A. Retour d'exil

Après la guerre, retour dans mon pays.
Retrouver les parfums, les couleurs, le gout d’enfance.
Mais il ne reste que sable et ruines
Les souvenirs enfouis n’ont pas ressurgi.
J’ai cherché la maison, l’école, mon grand-père, ma grand-mère, mais le vent a tout balayé.
J’ai usé mes yeux vers l’horizon dans le silence des dunes
J’en ai perdu la notion du temps.
Je suis d’ici mais ne connais pas ma terre.
En exil, j’ai passé les frontières.
Aujourd’hui, mon corps se cogne à la lisière.
Je reste sur la bordure sans armure.
Le soleil se lève et la nuit tombe ici comme ailleurs.
Mes pieds sont froids mais ma peau est de là.
Mes cheveux sont ceux de mes frères mais ils ne me connaissent pas.
Renégat, traitre, hérétique, qui suis-je ?
Honteux, humilié, désemparé, je demande pardon.
Je cherche réconfort, reconnaissance.
Ici comme ailleurs, elle n’existe pas.
Ils ne savent pas que j’ai dormi au bord de l’autoroute,
Sur terrain vague, entre murs de tags,
A réchauffer mes mains à tous les feux,
A voir passer d’autres qui ne me voyaient pas.
Il en a fallu du courage pour partir
Passer la frontière.
Serai-je plus valeureux d'être resté ?