A - Par delà la faille
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Zephyrine
Martine27
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A - Par delà la faille
On parle beaucoup du réchauffement climatique ces temps derniers. Je peux vous dire, qu'en revanche, on ne parle pas assez d'un autre phénomène qui est apparu à peu près en même temps. Il faut dire qu'il est beaucoup plus problématique.
J'en parle en connaissance de cause, je viens bêtement d'en être victime.
Bon vous me direz, c'est tant pis pour moi, je n'avais qu'à regarder où je mettais les pieds plutôt que de me balader le nez en l'air. Il n'empêche que c'est le genre de désagrément dont on se dit « qu'il n'arrive qu'aux autres », jusqu'au moment où !
Et ce moment je suis en plein dedans !
Ca fait un petit moment que je dégringole dans le trou qui s'est ouvert sous mes pas, un peu comme Alice avant qu'elle ne se retrouve au Pays des merveilles, mais avouons-le je chute avec beaucoup moins de grâce.
Pour faire bref, je viens de basculer dans une faille, je ne sais pas si elle est spatio-temporelle ou non, mais une chose est sûre, peu en revienne et ce peu ne se souvient de rien.
Curieusement, alors que je devrais braire comme un âne, je me surprends à chantonner et je m'interpelle :
- Ma pauvre fille ça ne va pas bien dans ta tête, tu devrais être en train de hurler.
- Je ne vois pas pourquoi, personne ne peut m'entendre.
- Tu as bien compris que tu vas te fracasser les os en arrivant tout en bas.
- Va savoir, peut-être pas.
- Cet optimisme ne te ressemble pas.
- M'en fiche laisse-moi profiter de ma chute.
Bref, j'étais en train de perdre les pédales mais heureusement avant que je ne m'agresse autrement que verbalement, je me suis posée en douceur sur le sol. Je me suis bien sûr moquée de moi :
- Ah, tu vois bien que ce n'était pas la peine de paniquer.
- Tu n'en dirais pas autant si tu étais réduire à l'état de pulpe.
- Justement, ma pauvre, je ne pourrais plus rien dire et toi tu parles pour ne rien dire en fait.
Rebref, moi et moi-même nous sommes tues et je me suis engagée dans le couloir qui s'étirait devant moi.
J'ai marché un bon moment en essayant de ne pas trop m'écouter et j'ai fini par déboucher dans une forêt.
Bon, d'accord étrange de devoir passer par un couloir pour arriver dans une forêt mais en même temps c'est probablement normal dans une faille bizarre-machin-truc.
Plusieurs sentiers se présentent à moi. Au point où j'en suis n'importe lequel fera l'affaire, je fais taire ma petite voix intérieure avant qu'elle ne la ramène et je prends le sentier le plus à gauche, autant procéder logiquement.
Je me suis mise à rigoler, forcément je me suis à nouveau mise à parler tout haut.
- Pourquoi tu te marres ?
- J'ai l'impression d'être dans ce jeu que j'aimais bien faire quand j'étais gamine.
- Lequel ?
- Celui où tu dois trouver le chemin de la sortie en choisissant une des lignes.
- Je te signale que tu trichais en partant de l'arrivée et pas du départ.
- Oui, OK, n'empêche que je gagnais à chaque fois.
- Là ma pauvre fille ça risque d'être un peu différent.
En devisant ainsi, je finis par arriver dans une clairière où se tient un drôle hurluberlu.
Il est planté au milieu d'une foultitude de livres qui s'empilent dans un joyeux fouillis de couleurs. Il en tient un bien serré contre son cœur et le feuillette en soupirant d'aise, seulement j'aimerais bien savoir pourquoi il a un casque de réalité virtuelle sur la tête, ça ne doit pas faciliter la lecture ça. Le nez en l'air, comme un aveugle, il lance :
- Il y a quelqu'un ?
- Oui !
- Et vous êtes ?
- Une voyageuse égarée, puis-je venir lire avec vous ?
- Je vous le déconseille.
- Pourquoi donc ?
- Voulez-vous me remplacer ?
- Pas particulièrement, mais j'adore lire.
- Je n'en doute pas puisque vous avez choisi mon sentier.
- Alors où est le problème ?
- Eh bien comment vous dire ? En fait je ne lis pas.
- Ah ! Mais alors que faites-vous ?
- Je ne lis pas, j'écris.
- Vous écrivez ? Où est votre stylo ou votre ordinateur ?
- Dans ma tête.
- Intéressant ! Donc tous ces livres sont les vôtres.
- Exactement.
- Et où sont vos lecteurs ?
- De l'autre côté de la faille bien sûr, celle par laquelle vous avez du arriver.
- Je ne comprends pas bien.
- A votre avis d'où viennent les histoires ?
- De l'imagination des auteurs évidemment.
