A Une pincée de bonheur

Au bout de la rue, ils ont construit une cabine-livres, c’est ce que ma apprit ma voisine. Il paraît même que dans un si petit espace, ils ont réussi à y caser beaucoup de livres et, le plus amusant parait-il, ce sont les post-it placés sur les vitres. C’est original et plein d’humour.
Il y a fort longtemps que je ne me rends plus à la bibliothèque du centre ville mais là, je ne peux pas manquer ça, j’y vais de ce pas. Aucune excuse, c’est si près de chez moi.
Ah, oui, c’est vrai, c’est merveilleux, dès que l’on ouvre la porte, l’odeur du livre vous envahit. J’avais totalement oublié ce genre de petit bonheur. Tiens, je ne m’attendais pas à ça, ils ont même mis des livres neufs. Retour à l’enfance, je plonge mon nez entre les pages : ô , doux plaisir du livre neuf ! J’adore. Le parfum des mots ! Le rêve de l’imagination !
Bien sûr, il y a d’autres bouquins et s’ils n’ont pas le charme de la nouveauté, ils restent là à notre disposition. J’en prends plusieurs entre mes mains, les uns après les autres. Je les caresse du bout des doigts, j’étudie leur forme, leur épaisseur. Je fais la difficile. En vérité, si je pouvais, je les prendrais tous. Le côté raisonnable des choses est pour moi, peu compréhensible. Mais la vie me force à être raisonnable. Quel mot horrible ! J’enrage !
J’ai tout mon temps, à cette heure là, la rue est déserte, il n’y aura donc personne pour observer mes excentricités.
Je prends, je touche délicatement, je range, je prends encore, je sens. C’est enivrant. Mais tout a une fin. Tout à coup, je suis fatiguée. Le rêve disparaît, la réalité m’écrase, j’avais presque oublié que jamais plus je ne lirai une ligne, un mot, ce maudit accident en me privant de la vue, il m’a volé le bonheur de la lecture.

Si tu as perdu la vue, ton odorat s'est par contre fort bien développé et tu nous fais " sentir" les livres, une sensation trop souvent oubliée.
Ton texte commence en douceur, j'aurais bien aimé que cela continue...et puis arrive le " j'enrage..."et on retrouve la plume trempée dans le malheur d'Ataraxie.
Du moins cela te permet-il de faire l'impasse sur le manteau rouge et les post-it, pas folle la guêpe !

Les post-il, je ne suis pas arrivée à les lire. L'as de l'informatique n'a pas su grossir l'image.!?

J'ai surtout été influencée par une amie bretonne que j'ai eu hier au téléphone : c'est une écrivaine de talent en poésie classique et en nouvelles, qui a été de nombreuses fois publiée, ancien prof de Français : elle n'y voit plus !

Je demande pardon pour le manteau rouge, je l'ai balayé d'un très rapide coup d'œil. C'était encore un coup du Mistral qui l'a posé là et je me fous du Mistral, chez moi, c'est le vent d'Autan ! Je sens que je vais m'énerver ! Et quand, je m'énerve ......

La fin de ton texte est poignante.
Tu décris bien les sensations du passionné de lecture qui tiens un livre entre les mains et même  si en de nombreuses occasions j'ai du passer au numérique,  un livre papier est bien plus agréable.

Histoire poignante ...
Elle débouche sur un handicap particulièrement dur à vivre quand on est un lecteur ( lectrice !) invétéré (e)

La chute de ton histoire fait très mal, quelle horreur pour une amoureuse des livres. Heureusement que maintenant il y a les livres en braille et les livres audios.