A. Le billet de banque
+2
alainx
Myrte
6 participants
Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 695. Consignes estivales
Page 1 sur 1
A. Le billet de banque
Pour son anniversaire, j’avais prévu d’inviter Babette au restaurant. Je voulais lui laisser choisir l’endroit mais j’étais à peu près sur qu’elle voudrait aller chez Anthony sur le port pour manger des moules frites. Babette adore les moules frites et c’est vrai que chez Anthony elles sont excellentes. L’ennuyeux c’est qu’il ne prend ni carte bancaire, ni chèque. Il ne veut que du liquide. Je me rendis donc au distribanque des Salines.
C’était un matin d’octobre et j’avais au-dessus de la tête un nuage d’un gris foncé de plomb, menaçant comme s’il allait nous reverser sur la tête toute la pluie du ciel.
Je glissai ma carte bancaire dans la fente, composai mon code et tapai la somme que je désirais. C’est alors qu’au moment où les billets de banque apparurent, une violente bourrasque surgit d’on ne sait où. Les poubelles sur le trottoir se renversèrent sur la chaussée, le serveur du bistrot d’à côté sortit précipitamment sur la terrasse pour s’agripper aux parasols prêts à s’envoler. Je tentai de saisir les billets mais le vent me les arracha des mains et ils se mirent à tourbillonner autour de moi. J’essayai tant bien que mal de les récupérer mais l’un d’entre eux m’échappa et se mit à voleter au-dessus de ma tête, tel une feuille d’automne, puis alla se poser sur un balcon de l’immeuble.
J’avais la ferme intention de le récupérer. Il était hors de question de le laisser là-haut, les temps étaient durs.
Je fourrai les billets que j’avais ramassés dans ma poche et franchis la porte d’entrée de l’immeuble. Le balcon devait se situer au premier étage droite.
Lorsque je sonnai à la porte, j’entendis la voix d’une vieille femme :
- Qu’est-ce que c’est ? Dit-elle d’un air méfiant. Il était clair qu’elle n’avait pas l’intention de m’ouvrir.
- Excusez-moi, madame, répondis-je à travers la porte, je voudrais récupérer mon billet sur votre balcon.
Et là, j’entendis la vieille femme s’écrier : j’ai pas d’balcon !
J’avais du me tromper d’étage. En réalité je devais me trouver à un rez-de- chaussée surélevé. J’entrepris donc de grimper jusqu’au niveau suivant.
Sur le palier du premier, je vis alors cinq ou six personnes qui attendaient devant la porte.
L’un d’eux me dit : le docteur n’est pas encore arrivé.
En effet, une plaque en cuivre indiquait : docteur Marc Cucci, médecine générale. Encore un de ces médecins qui reçoit sans rendez-vous et qui prend les patients dans leur ordre d’arrivée, si bien qu’ils arrivent très tôt pour être sûrs d’être les premiers. J’attendis donc avec eux.
Le docteur Cucci arriva en retard ce jour-là. Le groupe de patients avait augmenté, certains s’étaient assis sur les marches d’escalier.
Il s’excusa, confus, et alors qu’il tournait la clé dans la serrure, je m’approchai de lui en disant :
- Désolé, je ne suis pas un patient, je voudrais juste récupérer mon billet sur votre balcon.
Le praticien m’observa, silencieux, puis dit, perplexe : votre billet ?
- Oui, répondis-je, il y a une billet de banque sur votre balcon et il est à moi.
Le docteur Cucci jeta un coup d’oeil aux autres personnes avec un petit sourire, l’air de dire : je vais gérer ça, les amis, ne vous inquiétez pas, nous allons vite nous débarrasser de ce fou.
- Venez, monsieur, me dit-il, nous allons voir sur le balcon.
Les autres nous suivirent, silencieux dans la salle d’attente. Le médecin ouvrit la porte-fenêtre, nous sortîmes sur le balcon. La tempête semblait s’être calmée. Le billet n’y était pas.
- Je vous assure, dis-je en sortant la liasse de billets que j’avais dans la poche, j’avais tiré cinq billets et je n’en ai que quatre, regardez !
Le docteur mit sa main sur mon épaule et me conduisit dans le couloir jusqu’à la porte d’entrée. Dans la salle d’attente, les patients s’étaient assis sur les chaises, silencieux. Certains avaient des regards compatissants, d’autres soupiraient.
- C’est le vent, dis-je, vous comprenez ?
- Oui, oui, répondit le docteur, je comprends, mais vous avez vu que votre billet n’était pas sur le balcon et vous allez partir maintenant.
Il me poussa vers la sortie et je jetai, confus, un dernier coup d’oeil vers la salle d’attente où les patients commençaient à murmurer entre eux que leur patience avait des limites et que l’attente avait assez duré.
C’était un matin d’octobre et j’avais au-dessus de la tête un nuage d’un gris foncé de plomb, menaçant comme s’il allait nous reverser sur la tête toute la pluie du ciel.
Je glissai ma carte bancaire dans la fente, composai mon code et tapai la somme que je désirais. C’est alors qu’au moment où les billets de banque apparurent, une violente bourrasque surgit d’on ne sait où. Les poubelles sur le trottoir se renversèrent sur la chaussée, le serveur du bistrot d’à côté sortit précipitamment sur la terrasse pour s’agripper aux parasols prêts à s’envoler. Je tentai de saisir les billets mais le vent me les arracha des mains et ils se mirent à tourbillonner autour de moi. J’essayai tant bien que mal de les récupérer mais l’un d’entre eux m’échappa et se mit à voleter au-dessus de ma tête, tel une feuille d’automne, puis alla se poser sur un balcon de l’immeuble.