- Non elles viennent uniquement de mon imagination.
- Eh bien elle doit être très fertile !
- A qui le dites-vous c'est parfois épuisant d'ailleurs. Ah excusez-moi quelques instants, je dois procéder.
- Procéder à quoi ?
- A l'envoi !
Avant que j'ai le temps de poser une nouvelle question, voilà que la masse de livres qui l'entourent se met à décoller, les livres battent des feuilles et s'envolent, je les suis du regard et je les regarde s'évanouir dans l'atmosphère.
- Et voilà !
- Voilà quoi ?
- La rentrée littéraire vient de partir. Vous m'excuserez mais il me faut m'attaquer à la fournée pour Noël, si vous vouliez bien me laisser en paix maintenant, il faut que je retourne à mon écriture.
- Votre métier me semble bien épuisant.
- Certes, mais quel plaisir lorsque j'entends quelqu'un dire "Quand je pense à tous les livres qu'il me reste encore à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux." Voulez-vous, me donner un coup de main ?
- C'est gentil de votre part, mais j'aime trop bouger, je ne pourrais pas rester planter comme vous.
- Tant pis, à une prochaine fois peut-être ?
Je salue mon étonnant interlocuteur et je reprends mon chemin, il doit bien y avoir une sortie quelque part. Non ??? Et je me dépêche de fermer le clapet à mon moi intérieur avant qu'il ne ramène sa fraise.
J'en parle en connaissance de cause, je viens bêtement d'en être victime.
Bon vous me direz, c'est tant pis pour moi, je n'avais qu'à regarder où je mettais les pieds plutôt que de me balader le nez en l'air. Il n'empêche que c'est le genre de désagrément dont on se dit « qu'il n'arrive qu'aux autres », jusqu'au moment où !
Et ce moment je suis en plein dedans !
Ca fait un petit moment que je dégringole dans le trou qui s'est ouvert sous mes pas, un peu comme Alice avant qu'elle ne se retrouve au Pays des merveilles, mais avouons-le je chute avec beaucoup moins de grâce.
Pour faire bref, je viens de basculer dans une faille, je ne sais pas si elle est spatio-temporelle ou non, mais une chose est sûre, peu en revienne et ce peu ne se souvient de rien.
Curieusement, alors que je devrais braire comme un âne, je me surprends à chantonner et je m'interpelle :
- Ma pauvre fille ça ne va pas bien dans ta tête, tu devrais être en train de hurler.
- Je ne vois pas pourquoi, personne ne peut m'entendre.
- Tu as bien compris que tu vas te fracasser les os en arrivant tout en bas.
- Va savoir, peut-être pas.
- Cet optimisme ne te ressemble pas.
- M'en fiche laisse-moi profiter de ma chute.
Bref, j'étais en train de perdre les pédales mais heureusement avant que je ne m'agresse autrement que verbalement, je me suis posée en douceur sur le sol. Je me suis bien sûr moquée de moi :
- Ah, tu vois bien que ce n'était pas la peine de paniquer.
- Tu n'en dirais pas autant si tu étais réduire à l'état de pulpe.
- Justement, ma pauvre, je ne pourrais plus rien dire et toi tu parles pour ne rien dire en fait.
Rebref, moi et moi-même nous sommes tues et je me suis engagée dans le couloir qui s'étirait devant moi.
J'ai marché un bon moment en essayant de ne pas trop m'écouter et j'ai fini par déboucher dans une forêt.
Bon, d'accord étrange de devoir passer par un couloir pour arriver dans une forêt mais en même temps c'est probablement normal dans une faille bizarre-machin-truc.
Plusieurs sentiers se présentent à moi. Au point où j'en suis n'importe lequel fera l'affaire, je fais taire ma petite voix intérieure avant qu'elle ne la ramène et je prends le sentier le plus à gauche, autant procéder logiquement.
Je me suis mise à rigoler, forcément je me suis à nouveau mise à parler tout haut.
- Pourquoi tu te marres ?
- J'ai l'impression d'être dans ce jeu que j'aimais bien faire quand j'étais gamine.
- Lequel ?
- Celui où tu dois trouver le chemin de la sortie en choisissant une des lignes.
- Je te signale que tu trichais en partant de l'arrivée et pas du départ.
- Oui, OK, n'empêche que je gagnais à chaque fois.
- Là ma pauvre fille ça risque d'être un peu différent.
En devisant ainsi, je finis par arriver dans une clairière où se tient un drôle hurluberlu.
Il est planté au milieu d'une foultitude de livres qui s'empilent dans un joyeux fouillis de couleurs. Il en tient un bien serré contre son cœur et le feuillette en soupirant d'aise, seulement j'aimerais bien savoir pourquoi il a un casque de réalité virtuelle sur la tête, ça ne doit pas faciliter la lecture ça. Le nez en l'air, comme un aveugle, il lance :
- Il y a quelqu'un ?
