A. Lessive et amitié.

Nous sommes en 1920 en Italie, un lundi, jour de lessive.

Angéla, Maria-Pia et Bianca sont heureuses, malgré la corvée qui les attend.
Comme chaque semaine, elles se retrouvent au lavoir, entre amies.

La veille, le linge a bouilli dans l’eau infusée de cendres et tôt le matin, elles se rendent au bord de l'eau pour taper, frotter, savonner, rincer les draps et les vêtements qu’elles tordront de leur mieux, pour ensuite les étendre sur des fils ou sur l’herbe fraîche d’une prairie.

Arrivées au lavoir, elles se saluent gaiement, déposent leur panier à linge sur la margelle et ne tardent pas à se mettre au travail.

-Quel boulot cette semaine, se plaint Angéla, mon petit dernier a été malade, je me demande si je viendrai à bout des vilaines taches qui maculent ses vêtements.

-Regardez ces tabliers, s’écrie Bianca, ils ont été éclaboussés de la sauce aux  tomates que j’avais préparée hier!

-Le battoir ne suffira pas à détacher ton linge, avertit Maria-Pia.

Vers 10 heures, il fait déjà chaud sous le soleil. Les trois femmes s'offrent un petit moment de repos.
Assises sur la margelle, un gobelet d’eau fraîche rempli à la fontaine, elles dégustent un morceau du panettone, préparé par Angéla. Après quelques minutes, commence la vraie récréation. Elles se délectent alors  des potins et papotent à propos de tout et de rien. Chacun en prend pour son grade, les commérages vont bon train.

-Quoi de neuf dans le village? questionne Angéla.

-Le Padre Camillo s’est encore disputé avec le maire, ils en sont venus aux mains, assure Maria-Pia.

-Ce dimanche à la messe, la Contessa portait un chapeau démesuré, assure en riant Bianca, un oiseau aurait pu y faire son nid!

Il est grand temps de retourner au travail, mais les cancans ne cessent pas pour autant :

-Lorenzo et Manuela ne se quittent plus, ils ont à peine 18 ans, ils seront bientôt fiancés.
Georgia est enceinte, j’en suis certaine, je devine toujours quand une femme attend un bébé.

Elles ne racontent jamais rien de bien méchant, mais une belle amitié est née de ces rencontres hebdomadaires, de ces secrets confiés qui rendent la corvée moins pénible et ainsi, le temps passe plus vite!

Laquelle pourrait alors deviner qu’en l’an 2000, seuls dans la buanderie ultra-moderne de leur maison, des femmes ou des hommes, pousseront simplement sur la touche “Start” du lave-linge et ensuite sur celui du séchoir et se plaindront des cycles de lavages tellement longs… mais… viendront voir ce lavoir en se disant : ”c’était le bon temps!”

Ah ! La dégustation des potins ! Voilà un mets de choix !
Il est vrai qu'appuyer sur le bouton du lave-linge qui va faire un bruit d'enfer, c'est beaucoup moins poétique.
Mais bon, à présent les potins sont sur les réseaux sociaux !

Ton texte nous emmène en voyage en Italie à l'époque où on utilisait la cendre pour la lessive, où le lavoir était le lieu de rencontre des femmes, où les potins s'échangeaient. C'était avant la machine à laver...

" Ce n'était pas le bon temps " C'était un travail épuisant pour ces femmes qui devaient en plus entretenir la maison et cuisiner , les machines modernes les ont libérées !

Oh que oui, automne, on oublie vite!

Sympa le petit clin d'oeil à ce cher Don Camillo !

Un tableau réaliste très bien raconté qui laisse la place à la dure pratique des lavandières tout en soulignant les avantages de notre siècle, "libérateur" des corvées de lessive.
Mais moi je dis que pur les potins, on trouve toujours un endroit autre que les réseaux sociaux ou devant la machine, pour se les changer, n'est-ce pas, Zéphyrine ?
Surtout ne leur dit pas ici !