J’avais la ferme intention de le récupérer. Il était hors de question de le laisser là-haut, les temps étaient durs.
Je fourrai les billets que j’avais ramassés dans ma poche et franchis la porte d’entrée de l’immeuble. Le balcon devait se situer au premier étage droite.
Lorsque je sonnai à la porte, j’entendis la voix d’une vieille femme :
- Qu’est-ce que c’est ? Dit-elle d’un air méfiant. Il était clair qu’elle n’avait pas l’intention de m’ouvrir.
- Excusez-moi, madame, répondis-je à travers la porte, je voudrais récupérer mon billet sur votre balcon.
Et là, j’entendis la vieille femme s’écrier : j’ai pas d’balcon !
J’avais du me tromper d’étage. En réalité je devais me trouver à un rez-de- chaussée surélevé. J’entrepris donc de grimper jusqu’au niveau suivant.
Sur le palier du premier, je vis alors cinq ou six personnes qui attendaient devant la porte.
L’un d’eux me dit : le docteur n’est pas encore arrivé.
En effet, une plaque en cuivre indiquait : docteur Marc Cucci, médecine générale. Encore un de ces médecins qui reçoit sans rendez-vous et qui prend les patients dans leur ordre d’arrivée, si bien qu’ils arrivent très tôt pour être sûrs d’être les premiers. J’attendis donc avec eux.
Le docteur Cucci arriva en retard ce jour-là. Le groupe de patients avait augmenté, certains s’étaient assis sur les marches d’escalier.
Il s’excusa, confus, et alors qu’il tournait la clé dans la serrure, je m’approchai de lui en disant :
- Désolé, je ne suis pas un patient, je voudrais juste récupérer mon billet sur votre balcon.
Le praticien m’observa, silencieux, puis dit, perplexe : votre billet ?
- Oui, répondis-je, il y a une billet de banque sur votre balcon et il est à moi.
Le docteur Cucci jeta un coup d’oeil aux autres personnes avec un petit sourire, l’air de dire : je vais gérer ça, les amis, ne vous inquiétez pas, nous allons vite nous débarrasser de ce fou.
- Venez, monsieur, me dit-il, nous allons voir sur le balcon.
Les autres nous suivirent, silencieux dans la salle d’attente. Le médecin ouvrit la porte-fenêtre, nous sortîmes sur le balcon. La tempête semblait s’être calmée. Le billet n’y était pas.
- Je vous assure, dis-je en sortant la liasse de billets que j’avais dans la poche, j’avais tiré cinq billets et je n’en ai que quatre, regardez !
Le docteur mit sa main sur mon épaule et me conduisit dans le couloir jusqu’à la porte d’entrée. Dans la salle d’attente, les patients s’étaient assis sur les chaises, silencieux. Certains avaient des regards compatissants, d’autres soupiraient.
- C’est le vent, dis-je, vous comprenez ?
- Oui, oui, répondit le docteur, je comprends, mais vous avez vu que votre billet n’était pas sur le balcon et vous allez partir maintenant.
Il me poussa vers la sortie et je jetai, confus, un dernier coup d’oeil vers la salle d’attente où les patients commençaient à murmurer entre eux que leur patience avait des limites et que l’attente avait assez duré.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Le billet de banque
Je connaissais :
— Autant en emporte le vent
— les Hauts De Hurle-Vent
— Vent d'Est vent d'ouest
— la tempête du siècle de Stéphan King
et quelques autres…
Mais j'ignorais cette œuvre magistrale : « Du vent dans les billets de banque ! »
Voilà une aventure singulière, je ne sais si elle est réelle ou une fiction…
— Autant en emporte le vent
— les Hauts De Hurle-Vent
— Vent d'Est vent d'ouest
— la tempête du siècle de Stéphan King
et quelques autres…
Mais j'ignorais cette œuvre magistrale : « Du vent dans les billets de banque ! »
Voilà une aventure singulière, je ne sais si elle est réelle ou une fiction…
_________________
"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Le billet de banque
Un texte très agréable à lire.
Tu parviens grâce à de nombreux détails à entretenir le suspens de l’histoire.
On te suit et on se demande ce qu’il va se passer.
Bravo à toi, bien que, je reste un peu sur ma faim, je voudrais être rassurée : le billet à bien été retrouvé j’espère... et à quel endroit?
Tu parviens grâce à de nombreux détails à entretenir le suspens de l’histoire.
On te suit et on se demande ce qu’il va se passer.
Bravo à toi, bien que, je reste un peu sur ma faim, je voudrais être rassurée : le billet à bien été retrouvé j’espère... et à quel endroit?
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Le billet de banque
Alain et Zephyrine : merci pour vos commentaires. Je vous dois une explication. Cette histoire m'a été racontée il y a un mois sur la plage par un monsieur que je ne connaissais pas et qui m'a fait beaucoup rire. Nous évoquions nos maladresses et il a raconté cette anecdote vécue par lui. Il n'a jamais retrouvé son billet perdu. En rentrant j'ai éprouvé le besoin de noter ce texte pour m'en souvenir. J'ai voulu le partager avec vous.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Le billet de banque
Ce qu'il y a de sûr, c'est que ce billet n'a pas été perdu pour tout le monde...
Merci pour cette histoire, Myrte.
Merci pour cette histoire, Myrte.
_________________
Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Re: A. Le billet de banque
Tu as bien fait de noter cette histoire de billet perdu !
J'imagine la tête du médecin
J'imagine la tête du médecin
Brigou- Humeur : Généralement joyeuse et optimiste
Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 695. Consignes estivales
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum