A - Histoires de doudous

Abordons dans la joyeuse vie des doudous.

Je vais vous en présenter trois paires. Il faut ce qu'il faut.

D'abord, les miens. J'ai l'honneur de vous présenter Minette à droite, Minet à gauche. Attention, Minette et Minet sont passés depuis quelque temps au rang d'antiquités. Autrement dit, ils ont plus de cinquante ans.



Minette m'a été offerte par mon oncle et parrain pour mon premier Noël, j'avais donc cinq mois, et elle fut tout de suite adoptée, paraît-il, vous vous doutez bien qu'en ce qui me concerne ce souvenir m'a quelque peu échappé. N'étant pas encore père, mon très cher Tonton crut faire coup double pour mon anniversaire en m'offrant sept mois plus tard le frère de Minette, baptisé très logiquement Minet.

Bien sûr, échec.

Certes, Minet dormait aussi avec moi, mais celle qui était mâchouillée avec délectation, traînée partout avec amour, c'était Minette.

D'ailleurs, il suffit de voir l'état de délabrement de la malheureuse peluche, recousue, rafistolée, rapetassée tant et plus. Son visage est une espèce de caoutchouc, c'est ferme tout en étant assez mou.

Je trouve que même comme ça, elle a toujours une bouille qui donne envie de rigoler.

Bien maintenant, je suis d'accord avec vous, ça ne ressemble absolument pas à des chats, d'ailleurs bien malin sera celui qui arrivera à déterminer leur race. Mais, il faut croire que j'avais déjà attrapé un virus pro-félin, puisque j'avais décrété (pas à cinq mois, nous sommes bien d'accord, je n'étais pas précoce à ce point) qu'il s'agissait de chats.

Petite histoire à ce sujet qui fait partie des légendes familiales répétées à l'envie par les parents et grand-mère. Nous étions quelque part en vacances du côté de la Vendée ou de la Bretagne, je ne sais plus très bien. En tout cas, à cet endroit, il y avait un bac pour rejoindre une île quelconque, celui-ci avait dû m'impressionner, parce que le soir, je racontais à ma grand-mère que Minette et Minet allaient prendre le bac pour se rendre au bal des Chatounets. J'étais aussi atteinte du virus du conte, comme quoi les aventures enfantines restent fermement ancrées dans le cerveau.

Sachez que Minette et Minet sont toujours avec moi, ils sont toutefois rangés bien à l'abri.

Passons maintenant, si vous le voulez bien, aux doudous de Monsieur mon héritier.

Comme vous pouvez le constater, celui de gauche a été très, très aimé. Mais, vous interrogez-vous, pourquoi y a-t-il deux nounours ?



Eh bien, tout d'abord, sachez qu'au milieu du tas de peluches arrivé pour sa naissance, c'est celui-ci qui a fait tilt dans le cœur de mon chaton. Peut-être parce qu'il avait une bille dans la tête et qu'il faisait du bruit.

À l'époque, jeune mère croyant aux préceptes d'hygiène et encore fort naïve sur les capacités perverses des bébés, je tombais dans le même piège que mon oncle. Un jour, en passant dans les rayons d'un magasin de jouets, comme si mon loupiot n'était pas assez pourvu de ce côté-là, je croisai le chemin du jumeau de Nounours. Bien sûr, dans ma petite tête, je me suis dit « Je vais faire un roulement entre les deux, de cette façon quand l'un sera cra-cra, direction la machine à laver, ni vu, ni connu, passer muscade. »

Inutile de vous dire que la tactique a lamentablement échoué.

Nounours bis n'a connu qu'un succès d'estime, juste le temps que l'autre aille faire son tour en machine et soit sec.

J'avais bien essayé, comme stipulé dans les livres d'élevage de marmots, de transmettre mes phéromones à ce sacré nounours, et à trente ans, je m'étais retrouvée à dormir avec un nounours ! Mais, où je n'avais pas une odeur assez attirante, ou mon mini monstre avait le nez bouché, mais ça n'a jamais fonctionné, le truc de « l'odeur à maman », vaste arnaque, je vous le dis !

Histoire de vous montrer l'attachement de mon fils pour Nounours, dit aussi Nounouche, voilà les deux bestioles immortalisées pour son second anniversaire.

Le photographe, qui portait d'ailleurs le même prénom que mon fils, l'avait bien mis en confiance et beaucoup fait rire. Monsieur mon fiston était déjà à l'époque très prévoyant. Il avait donc emmené avec lui son doudou, un biscuit Paille d'Or histoire de ne pas risquer l'hypoglycémie et ne me demandez pas pourquoi, une poignée de cotons tiges. Cet enfant peut être très surprenant parfois.



Ma première petite chatte, accueillie bébé à la maison, avait accaparé une peluche McDo Tigre. Je peux vous dire que ces choses sont hyper résistantes, parce qu'avec les trempes qu'elle se prenait régulièrement, elle a résisté vaillamment au fil des ans. En fait, il y avait deux p'tits tigres du même genre. Eh bien, chatonne ou bébé, même combat. Elle ne jouait qu'avec un seul, l'autre strictement identique était purement et simplement snobé. Bien sûr, au cours des jours, ils ont fini par être facilement identifiables.



De temps en temps, au petit matin, ma petite demoiselle venait s'installer sur mon lit et amenait parfois son doudou.

La première fois qu'elle l'avait fait, ça avait été panique à bord.

Pourquoi donc ? Je m'explique. Une nuit, donc, j'avais été tirée du sommeil par des miaulements plaintifs. Même si Monsieur Fils avait quitté le nid familial, l'instinct maternel ne m'avait manifestement, toujours pas quittée. J'avais fait un saut de carpe dans le lit, me demandant ce qui arrivait à ma minette. Vu les miaulements, elle avait sûrement mal quelque part. Donc tâtonnements sur la table de nuit pour trouver mes lunettes, retâtonnements pour trouver l'interrupteur, je sais le contraire serait plus logique, mais je commence toujours par chercher mes lunettes. Vlan, un grand coup de lumière dans les yeux, heureusement que les ampoules économie d'énergie ne montent en puissance que lentement, regard affolé autour de moi, m'attendant à trouver ma chatoune à l'article de la mort.

Eh bien, non il s'agissait seulement du petit animal qui venant me rejoindre en tenant sa peluche dans la gueule, seulement, figurez-vous que miauler avec la bouche occupée, ce n'est pas facile, d'où les miaulements étranges qui m'avaient fait peur.