A.. La petite épicerie.

Le village est silencieux, le soleil se lève à peine lorsque je me rends dans la petite rue du village, au numéro 12.
Le maire a bien mis les choses au point : la vieille Célestine est morte depuis près d'un an, personne ne veut reprendre son épicerie et toutes les inscriptions qui recouvrent la devanture font désordre! Alors il m'a dit :
- Tu y vas vite fait, bien fait et tu me mets une couche de peinture sur ces fadaises, ça fera plus propre. "

J'ai beau n'être qu'un petit ouvrier communal bientôt à la retraite, je sais lire et écrire.
J'ai très bien connu Célestine et la devanture de son magasin n'a jamais manqué de me mettre de bonne humeur.
" Espoirs de toutes sortes " peut-on y lire entre autres. C'est pas tentant ça par les temps qui courent?
Elle avait de bonnes idées notre Célestine et toutes ces invitations au bonheur mettaient le sourire aux lèvres des passants et des clients fidèles.
Il est aussi signalé : " Jolies blagues, stock de rêves renouvelé ". Tout ça vous donnait vraiment envie d'entrer chez elle.

Célestine était une petite femme toute ronde, aussi souriante qu'accueillante.
Si vous entriez chez elle, il ne fallait pas être pressé : pas de caddie, pas d'article à scanner...
Avant même de demander ce qui vous ferait plaisir, elle prenait de vos nouvelles.

Le jour où je lui ai annoncé qu'Eugénie ma femme voulait me quitter, elle m'a conseillé de  tenter encore et encore de réparer nos COEURS brisés. Quand je suis sorti de chez elle, j'ai eu la certitde, qu'elle m'avait donné des GRAINES d'espoir comme promis, dehors sur le volet.

Même les enfants se disputaient pour aller chez Célestine, ils savaient qu'en rassemblant les courses dont ils lui avaient donné la liste, elle leur raconterait un nouvel épisode de l'histoire du chat qui était Dingo. Quand ils la saluaient en sortant, elle était parvenue à leur remettre en plus du reste une poignée de petites joies.

Comme conseillé à l'entrée, Oscar le poivrot venait chez elle en dehors des heures de l'apéro, rien que pour bavarder et rire avec elle.

Alors que j'étais resté bien longtemps planté sur le trottoir, mon seau de peinture à la main, perdu dans mes réflexions,  j'ai pris la décision de renoncer à recouvrir ces petits messages encourageants adressés aux passants.
Je lui ai dit à monsieur le Maire :

- Aucune peinture ne pourra recouvrir entièrement les bonnes idées de Célestine. Allez voir vous-même, il est écrit : "Même si tout DISPARAÎT, tout RENAÎT."

Célestine manquera a plus d’un villageois. Il faut vite retrouver un repreneur pour cette boutique si originale.
Tu vois Zephy, tu l’as l’inspiration

Merci Myrthe! Ma tante Celestine tenait une quincaillerie dans les années 50..Me rendre chez elle pendant les vacances me rendait très heureuse., je pesais des clous à longueur de journée !
Sur la vitrine du magasin il y avait....les horaires de messes du dimanche!

J'ai connu une Célestine dans mon enfance qui vendait des bonbons à la violette et des coquillages à lécher mais sa boutique a été , depuis longtemps, transformée en résidence secondaire , adieu à nos petits bonheurs !

Un très joli texte, désobéir dans ce cas-ci est presque obligatoire !

Il a bien fait, cette devanture doit être déclarée d'Utilité publique. Elle est adorable ton histoire

Très beau texte et je trouve la fin merveilleuse!!!