A- Doux souvenir

Plus de cinquante années plus tard Arnaud arpente à nouveau les rues de son village d’enfance. Peu de choses ont changé, les ruelles sont toujours aussi étroites, et la patine d’un demi-siècle n’a pas vraiment laissé ses traces sur les pierres déjà vieilles.

Ce décor quasi figé lui rappelle que c’est lui qui a changé. Arnaud ne se souvenait plus du niveau d’escarpement des venelles qu’il peine à gravir aujourd’hui. Devant l’escalier qui mène à la place du village il se revoit assis en compagnie d’Amandine. C’est en courant qu’ils traversaient le village pour se retrouver après l’école, et pas du tout essoufflés ils se racontaient leur journée. Amandine…, ses premiers émois, son cœur qui s’éveille en sursaut, son regard qui la dévorait si belle et qui tentait de percer le mystère d’être fille. Le grand trouble, cette hésitation entre rêve et réalité, qu’Arnaud ressentait en la présence d’Amandine, en son absence aussi car il y pensait tout le temps.

Un amour rêvé, platonique, qui rendait Arnaud si grave. Une très grande complicité aussi.

Lorsqu’ils devaient se quitter Arnaud se souvient de la promesse qu’ils se faisaient : « ce soir on téléphone à l’horloge parlante, et on met nos montres à l’heure. Et demain matin, à 11h13’ on pense l’un à l’autre ». Le lendemain la panique d’être interrogé par le professeur juste à ce moment-là ! Mais quel délice lorsque la montre indiquait 11h13 de savoir qu’ils communiaient tous deux à distance !

Arnaud était donc amoureux d’Amandine.

Un jour pourtant, c’est André, qui lors d’une dispute lui fit cette révélation : « Tu crois qu’Amandine est ta petite copine mais elle sort déjà avec Christophe. Et cela ne date pas d’hier ! »

Arnaud tomba des nues. André était le cousin d’Amandine et il la connaissait très bien et depuis longtemps, il ne mentait pas. Son monde s’écroula et une énorme tristesse l’envahit.

Arnaud eu mal, très mal. Comment une telle complicité était-elle possible sans un réel partage ? Amandine avait-elle manqué de sincérité ? Pouvait-on vivre un même sentiment sous des formes différentes, lui de l’amour et elle de l’amitié ?

Avec le temps, le mal s’estompa pour laisser place au souvenir. Le souvenir de l’intensité qu’aimer procure, de cette vague qui submerge et dans laquelle il veut replonger, de cette folle addiction qu’il veut retrouver. Arnaud a retenu qu’il aime aimer, qu’il reprendra le risque d’encore tomber amoureux, et que face à ces choses de la vie, un jour il jouerait mieux ; un jour il apprendrait à rire.

J'ai aimé ce texte pour sa progression, ses descriptions, l'expression des premiers émois amoureux, puis la déception si pas le désespoir.
Et enfin, enfin, la sagesse ( de l'âge ?) qui arrive à la belle conclusion remplie d'espoir.
J'oserais dire que tu nous a fignolé un petit bijou !

Très jolie histoire!
J'ai spécialement apprécié le paragraphe final.

Les amours d'enfance, les premiers émois, c'est bien raconté.

J'aime bien "le téléphone à l'horloge parlante"  

Beaucoup plus de charme que le sempiternel  texto du 21ème siècle


Très belle histoire

Le vert paradis des amours enfantines est parfois bien escarpé et douloureux