A. Vendre son âme au Diable...
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Ataraxie
Zephyrine
Nerwen
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A. Vendre son âme au Diable...
Il a dit « Sautez ! » et j’ai sauté…
C’est ainsi que j’ai vendu mon âme au Diable.
Le deal était simple : « Vous êtes croyant, si vous vous suicidez je gagne votre âme ; en échange, je vous offre de quoi satisfaire votre curiosité, vous saurez ce qui advient après la mort. »
Je l’avais rencontré un jour de déprime existentielle, au café de village. « Le cochon qui pète » était mon port d’attache favori dans ces moments-là. J’étais attablé depuis des heures avec un livre, «La mort, et après ?», qui n’apportait que des questions mais aucune réponse satisfaisante.
Il est venu s’asseoir en face de moi et a jeté un œil sur le livre. « Ça vous intéresse ? »
—Pas vous? ai-je rétorqué; »
Il a haussé les épaules : « Oh, moi… »
Comment aurais-je pu savoir que le quidam qui venait de s’asseoir à ma table était le Diable en personne ? Il ressemblait à monsieur Tout-le-monde. Pas de petites cornes sur le front, pas de queue fourchue dépassant de son caban fatigué. Seule une lueur inquiétante dans son regard pouvait retenir l’attention. De celle que l’on attribue généralement au gourou d’une secte. Insistante, insidieuse, qui vous fouille jusqu’aux tréfonds de l’âme…
De l’âme, justement, il en fut question quand il m’exposa, tout de go, le marché qu’il me proposait. Je le regardais attentivement, mais il ne plaisantait pas. J’essayai l’ironie : « Je connais les dangers de votre offre, vendre son âme au Diable, c’est se propulser vite fait en enfer, non ?
—L’Enfer ? Oh, non, pour moi, ce qui m'intéresse ce sont les statistiques… »
Il tira de sa poche un carnet noir, couvert de moleskine. « Vous voyez, je note ici toutes les âmes que j’arrive à soutirer à l’Adversaire et, ces derniers temps, ce n’est pas brillant. Plus personne ne croit en Dieu et partant, au Diable. Je suis en perte de vitesse… La dernière est celle du père Aristide.
—Le vieil Aristide vous a vendu son âme ? Ça ne m’étonne pas, le vieux grippe-sou ! Il vous aurait vendu celle de sa mère si elle n’était pas morte, il y a dix ans, confite en dévotion ! Et que voulait-il en échange ?
—Savoir si son père avait dilapidé son magot avec des femmes de mauvaise vie ou s’il l’avait caché quelque part dans le domaine, vu qu’il le cherchait depuis des années.
—Et alors ?
—Il le sait !
—Vous piquez ma curiosité : dites le moi !
—Impossible ! Secret professionnel ! »
Il remit le carnet dans sa poche et se leva.
« Réfléchissez ! Après tout rien ne vous retient ici. Votre femme a un amant, vous n’avez pas d’enfant, votre chien s’est fait écrasé la semaine dernière, le crédit de votre maison va vous rattraper tôt ou tard et il se peut, toujours selon les statistiques, que vous choppiez d’ici peu, une maladie incurable et très douloureuse. Après votre suicide, à vous la belle vie, l’errance sans aucune contingence matérielle et vous saurez tout, TOUT ce que vous avez toujours voulu savoir. Les petits et les grands secrets de vos voisins.
Pour mettre fin à vos futurs ennuis, j’envisageais la pendaison, c’est rapide, indolore, un choc et… terminé !
Si vous vous décidez, je pense que le pont du Diable, serait le lieu idéal. Je vous y attendrai demain matin. »
Il était très convaincant ! Le lendemain, j’ai sauté !
Je ne le regrette pas car j’ai découvert l’envers du décor. Mais, secret professionnel, je ne divulguerai rien de cet au-delà et vous le laisserai découvrir un jour.
Je suis heureux, j’ai des espoirs de promotion car le Diable m’a pris sous son aile (figurez-vous qu’il en a !) et si je ne deviens jamais un démon de haute volée, j’envisage de devenir celui des petites mesquineries, des disputes entre voisins et des adultères…
C’est ainsi que j’ai vendu mon âme au Diable.
Le deal était simple : « Vous êtes croyant, si vous vous suicidez je gagne votre âme ; en échange, je vous offre de quoi satisfaire votre curiosité, vous saurez ce qui advient après la mort. »
Je l’avais rencontré un jour de déprime existentielle, au café de village. « Le cochon qui pète » était mon port d’attache favori dans ces moments-là. J’étais attablé depuis des heures avec un livre, «La mort, et après ?», qui n’apportait que des questions mais aucune réponse satisfaisante.
Il est venu s’asseoir en face de moi et a jeté un œil sur le livre. « Ça vous intéresse ? »
—Pas vous? ai-je rétorqué; »
Il a haussé les épaules : « Oh, moi… »
Comment aurais-je pu savoir que le quidam qui venait de s’asseoir à ma table était le Diable en personne ? Il ressemblait à monsieur Tout-le-monde. Pas de petites cornes sur le front, pas de queue fourchue dépassant de son caban fatigué. Seule une lueur inquiétante dans son regard pouvait retenir l’attention. De celle que l’on attribue généralement au gourou d’une secte. Insistante, insidieuse, qui vous fouille jusqu’aux tréfonds de l’âme…
De l’âme, justement, il en fut question quand il m’exposa, tout de go, le marché qu’il me proposait. Je le regardais attentivement, mais il ne plaisantait pas. J’essayai l’ironie : « Je connais les dangers de votre offre, vendre son âme au Diable, c’est se propulser vite fait en enfer, non ?
—L’Enfer ? Oh, non, pour moi, ce qui m'intéresse ce sont les statistiques… »
Il tira de sa poche un carnet noir, couvert de moleskine. « Vous voyez, je note ici toutes les âmes que j’arrive à soutirer à l’Adversaire et, ces derniers temps, ce n’est pas brillant. Plus personne ne croit en Dieu et partant, au Diable. Je suis en perte de vitesse… La dernière est celle du père Aristide.
—Le vieil Aristide vous a vendu son âme ? Ça ne m’étonne pas, le vieux grippe-sou ! Il vous aurait vendu celle de sa mère si elle n’était pas morte, il y a dix ans, confite en dévotion ! Et que voulait-il en échange ?
—Savoir si son père avait dilapidé son magot avec des femmes de mauvaise vie ou s’il l’avait caché quelque part dans le domaine, vu qu’il le cherchait depuis des années.
—Et alors ?
—Il le sait !
—Vous piquez ma curiosité : dites le moi !
—Impossible ! Secret professionnel ! »
Il remit le carnet dans sa poche et se leva.
« Réfléchissez ! Après tout rien ne vous retient ici. Votre femme a un amant, vous n’avez pas d’enfant, votre chien s’est fait écrasé la semaine dernière, le crédit de votre maison va vous rattraper tôt ou tard et il se peut, toujours selon les statistiques, que vous choppiez d’ici peu, une maladie incurable et très douloureuse. Après votre suicide, à vous la belle vie, l’errance sans aucune contingence matérielle et vous saurez tout, TOUT ce que vous avez toujours voulu savoir. Les petits et les grands secrets de vos voisins.
Pour mettre fin à vos futurs ennuis, j’envisageais la pendaison, c’est rapide, indolore, un choc et… terminé !
Si vous vous décidez, je pense que le pont du Diable, serait le lieu idéal. Je vous y attendrai demain matin. »
Il était très convaincant ! Le lendemain, j’ai sauté !
Je ne le regrette pas car j’ai découvert l’envers du décor. Mais, secret professionnel, je ne divulguerai rien de cet au-delà et vous le laisserai découvrir un jour.
Je suis heureux, j’ai des espoirs de promotion car le Diable m’a pris sous son aile (figurez-vous qu’il en a !) et si je ne deviens jamais un démon de haute volée, j’envisage de devenir celui des petites mesquineries, des disputes entre voisins et des adultères…
Nerwen- Humeur : éveillée
Re: A. Vendre son âme au Diable...
J'ai vraiment trouvé ton récit très bien imaginé.
D'abord, rencontrer le diable au "Cochon qui pète". ..et puis tu nous donnes envie de lire le petit carnet noir...
J'étais vraiment curieuse de savoir ce qu'etait l'au- delà , alors Nerwen s' il te plaît, raconte!
D'abord, rencontrer le diable au "Cochon qui pète". ..et puis tu nous donnes envie de lire le petit carnet noir...
J'étais vraiment curieuse de savoir ce qu'etait l'au- delà , alors Nerwen s' il te plaît, raconte!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Vendre son âme au Diable...
Très, très intéressante ton histoire.
Toutefois, je n'envisage guère de sauter. S'il n'y a rien de l'autre côté, je me trouverais toute bête, s'il y avait quelque chose j'aurais trop peur de me retrouver auprès de gens fort peu sympathiques.
Comme tu ne veux rien dire, restons en là.
Toutefois, je n'envisage guère de sauter. S'il n'y a rien de l'autre côté, je me trouverais toute bête, s'il y avait quelque chose j'aurais trop peur de me retrouver auprès de gens fort peu sympathiques.
Comme tu ne veux rien dire, restons en là.
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A. Vendre son âme au Diable...
Un vrai suspense, un " thriller" qui nous laisse sur notre faim...
Ton personnage du diable me fait frissonner même s'il va au "Cochon qui pète"
Tu as très bien campé aussi le personnage du père Aristide, de quoi bien ferrer le piège....
Du grand Nerwen
Ton personnage du diable me fait frissonner même s'il va au "Cochon qui pète"
Tu as très bien campé aussi le personnage du père Aristide, de quoi bien ferrer le piège....
Du grand Nerwen
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Vendre son âme au Diable...
Bravo pour l'idée ! Un texte bien écrit et agréable à lire.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Vendre son âme au Diable...
Une histoire comme ça, forcément, j'adore ! Mais tout se perd, le diable en petit fonctionnaire franchement quelle décadence
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
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