A. Vivifiant le réveil de mes peurs enfantines !
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A. Vivifiant le réveil de mes peurs enfantines !
« C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit ». Cette strophe me trotte dans la tête depuis la nuit tombée. Mais pourquoi me revient-elle en mémoire, si lancinante ? Quand donc l’ai-je mémorisée, qui en est l’auteur ? Mais peu importe, elle n’arrête pas de tourner en boucle et sans arrêt : « C’était pendant l’horreur…. »
Au tout début je n’y ai prêté qu’une attention superficielle. Parfois c’est un mot, une onomatopée, une phrase, un refrain, une mélodie, une ritournelle… Mais c’est toujours fugace, éphèmère. Mais là non ! Elle est imprimée comme sur un microsillon rayé que lisait mon vieil électrophone : « C’était pendant l’horreur… »
J’entends l’orage, le vent se lève tout juste pour réduire la voilure, les grosses vagues roulent les galets. On est loin des déferlantes. Je me rassure. Je passe quelques jours seul dans une petite maison familiale qui donne directement sur l’océan, à deux pas du port d’Audierne, au loin la pointe du Raz, un peu plus loin les phares et lumières de l’île de Sein. Cela fait si longtemps que je ne n’y suis pas venu. J’éprouve une vraie quiétude. J’a pprécie déjà ce séjour tranquille qui sera fait de balades, pêches, lectures et de rencontres pour tout oublier du quotidien d’une vie parfois cahotique.
La brume tombe, se fait de plus épaisse. Le bruit de l’océan s’atténue et devient sourd. Et pourtant je me sens intranquille. L’inquiétude monte insidieusement. J’ai l’impression d’être glacé. Le chauffage a du mal à s’imposer à la pierre de granit. Un potage, vite réchauffé et aussitôt consommé, n’y change pas grand’chose. Je commence à avoir le bourdon. « C’était pendant l’horreur… »
Au-delà du jardin qui descend jusqu’à surplomber les premiers rochers, je devine la collerette d’écume sur les rouleaux qui se forment. La nuit est maintenant tombée, j’aperçois au loin l’alternance rassurante du rayon du phare de la Vieille. Le vent se lève. Je commence à l’entendre, faible certes, mais je sais combien je crains son bruit qui enfle en fonction de sa puissance. Soudain la corne de brume se déclenche au rythme de la houle. Je n’ai jamais pu supporter ce son qui la nuit m’angoisse et me fait craindre l’annonce de mauvaises nouvelles. « C’était pendant l’horreur… »
Mes peurs enfantines me reviennent. Ainsi l’Ankou* me terrorisait la nuit, le grincement de sa charrette annonçait un mauvais présage. Je n’avais qu’une peur : ressentir « le grand frisson de la mort » lors du passage de son oiseau. Mes parents avaient beau en parler dans la langue bretonne (qu’ils ne m’ont jamais apprise), je devinais ce qu’ils se disaient
Cette première nuit de vacances fut bien blanche !
« C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit ».
Racine aurait donc raison !
En Bretagne, l’Ankou est la personnification de la Mort et/ou son ouvrier dont le rôle est de venir chercher les moribonds pour les conduire dans l’autre monde après les avoir fait passer de vie à trépas. Il tire son nom d’une racine celtique nek signifiant tuer, périr. La première mention connue de ce terme est une glose d’un texte latin remontant au IXe siècle.
Au tout début je n’y ai prêté qu’une attention superficielle. Parfois c’est un mot, une onomatopée, une phrase, un refrain, une mélodie, une ritournelle… Mais c’est toujours fugace, éphèmère. Mais là non ! Elle est imprimée comme sur un microsillon rayé que lisait mon vieil électrophone : « C’était pendant l’horreur… »
J’entends l’orage, le vent se lève tout juste pour réduire la voilure, les grosses vagues roulent les galets. On est loin des déferlantes. Je me rassure. Je passe quelques jours seul dans une petite maison familiale qui donne directement sur l’océan, à deux pas du port d’Audierne, au loin la pointe du Raz, un peu plus loin les phares et lumières de l’île de Sein. Cela fait si longtemps que je ne n’y suis pas venu. J’éprouve une vraie quiétude. J’a pprécie déjà ce séjour tranquille qui sera fait de balades, pêches, lectures et de rencontres pour tout oublier du quotidien d’une vie parfois cahotique.