- Oui !
- Et vous êtes ?
- Une voyageuse égarée, puis-je venir lire avec vous ?
- Je vous le déconseille.
- Pourquoi donc ?
- Voulez-vous me remplacer ?
- Pas particulièrement, mais j'adore lire.
- Je n'en doute pas puisque vous avez choisi mon sentier.
- Alors où est le problème ?
- Eh bien comment vous dire ? En fait je ne lis pas.
- Ah ! Mais alors que faites-vous ?
- Je ne lis pas, j'écris.
- Vous écrivez ? Où est votre stylo ou votre ordinateur ?
- Dans ma tête.
- Intéressant ! Donc tous ces livres sont les vôtres.
- Exactement.
- Et où sont vos lecteurs ?
- De l'autre côté de la faille bien sûr, celle par laquelle vous avez du arriver.
- Je ne comprends pas bien.
- A votre avis d'où viennent les histoires ?
- De l'imagination des auteurs évidemment.
- Non elles viennent uniquement de mon imagination.
- Eh bien elle doit être très fertile !
- A qui le dites-vous c'est parfois épuisant d'ailleurs. Ah excusez-moi quelques instants, je dois procéder.
- Procéder à quoi ?
- A l'envoi !
Avant que j'ai le temps de poser une nouvelle question, voilà que la masse de livres qui l'entourent se met à décoller, les livres battent des feuilles et s'envolent, je les suis du regard et je les regarde s'évanouir dans l'atmosphère.
- Et voilà !
- Voilà quoi ?
- La rentrée littéraire vient de partir. Vous m'excuserez mais il me faut m'attaquer à la fournée pour Noël, si vous vouliez bien me laisser en paix maintenant, il faut que je retourne à mon écriture.
- Votre métier me semble bien épuisant.
- Certes, mais quel plaisir lorsque j'entends quelqu'un dire "Quand je pense à tous les livres qu'il me reste encore à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux." Voulez-vous, me donner un coup de main ?
- C'est gentil de votre part, mais j'aime trop bouger, je ne pourrais pas rester planter comme vous.
- Tant pis, à une prochaine fois peut-être ?
Je salue mon étonnant interlocuteur et je reprends mon chemin, il doit bien y avoir une sortie quelque part. Non ??? Et je me dépêche de fermer le clapet à mon moi intérieur avant qu'il ne ramène sa fraise.
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Par delà la faille
Au début, on se demande vraiment où tu nous emmènes.
Ensuite nous arrivons dans cette clairière devant ce drôle de bonhomme, un sage un peu bizarre. Je crois qu'il n'y a que ceux qui aiment beaucoup lire qui peuvent comprendre... Bravo, vraiment bravo!
Ensuite nous arrivons dans cette clairière devant ce drôle de bonhomme, un sage un peu bizarre. Je crois qu'il n'y a que ceux qui aiment beaucoup lire qui peuvent comprendre... Bravo, vraiment bravo!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A - Par delà la faille
Une histoire totalement surréaliste que seule ta plume peut nous livrer avec autant de talent.
Tu nous étonnes, tu nous entraînes, tu nous mènes dans des sentiers bizarres et on te suit jusqu'à tomber avec toi dans la faille...
On va de surprise en surprise, d'étonnement en étonnement avec cette pointe d'humour toujours notamment dans la dernière phrase.
J'ai lu et relu avec délice.
Tu nous étonnes, tu nous entraînes, tu nous mènes dans des sentiers bizarres et on te suit jusqu'à tomber avec toi dans la faille...
On va de surprise en surprise, d'étonnement en étonnement avec cette pointe d'humour toujours notamment dans la dernière phrase.
J'ai lu et relu avec délice.
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A - Par delà la faille
Merci, merci pour vos commentaires si gentils ! D'autant que mon histoire était un peu longue aujourd'hui, je crois que mon deuxième moi avait envie de s'exprimer Je garde ma faille spatio-machin-chose sous le coude, elle pourra peut-être encore servir si les gentils animateurs nous mettent encore des photos farfelues.
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Par delà la faille
Tu nous entraînes dans ton absurdie et on s'en réjouit. Un texte plein d'imagination, une bulle de fantaisie dans laquelle j'ai aimé voyagé.
Virgul- Humeur : Optimiste
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Par delà la faille
ce monde est si étrange... et celui des livres ou de l'imagination encore bien plus que le monde réel :-)
_________________
"L'essentiel est invisible pour les yeux"
blog ici
Adrienne- Humeur : brouillonne
Re: A - Par delà la faille
Et c'est ce qui fait son charme (même si c'est bizarre !)
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Par delà la faille
J'aime quand tu nous emmènes dans le pays de l'imaginaire, Martine !
BRAVO !
BRAVO !
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
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