Depuis l'utopie

Je vous écris depuis une contrée  hésitante entre l’Occitanie, l’Aquitaine et l’Auvergne. Depuis un hameau d’une petite commune corrézienne, à un pas du Lot, deux du Cantal et guère plus de trois de la Dordogne. Celle-ci nous a à la bonne : c’est l’avis de Man, le chien qui s’entraîne pour le prochain marathon. Celui d’Alainx ? Pourquoi pas :  il a certaines difficultés avec l’écriture, mais soyez en persuadé(e)s, il n’en pense pas moins …  la vie de chien, ça a parfois du bon se dit-il. Vous lui donneriez un million qu’il ne serait pas plus heureux quand il fait ses brasses dans la rivière où descendaient les gabarres, il n’y a pas si longtemps. En guise de gabarriers, il y  a en juillet-août les  touristes  fiers comme Artaban sur leurs canoës …

Vous vous en doutez, je ne m’y risque pas. Prudence étant mère de sûreté, je reste sagement sur la rive à encourager Man, voire à l’apostropher   quand, pour me faire profiter de l’onde, il vient s’ébrouer devant (ou derrière !) moi …

Me croirez-vous ? L’eau de la Dordogne et moi, nous sommes dans les meilleurs termes : par pompes et tuyauterie interposés, elle irrigue mon jardin. Mais cette tâche ne m’occupe que le matin.  Ensuite, vient le temps des loisirs,  dont  la lecture …

A lire les belles lettres déposées ici, j’y vois une confirmation : je suis un intrus qui, à l’instar de la grenouille se prend pour un bœuf et n’écrit sans doute que des billevesées décrivant des lieux communs, très loin de l’introspection  qui aboutissant  à une analyse du moi profond établirait un diagnostic sans concession qu’on pourrait traduire ainsi :
- Pauvre cats, tu ne changeras pas la face du monde, pas même celui des seniors. L’individualisme  gagne du terrain sur le collectif.  L’effondrement  est inévitable ; il ne sert à rien de se tourner vers autrui. De la reconnaissance, tu n’en auras point.

Et alors ?  S’il y  a une politique économique et sociale qui  conduit la planète Terre et l’humanité droit dans le mur, est-ce pour autant qu’il n’y a pas des humains  recèlant en eux tant de richesses – non  sonnantes et trébuchantes ! - Aider, participer, impulser,  serait-il  vain ?

Exercer des responsabilités, oui, cela peut être gratifiant, même, et peut-être surtout, si on a dépassé les septante. Non, pas pour le plaisir d’exhiber un titre sur une carte de visite que je ne possède  d’ailleurs pas.

Non ! La fierté est ailleurs : il y a tant de domaines où on peut innover avec la perspective d’améliorer la communication entre les êtres, lutter contre l’isolement et la fracture numérique, favoriser la convivialité en facilitant l’organisation d’activités diversifiées, revivifier le lien intergénérationnel.  Grands mots ?  Mots creux ?  Oui  certainement pour celles et ceux qui, dans ce domaine, ne se bougent pas le petit doigt  …

Vaste programme dont intervenants actuels et moi-même, nous n’accomplirons   peut-être simplement que les prémices, mais au grand mur de la vie, j’aurai, avec beaucoup d’autres partageant les mêmes idées  (utopiques?), apporté ma pierre.

Dans ce contexte, Kalé, pour ma part en tout cas, est aussi le ciment aidant à construire l’édifice : il donne à chacune et chacun la possibilité d’écrire sa page, exprimer un ressenti ou, et, simplement    avoir à sa disposition un dérivatif, échapper aux préoccupations du jour, donner de l’élan à ses neurones. Et ça, si ça ne rapporte guère, ça fait quand même du bien !    

D'abord tu nous embarques au bord de la Dordogne avec le chien Man et on goute avec lui à la fraicheur de l'eau quand il y nage et s'ébroue.
C'est une vie simple et riche , entre le jardin, les promenades avec ton compagnon, la rêverie, la lecture ...
J'ai aimé te suivre aussi dans tes pensées sur l'humanité. Je suis d'accord avec toi, tout n'est pas mauvais dans l'homme. Même si l'on 'est pas dupe, on sait que la planète se meurt pour beaucoup à cause de lui, tournons notre regard vers ceux qui agissent pour son bien et tâchons d'y participer le mieux possible.