A. Une belle rencontre

La pluie tambourinait sur son parapluie. La lumière des lampadaires se reflétait joliment sur le bitume mouillé. Mais il n'entendait rien, ne voyait rien, il était ailleurs, il était dans un rêve éveillé. Il n'arrivait pas encore à croire à ce qui lui était arrivé, cette rencontre inattendue et fortuite, cette rencontre magique. Et c'était lui qui l'avait provoquée, lui, le grand timide.
Il regarda la fenêtre du haut de l'immeuble, elle était encore allumée.
- Elle n'est pas encore couchée, pensa-t-il.

Il y a seulement quelques heures, ils ne se connaissaient pas.
C'est en sortant de la bouche du métro qu'il l'avait aperçue sur le trottoir d'en face. Elle n'avait rien pour se protéger de la pluie, et elle avait mis sur sa tête son sac à main en guise de parapluie.
Il s'était alors avancé vers elle et lui avait proposé de l'abriter. Elle avait souri, et elle avait accepté. Il l'avait ainsi accompagnée jusqu'au porche de son immeuble.
Pour le remercier, elle lui avait proposé de venir boire un verre chez elle, et sans hésiter, il avait dit oui. Et puis tout s'était enchaîné, ils avaient parlé de tout et de rien, ils avaient ri, beaucoup ri. Il s'était étonné lui-même d'être aussi bavard, mais il est vrai qu'il s'était tout de suite senti à l'aise avec elle. Elle était pleine de vie, drôle, pétillante.
Comme la nuit tombait, il avait jugé raisonnable de rentrer chez lui, il ne voulait pas abuser...
Elle lui avait donné son numéro de portable, et lui avait dit qu'elle aimerait bien le revoir. Et alors qu'il allait fermer la porte, elle l'avait appelé, s'était approché de lui, et avait déposé sur ses lèvres un doux baiser, un baiser plein de promesses...
- A bientôt, lui avait-elle dit...
Il s'était retrouvé sous la pluie, et s'était assis sur le banc juste en face de l'immeuble d'Emma, c'est ainsi qu'elle s'appelait. Il était sur un petit nuage, lui qui n'avait connu récemment que des déboires, sentimentaux ou autres. Il se disait que la roue allait peut-être enfin tourner en sa faveur. Le bonheur c'est du chagrin qui se repose, et avant que le chagrin ne revienne, il voulait profiter de ce bonheur tout neuf...