La brume tombe, se fait de plus épaisse. Le bruit de l’océan s’atténue et devient sourd. Et pourtant je me sens intranquille. L’inquiétude monte insidieusement. J’ai l’impression d’être glacé. Le chauffage a du mal à s’imposer à la pierre de granit. Un potage, vite réchauffé et aussitôt consommé, n’y change pas grand’chose. Je commence à avoir le bourdon. « C’était pendant l’horreur… »
Au-delà du jardin qui descend jusqu’à surplomber les premiers rochers, je devine la collerette d’écume sur les rouleaux qui se forment. La nuit est maintenant tombée, j’aperçois au loin l’alternance rassurante du rayon du phare de la Vieille. Le vent se lève. Je commence à l’entendre, faible certes, mais je sais combien je crains son bruit qui enfle en fonction de sa puissance. Soudain la corne de brume se déclenche au rythme de la houle. Je n’ai jamais pu supporter ce son qui la nuit m’angoisse et me fait craindre l’annonce de mauvaises nouvelles. « C’était pendant l’horreur… »
Mes peurs enfantines me reviennent. Ainsi l’Ankou* me terrorisait la nuit, le grincement de sa charrette annonçait un mauvais présage. Je n’avais qu’une peur : ressentir « le grand frisson de la mort » lors du passage de son oiseau. Mes parents avaient beau en parler dans la langue bretonne (qu’ils ne m’ont jamais apprise), je devinais ce qu’ils se disaient
Cette première nuit de vacances fut bien blanche !
« C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit ».
Racine aurait donc raison !
En Bretagne, l’Ankou est la personnification de la Mort et/ou son ouvrier dont le rôle est de venir chercher les moribonds pour les conduire dans l’autre monde après les avoir fait passer de vie à trépas. Il tire son nom d’une racine celtique nek signifiant tuer, périr. La première mention connue de ce terme est une glose d’un texte latin remontant au IXe siècle.
tadig- Humeur : Plutôt bonne
Re: A. Vivifiant le réveil de mes peurs enfantines !
Wahou !
Merci pour ce voyage au cœur de la nuit bretonne et de son « folklore » de personnages inquiétants
Merci pour les explications très précises en fin de texte qui sont instructives
Le texte est écrit avec des phrases simples , aérées mais,percutantes .
J ‘ai aimé l ‘emploi de « intranquille » que je n’ai jsuqu’ici Jamais utilisé (j’y songe maintenant )
mais ce texte lui sied à merveille .
Un texte très agréable à lire
Merci pour ce voyage au cœur de la nuit bretonne et de son « folklore » de personnages inquiétants
Merci pour les explications très précises en fin de texte qui sont instructives
Le texte est écrit avec des phrases simples , aérées mais,percutantes .
J ‘ai aimé l ‘emploi de « intranquille » que je n’ai jsuqu’ici Jamais utilisé (j’y songe maintenant )
mais ce texte lui sied à merveille .
Un texte très agréable à lire
EVA AlixXXL- Humeur : Égale
Re: A. Vivifiant le réveil de mes peurs enfantines !
Voilà un texte qui me plaît beaucoup.
Très bien écrit et nous mettant dans l'ambiance
La faucheuse, la camarde, le vieux Charon dans sa barque, qui récupère son obole sous la langue du mort ;
la mort qui rôde et prépare son œuvre… j'ai toujours eu une certaine fascination pour ces histoires-là et les mythologies afférentes.
Il en va de même pour les illustrations sur ce thème.
