A Mon fils, Why

Mon fils Why, 5 ans, sait lire depuis fort longtemps. Son institutrice dit qu’il joue rarement avec ses camarades, passe son temps à regarder par la fenêtre mais si elle lui pose une question, il en connaît toujours la réponse. En fait ça l’inquiète. Et moi donc !

C’est un petit garçon gentil et sage, obéissant . Il m’aide volontiers à la ferme : nourrir poules et lapins, aller ramasser quelques légumes, etc.
Si je lui dis : va dans ta chambre ! c’est pour lui la meilleure des récompenses, il va pouvoir lire tranquillement.
Mon seul regret c’est qu’il ne reprendra pas la ferme à ma suite. Il veut devenir lama et j’ai bien peur que ce soit un vœu ferme et définitif.

Un jour, ma sœur est passée nous voir et, croyant faire plaisir au petit, elle lui avait apporté un livre de contes. Quand elle a vu la tête du gamin, elle a tout de suite compris que son choix n’était pas judicieux.
- Alors, tu veux quoi ?
- Proverbes et Maximes du Monde.

Il l’a eu son livre et c’est à ce moment là que les problèmes ont pour moi débuté. J’étais fermier, il m’a fallu devenir philosophe !

Cela a commencé quand nous sommes allés chercher des champignons ( Why adore marcher en forêt )
- On marche bien quand on ne va pas trop vite ( proverbe Danois )
- Tu as bien raison mon fils, surtout quand on va aux champignons.
- J ‘ai bien peur papa, que tu n’aies pas compris.
- Ah, bon !
Plus tard dans la journée, Why s’arrête et annonce :
- Voici un proverbe Malien : le caméléon dit «  Ce n’est pas marcher doucement qui retarde, c’est faire demi-tour. »
- Alors là, je ne suis pas d’accord avec ton caméléon ! Quand on veut trouver des champignons, on a intérêt à revenir en arrière.
- Tu le fais exprès Papa. Tu ne veux vraiment pas comprendre.

Je n’ai rien répondu. J’ai ramassé quelques cèpes et nous sommes partis plus loin.
J’ai cru en avoir fini avec les maximes, du moins pour ce jour là. Je me trompais encore.
Why cueillait des trompettes de mort. Il ne me regardait pas. On aurait dit qu’il se parlait à lui-même. Et là, j’ai compris, aucun doute pour le sens ! «  Qui marche en compagnie d’un sot, souffre tout au long de la route – proverbe bouddhiste -. »

Nous sommes rentrés à la ferme.

Hier, Why était depuis un moment dans sa chambre quand il m’a appelé. J’ai laissé les haricots verts et suis allé le trouver.
- Papa, j’ai un problème.
- Et c’est quoi, mon bonhomme ?
- Je ne comprends pas ce que veut dire la maxime : Personne ne peut marcher et courir en même temps.
- Oui, ça me semble très compliqué, je ne vois pas. Tu comptais sur moi pour t’aider ?
- Bien sûr que non, papanou, mais tu pourrais demander à ton copain, tu sais, celui qui est prof de philo.

J’ai pris mon vélo et je suis allé au village voir Eliott.

Eliott a paru très embarrassé. Au bout d’un long moment, il m’a dit :
- Écoute, maintenant, je ne vois pas ce que je pourrais dire à ton gamin. Reviens demain, je vais y réfléchir. En attendant, tu vas lui rapporter ces paroles de Pierre Dac :
«  Rien ne sert de courir si l’on n’est pas pressé et rien ne sert de marcher si on n’est pas fichu de tenir debout. »

Belle floraison de maximes et proverbes, je me suis régalée !

Et dire qu'il aurait pu s'engager vers expert-comptable dans le monde agricole, si seulement sa tante lui avait offert un livre de comptes…

Quand on veut trouver des champignons, on a intérêt à revenir en arrière.

Heu  ... ça ne se vérifie pas : ce jour, dans un bois où ils devraient pousser,
j'ai marché et point couru, d'avant en arrière et même de côté,
j'ai fait demi-tour
et je n'ai pas trouvé de champignons,
tout du moins de ceux qui sont comestibles.
Ce qui vérifie ma théorie :
De mon temps libre, à la saison des champignons,
vaut autant que je reste à la maison  .
Je sais

J'ai commenté ton texte hier et tête en l'air, je n'ai pas cliqué sur envoyer...et voilà que tôt ce matin je recommence encore une fois.
Tout ça pour dire une troisieme fois que j'aime les proverbes et les maximes que tu à très bien placés dans ton texte humoristique et que cette fois, je clique sur " envoyer"

J'ai bien aimé ton texte. Bravo

Ou comme disait Lao Tseu "Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas" ! Un peu fatigant d'avoir un sur-doué à la maison. Papa a les pieds bien sur terre en tout cas !