A. Le retour de Pomponnette

Maurice, le cerf était un doux rêveur.
Il aimait regarder les oies sauvages défiler en rangs serrés dans le ciel.
Ce matin-là, comme une bande d'étourneaux approchait, il leur proposa de s'installer  dans ses bois.
Un peu de repos ne leur ferait pas de mal.
Et surtout, surtout, Maurice avait grand besoin de compagnie.

Car Maurice était  un cerf très malheureux.
Sa biche l'avait quitté la veille pour suivre Alain, un jeune daim qui portait fièrement de grands bois plats et palmés.
Drôle d'idée !

Tout le monde sait que le cerf est voué à rester solitaire un jour ou l'autre car la tradition veut que les biches rejoignent leurs jeunes, c'est la loi de la jungle.
Mais pour la biche à Maurice c'était bien trop tôt.
D'abord elle n'avait pas encore de petit.
Et surtout Alain n'était qu'un étranger de passage !

Dumbo, l'éléphant et Shere Khan, le tigre, s'étaient récemment enfuis de l'empire de Walt Disney.
Marre d'être exposés, exploités, regardés par des millions d'inconnus !
Au diable la fiction, ils allaient rejoindre les animaux dans la forêt pour vivre leur vie en vrai !
Shere Khan surtout voulait se débarrasser de son image de cruauté, véhiculée par Mowgli !
Dumbo, dans sa grande sagesse, avait quand même pris soin d'empiler quelques valises contenant le fruit de leur travail, un vrai trésor de guerre.

Lorsque ces trois-là se rencontrèrent par hasard, les oiseaux, pris de panique s'envolèrent aussitôt.
Maurice tenta une fuite en voyant Shere Khan mais Dumbo lui barra le chemin.
Une trève s'imposa surtout quand l'éléphant déballa le contenu d'une valise pleine de gourmandes surprises, ce qui apaisa les esprits et les estomacs.
De file en aiguille, Maurice se laissa aller à quelques confidences.
Dumbo et Shere Khan le prirent en pitié et décidèrent de l'aider à retrouver sa biche.

L'éléphant barrit...
Le tigre rugit...
Le cerf brama...

Tellement fort que le jeune daim,  Alain,  prit en toute vitesse la poudre d'escampette en abandonnant la bichette.
Laquelle, telle une certaine Pomponnette*, rentra au bercail  sur la pointe des pattes.
Le cerf trop content , la régala toute la nuit de son brame.
Le tigre  et l'éléphant passèrent une nuit blanche mais aucun des deux ne se plaignit.

Moralité :
Il faut s'entraider, c'est la loi de la jungle .


* «  La femme du boulanger » Marcel Pagnol.

En voilà une fameuse bande d’animaux!
Il s’en passe des choses dans les bois.
Un texte assez déjanté,  tu devais être  de bonne humeur quand tu l’as écrit,  non?
J’ai beaucoup aimé  le dernier paragraphe!

Quant à  la morale, elle n’est pas très...morale!

Quand les personnages du film de Pagnol rencontrent ceux de Disney ça donne un texte d’Amanda savoureux et une bonne leçon de solidarité.

Ton récit m'a évoqué une vieille émission de télé « la vie des animaux »  générique ICI
avec les commentaires d'un journaliste : Claude Darget qui avait, dans les années 60, un humour poétique et décalé, un peu dans le genre de François Morel aujourd'hui.
Et aussi l'évocation de la tirade de Pagnol quand Pomponnette revient de ses escapades et qui de fait s'adresse à la femme du boulanger. Un morceau d'anthologie.

Une biche en Pomponette , une idée originale qui montre aussi l'entraide entre les animaux .

Sacré mix entre Disney, Pagnol et La Fontaine !