à propos de l'Ankou, le vieil homme à la charrette dirait ceci :
« Maro han barn ifern ien, Pa ho soign den e tle crena »
« La mort, le jugement, l’enfer froid, quand l’homme y songe, il doit trembler »
BBrrrr !!!.... jouer à se faire peur avec ça c'est excitant !
Très bien écrit et nous mettant dans l'ambiance
La faucheuse, la camarde, le vieux Charon dans sa barque, qui récupère son obole sous la langue du mort ;
la mort qui rôde et prépare son œuvre… j'ai toujours eu une certaine fascination pour ces histoires-là et les mythologies afférentes.
Il en va de même pour les illustrations sur ce thème.
à propos de l'Ankou, le vieil homme à la charrette dirait ceci :
« Maro han barn ifern ien, Pa ho soign den e tle crena »
« La mort, le jugement, l’enfer froid, quand l’homme y songe, il doit trembler »
BBrrrr !!!.... jouer à se faire peur avec ça c'est excitant !
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Vivifiant le réveil de mes peurs enfantines !
J'ai lu puis relu ton texte.
Au départ je trouvais cette ambiance lourde bien décrite mais je ne comprenais pas tout...
A la relecture, j'ai mieux compris ce que tu voulais décrire et ça m'a plu!
Au départ je trouvais cette ambiance lourde bien décrite mais je ne comprenais pas tout...
A la relecture, j'ai mieux compris ce que tu voulais décrire et ça m'a plu!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Vivifiant le réveil de mes peurs enfantines !
Une ambiance oppressante très bien rendue. Un beau texte.
Virgul- Humeur : Optimiste
Re: A. Vivifiant le réveil de mes peurs enfantines !
Ah l'Ankou, c'est sûr que tout seul dans une maison que l'on imagine isolée et en plein vent, tous les sons doivent sembler étranges et inquiétants.
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Merci pour votre lecture
Après une période de latence je retrouve le plaisir d'écrire sur kaléido.
Lire vos réactions, observations ou appréciations renforcent cette envie.
Que Kaléido offre ainsi à chacun de donner ses écrits en partage est remarquable et merveilleux.
Je lis bien sûr vos textes, et alors même que j'éprouve toutes sortes de sentiments, je reste bien silencieux.
C'est promis je m'y mets dès la semaine prochaine.
A demain donc.
Lire vos réactions, observations ou appréciations renforcent cette envie.
Que Kaléido offre ainsi à chacun de donner ses écrits en partage est remarquable et merveilleux.
Je lis bien sûr vos textes, et alors même que j'éprouve toutes sortes de sentiments, je reste bien silencieux.
C'est promis je m'y mets dès la semaine prochaine.
A demain donc.
tadig- Humeur : Plutôt bonne
Re: A. Vivifiant le réveil de mes peurs enfantines !
C’est vrai que le partage est la cerise sur l’ecrituretadig a écrit:Après une période de latence je retrouve le plaisir d'écrire sur kaléido.
Lire vos réactions, observations ou appréciations renforcent cette envie.
Que Kaléido offre ainsi à chacun de donner ses écrits en partage est remarquable et merveilleux.
Je lis bien sûr vos textes, et alors même que j'éprouve toutes sortes de sentiments, je reste bien silencieux.
C'est promis je m'y mets dès la semaine prochaine.
A demain donc.
Au plaisir de continuer à te lire en consignes comme en comm 😉
EVA AlixXXL- Humeur : Égale
Re: A. Vivifiant le réveil de mes peurs enfantines !
Ambiance lourde et angoissante, atmosphère très bien rendue.
Merci pour les explications ! On en apprend des choses sur Kalé !
Merci pour les explications ! On en apprend des choses sur Kalé !
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Re: A. Vivifiant le réveil de mes peurs enfantines !
Un texte dense, instructif, très bien écrit...
" Intranquille" ça me plaît !
Si Kaléïdo t'enrichit, toi tu y contribues à 100 %.
J'aime te lire
" Intranquille" ça me plaît !
Si Kaléïdo t'enrichit, toi tu y contribues à 100 %.
J'aime te lire
Amanda- Humeur : positivement drôle
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