A. Souvenirs et solitude

Il faut apprendre à marcher seul dans l’existence.
C’est ce que vient de murmurer le jeune homme qui , assis sur un banc-livre coloré, les yeux clos, offre son visage au soleil d’été.
A ses pieds un vieux sac de sport aux couleurs délavées.
Ses vêtements portent la trace du temps.
Les mains posées sur le dos du banc racontent une longue habitude des durs travaux manuels.
Pourtant en ce bref instant de détente le visage est juvénile.
Derrière les paupières baissées défilent des souvenirs joyeux.
Les éclats de rire des enfants qui jouent sur la place du village, le sourire de sa grand-mère, la douceur du soir qui tombe en apportant un peu de fraîcheur bienvenue après une journée bien chaude, les fêtes qui marquaient les différents moments de l’année…
Il s’en imprègne avidement, il s’y plonge avec délices.
Il sait pourtant que le retour à la réalité sera douloureux, qu’il ressentira un vide immense, qu’il aura l’impression qu’on le déchire littéralement en deux et qu’il pensera sans doute ne jamais pouvoir continuer à avancer ainsi, seul sur le chemin de la vie.
Mais il sait aussi que ces souvenirs, ce sont ses racines, sa raison de mettre chaque matin un pied devant l’autre.
Il faut apprendre à marcher seul dans l’existence, dit-on.
Lui, il l’apprend chaque jour à grands coups dans la gueule, là dans ce pays inconnu, dont il ne parle que très peu la langue, mais qui porte l’espoir d’une vie nouvelle.
Mais grâce à ces souvenirs il n’est pas complètement seul, alors qu’importe la souffrance du retour à la réalité, elle ne sera que momentanée et sera immédiatement suivie par un regain de courage et de volonté de s’accrocher encore et toujours à la moindre bribe d’espoir.

Une dernière partie coup de poing qui ne laisse pas indifférent

Un texte qui part en douceur, jolies descriptions, mais le monde des Bisounours s'écroule d'un coup et on prend la vérité en plein coeur !

Au fil de tes mots on imagine l'existence de cet exilé qui a le mal du pays et qui dans son quotidien violent se raccroche à ses souvenirs, à ses racines qui sont essentielles, nos racines qui font ce que nous sommes.

Douceur du texte, et finalement, tellement bien écrit que l'on prend une claque d'une douloureuse épisode.
Bravo madeleinedeproust

Comme c'est difficile d'être exilé , de trouver le courage de croire en un avenir meilleur en ayant tout quitté !
j'ai aimé ton texte.

Un texte profond bien d'actualité malheureusement...

Merci à tous.