A. Les bancs de rêves

Il faut apprendre à marcher seul dans l’existence. C’est ce que j’ai toujours cru jusqu’à récemment. Ne compter que sur soi, vivre sa vie sans contraintes, ne rien attendre des autres. Bref ! c’était ma façon de vivre depuis toujours.

Ah ! je vous entends déjà ! Le pauvre, c’est qu’il a souffert, il a du avoir une enfance difficile. Non, non, absolument pas. Une enfance heureuse, des parents aimants, des frères et sœurs complices. Mais dès mon plus jeune âge j’ai fait preuve d’indépendance au dire de mes parents.

A 18 ans, je suis parti de la maison pour un tour du monde. J’en ai sillonné des régions et des pays ! M’arrêtant de ci de là, acceptant n’importe quel boulot qui s’offrait à moi, expérimentant différentes cultures, m’initiant à différentes croyances.

Je ne me suis jamais attaché ni à un lieu ni à des personnes. Libre comme l’air. Engrangeant plein de sensations, d’expériences. Cela n’a pas toujours été facile. J’en ai connu des coups durs mais aussi des moments merveilleux et jamais je n’ai regretté cette vie de globe-trotteur.

Un banal accident m’a laissé en fauteuil roulant. Moi qui roulais ma bosse sur mes deux jambes j’ai du apprendre à être globe-trotteur handi. Que cela ne tienne ! Pas question de m’apitoyer, de revenir dans le giron familial. Les voyages devenant plus difficiles, j’ai commencé à lire. Un peu, beaucoup. Je voyageais à travers eux dans des contrées imaginaires. Ils sont devenus mes amis et certains d’entre eux m’accompagnent toujours. Ecornés, tachés de terre, lus des dizaines de fois.

C’est par un beau matin de printemps que je suis arrivé dans ce square intrigué par ces drôles de bancs en forme de livres. J’ai effleuré leur surface, à la fois dure et douce. Mes doigts ont suivi délicatement le contour des dessins. Un petit transfert et hop me voilà allongé sur un de ces bancs-livres ! A ma grande surprise, celui a épousé mon corps, m’a enveloppé dans une chaleur douce et bienfaisante. Je me sentais comme dans un édredon plumeux et me voilà parti dans le domaine des rêves. Je voyageais à la vitesse de la lumière, léger, riant aux éclats.

« Alors le voyage a été agréable ? »
Je sursautais. Un homme et une femme étaient penchés sur moi, le regard bienveillant, le sourire aux lèvres.
« Vous savez ? » bredouillais-je.
« Bien sûr ! »
« Et eux ? » De mon menton je désignais les occupants des autres bancs. Sur l’un une mère de famille surveillant ses enfants jouant dans le square. Sur l’autre un jeune homme le nez plongé dans son téléphone portable, probablement sur les réseaux sociaux.
« Non, eux ne ressentent rien. Venez avec nous, il y a d’autres choses à découvrir ! »

Depuis ce temps je ne marche plus seul dans l’existence.

J’aime beaucoup cette histoire qui commence comme une histoire normale et fini en fantastique .
Ce jeune homme a eu une belle vie faite de voyages et de rencontres,, suivie de livres dans lesquels il pouvait s’évader. L’attend maintenant de nouveaux voyages grâce à ces bancs livrés.
Que d’imagination

Un texte onirique qui emmène son lecteur ailleurs et tout en douceur... J'aime énormément!

Une histoire qui me permet d'imaginer une suite selon mes rêves.
Très réussi comme texte, BRAVO Sherkane.