A.Histoire coquine.

Dans les contes de fées, on raconte que les princesses sont jolies, blondes aux yeux bleus et que leur château est vaste et de toute beauté.
Que de mensonges!
Petite-fille de la belle au bois dormant, j'ai hérité de son château en ruine. Il est flanqué de quatre tours branlantes et de murailles lézardées.
Abandonnée très jeune par mes parents, je vis seule dans une des trente-huit chambres impossibles à chauffer, j'occupe aussi la cuisine, grande comme une salle de bal, ce qui me permet de préparer mes repas grâce aux ingrédients trouvés dans l'immense parc à l'abandon.

Je n'ai rien pour plaire et je m'en fous : les cheveux ternes d'une couleur indéfinissable, je louche de surcroît puisque, paraît-il, je ressemble à mon père.
Je tiens de ma grand-mère la propension à fermer les yeux de longues heures et à chanter de temps à autre la chanson qu'elle m'a apprise : "Un jour mon prince viendra!"
Pourtant, avec mes vêtements rapiécés, je ressemble plus à une sorcière qu'à une princesse, il y a donc peu de chance pour qu'un prince m'approche un jour.

Petites filles, ne dites jamais "Je veux-z-être une princesse!" Ce n'est pas comique du tout, croyez-moi!

Il y a quand même de bons moments. Aujourd'hui par exemple, je suis assise au bord de l'étang appelé "Etang du vilain petit canard."
Des canards, il n'y en a plus depuis longtemps, je leur ai à tous tordu le cou et les ai préparés aux figues et aux raisins. Il faut bien se nourrir...
Ce soir, c'est décidé, je vais manger des cuisses de grenouilles! Avec mon épuisette, j'en ai déjà attrapé six. Je saisirai leurs pattes dans du beurre demi-sel avec poivre, ail et persil. J'en salive déjà.

- Bonjour mademoiselle!

Qui va là? Il m'a fait sursauter l'imbécile!

- Mademoiselle, pourriez-vous me dire où je pourrais trouver la princesse, maîtresse de ces lieux?

Et bien ça alors, un crapaud qui parle! Je n'ai pourtant pas fumé d'herbe ce matin!
Je lui réponds que même si je n'en ai pas l'air, c'est moi la princesse et j'ajoute :

- C'est à quel sujet?

- Voyez-vous, j'en ai assez d'être un crapaud et j'ai entendu dire que si  vous m'embrassiez sur la bouche et vice et versa, je me transformerais en prince charmant.

- Quoi? Beurg! Sale baveux, vous n'imaginez quand-même pas que...
Hé mais j'y pense, je pourrais vous attraper et vous préparer en cuisine comme les grenouilles.

- Non, non princesse, mes pattes sont inmangeables, elles sont trop coriaces

- Sans doute, mais dans le grimoire que j'ai trouvé dans les archives du château, je me souviens d'une recette de testicules de crapaud à la sauce grand veneur! Ce doit-être délicieux! Si je pêche encore quelques princes charmants de votre acabit, je vais me régaler!.

Entendant cela, le crapaud bondit et plonge au plus profond de l'étang!
Ouf, j’en suis débarrassée,  je chante à  tue-tête  ”Libérée,  délivrée...”

Je rigole en pensant : " Il l'a échappé belle!"

J'ai bien ri !
Tu décortiques avec férocité le conte de fée mais tu reussis à nous regaler avec une histoire de crapaud et de grenouille que La Fontaine n'aurait pas dédaigne. J'adore l'allusion à la reine des neiges et son insupportable refrain !
Bravo !

Voilà une superbe petite histoire qui fait du bien par les temps qui courent…
et si en plus on est libéré… délivré… de la reine des neiges !
Qu'est-ce qu'on veut de mieux !

Je crois comprendre pourquoi on ne voit que très rarement des crapauds :  
les vilaines jeunes filles qui habitent  au bord des étangs  ont accommodé leurs parties intimes
comme parait-il  celles des moutons  à la sauce grand veneur.

Au cas où, voici une recette :
https://sites.google.com/site/allomamancommentonfait/les-viandes/c

Voila une version de la belle au bois dormant que j'ai adoré, bien plus savoureuse que les contes de fées traditionnels que je trouve insipides. En plus tu as réveillé en moi une furieuse envie de grenouilles que nous mangions en bord de Saône dans la région lyonnaise. je parle des cuisses bien sur pas du reste...

J'A-DO-RE !!! Je suis une grande fan des contes de fées revisités, et là, tu as fais très fort !

Eh bien voilà un conte qui sort des contes traditionnels, les princes charmants n'ont plus qu'à aller se rhabiller !

Merci à tous pour vos commentaires...

Je vous envoie la recette en MP!