportif de haut niveau ne dure pas longtemps… lui répond Jacques.

- Il n’empêche, ça ne justifie pas de gagner autant d’argent à ne rien faire d’utile pour la société!

- Si c’est si facile, tu n’as qu’à le faire, toi!

Autour du bar chez Maurice, ce genre de conversations est monnaie courante. La plupart du temps dans un langage moins… choisi! Le genre humain est ainsi fait, chacun a ses propres priorités. Nombreux sont les Paul, les Jacques pour qui la seule chose qui soit essentielle, c’est le résultat du Paris Saint-Germain ou de l’Olympique de Marseille. Bien sûr, cela fait partie du quotidien de notre monde moderne. Assister à un beau spectacle, qu’il soit sportif ou culturel, pourvu qu’il nous fasse vibrer, c’est du bonheur!

Seulement voilà!

Au fond de la salle, loin de la conversation des piliers de bar, Pierre lui a d’autres préoccupations: Il ne peut pas s’empêcher de penser à tous ces pauvres gens qui se terrent dans des abris de fortune pour échapper aux bombes qui pleuvent… C’est vrai, à son niveau, il se sait impuissant! Arborer un drapeau à sa fenêtre, verser quelques euros à une œuvre caritative… C’est dérisoire, mais c’est mieux que l’indifférence.

Alors, bien entendu, Pierre passe pour le rabat-joie de la soirée! Franchement, il n’est pas drôle, ce soir! Il ferait mieux de venir boire un coup avec les copains. Surtout que ça ne changera rien de faire la gueule dans son coin…

C’est un rêveur, Pierre, il voudrait que les guerres cessent, que les hommes et les femmes s’entraident, qu’ils respectent les animaux, les arbres, les mers, la vie quoi!

Autrement dit, il aimerait que chaque individu regarde les événements qui nous entourent sans lunettes déformantes, en respectant l’échelle des valeurs morales, des souffrances, de la misère… En regardant le monde tel qu’il est, imparfait, mais perfectible. Sans accorder plus d’importance qu’il ne faut aux plaisirs artificiels. Il aime à rappeler une citation qui sonne comme un proverbe: