A. Retrouvailles
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A. Retrouvailles
Elle faisait nerveusement les cent pas entre la cuisine et le salon lorsque l’interphone grésilla.
Elle se figea d’abord puis s’approcha lentement du bouton commandant l’ouverture de la porte.
Avant de l’enfoncer elle se mordilla nerveusement le pouce gauche.
« Allez ma grande, courage ! » se murmura-t-elle à elle-même.
Elle entr’ouvrit la porte de l’appartement et retourna dans la cuisine mettre de l’eau à bouillir.
S’il n’avait pas changé, son visiteur du soir serait plutôt thé que café.
Deux coups fermes à la porte d’entrée la firent poser un peu trop brusquement la boîte de thé vert sur le plan de travail.
« Entre, je suis dans la cuisine. »
Elle entendit la porte se refermer alors qu’elle insérait une dosette de café dans la cafetière. Hors du café point de salut, surtout dans des circonstances comme celles d’aujourd’hui.
En attendant que coule son café et qu’infuse le thé elle s’absorba dans la vision de cet arbre étrange qui poussait littéralement au milieu d’une main d’albâtre. Et comme à chaque fois elle se demanda ce que l’artiste avait bien voulu faire passer comme message… Le soleil jouait dans les feuilles de l’arbre. La main devait être tiédie par les rayons d’Hélios. Ce serait agréable d’aller s’y asseoir pensa-t-elle brièvement.
Elle sentir son invité arriver derrière elle. Il s’arrêta sur le seuil de la cuisine, silencieux.
Même de dos elle pouvait sentir sa tension. En ça rien n’avait changé, dix ans après elle vibrait encore à l’unisson de ses émotions.
- Toujours thé vert sans sucre ? Demanda-t-elle sur un ton faussement détendu.
- Toujours oui.
D’une main elle prit sa tasse de café, de l’autre celle de thé. Et elle se retourna.
Pour la première fois depuis dix ans ils se retrouvèrent.
- Tu n’as pas changé, murmura le visiteur.
- Toi par contre, ne put-elle s’empêcher de cingler. Petite vengeance mesquine, en retard d’une bonne décennie.
Avec un sourire contrit son visiteur récupéra la tasse de thé et s’installa sur un des tabourets de bar placé autour de l’îlot central.
Elle prit place en face de lui. Par la fenêtre elle pouvait deviner l’arbre dans la main.
Le silence prit ses aises dans la cuisine.
Chacun attendait que l’autre fasse le premier pas. Mais dix ans après, par où commencer ? Surtout quand la dernière rencontre a été aussi explosive que ce que l’avait été la leur….
Ce fut elle qui lança la discussion.
- Alors, de quoi voulais-tu me parler de si urgent ?
Le soleil eut largement le temps de passer derrière l’arbre dans sa main.
Elle but plusieurs tasses de café et il lui fallut refaire chauffer de l’eau parce qu’une tasse de thé vert, même bue à toutes petites gorgées, ne suffit pas…
Ils eurent besoin de pauses… des pauses pour se remettre de leurs émotions, des pauses pour ne pas exploser de colère, des pauses pour ne pas s’effondrer sous le poids du chagrin, des pauses pour reprendre leur souffle après un trop plein d’émotions… Il faut souvent reprendre haleine plusieurs fois avant de pouvoir entendre toute la vérité.
L’arbre n’était plus qu’une ombre à peine perceptible lorsque son visiteur se leva avec une grimace de douleur pour déposer sa tasse dans l’évier de la cuisine.
Assise sur son tabouret de bar elle le suivit du regard sans pouvoir dissimuler la profonde tristesse qui l’envahissait. Et c’est avec une grande tendresse qu’elle le laissa l’embrasser une dernière fois.
Elle entendit la porte se refermer alors qu’elle déposait sa tasse dans l’évier.
Et c’est à ce moment-là seulement qu’elle s’autorisa à se laisser aller.
Plantée devant deux tasses sales elle laissa couler les sanglots qu’ elle avait retenus toute la journée.
Désormais elle en avait la certitude, elle venait bien de le voir pour la dernière fois.
Elle se figea d’abord puis s’approcha lentement du bouton commandant l’ouverture de la porte.
Avant de l’enfoncer elle se mordilla nerveusement le pouce gauche.
« Allez ma grande, courage ! » se murmura-t-elle à elle-même.
Elle entr’ouvrit la porte de l’appartement et retourna dans la cuisine mettre de l’eau à bouillir.
S’il n’avait pas changé, son visiteur du soir serait plutôt thé que café.
Deux coups fermes à la porte d’entrée la firent poser un peu trop brusquement la boîte de thé vert sur le plan de travail.
« Entre, je suis dans la cuisine. »
Elle entendit la porte se refermer alors qu’elle insérait une dosette de café dans la cafetière. Hors du café point de salut, surtout dans des circonstances comme celles d’aujourd’hui.
En attendant que coule son café et qu’infuse le thé elle s’absorba dans la vision de cet arbre étrange qui poussait littéralement au milieu d’une main d’albâtre. Et comme à chaque fois elle se demanda ce que l’artiste avait bien voulu faire passer comme message… Le soleil jouait dans les feuilles de l’arbre. La main devait être tiédie par les rayons d’Hélios. Ce serait agréable d’aller s’y asseoir pensa-t-elle brièvement.
Elle sentir son invité arriver derrière elle. Il s’arrêta sur le seuil de la cuisine, silencieux.
Même de dos elle pouvait sentir sa tension. En ça rien n’avait changé, dix ans après elle vibrait encore à l’unisson de ses émotions.
- Toujours thé vert sans sucre ? Demanda-t-elle sur un ton faussement détendu.
- Toujours oui.
D’une main elle prit sa tasse de café, de l’autre celle de thé. Et elle se retourna.
Pour la première fois depuis dix ans ils se retrouvèrent.
- Tu n’as pas changé, murmura le visiteur.
- Toi par contre, ne put-elle s’empêcher de cingler. Petite vengeance mesquine, en retard d’une bonne décennie.
Avec un sourire contrit son visiteur récupéra la tasse de thé et s’installa sur un des tabourets de bar placé autour de l’îlot central.
Elle prit place en face de lui. Par la fenêtre elle pouvait deviner l’arbre dans la main.
Le silence prit ses aises dans la cuisine.
Chacun attendait que l’autre fasse le premier pas. Mais dix ans après, par où commencer ? Surtout quand la dernière rencontre a été aussi explosive que ce que l’avait été la leur….
Ce fut elle qui lança la discussion.
- Alors, de quoi voulais-tu me parler de si urgent ?
Le soleil eut largement le temps de passer derrière l’arbre dans sa main.
Elle but plusieurs tasses de café et il lui fallut refaire chauffer de l’eau parce qu’une tasse de thé vert, même bue à toutes petites gorgées, ne suffit pas…
Ils eurent besoin de pauses… des pauses pour se remettre de leurs émotions, des pauses pour ne pas exploser de colère, des pauses pour ne pas s’effondrer sous le poids du chagrin, des pauses pour reprendre leur souffle après un trop plein d’émotions… Il faut souvent reprendre haleine plusieurs fois avant de pouvoir entendre toute la vérité.
L’arbre n’était plus qu’une ombre à peine perceptible lorsque son visiteur se leva avec une grimace de douleur pour déposer sa tasse dans l’évier de la cuisine.
Assise sur son tabouret de bar elle le suivit du regard sans pouvoir dissimuler la profonde tristesse qui l’envahissait. Et c’est avec une grande tendresse qu’elle le laissa l’embrasser une dernière fois.
Elle entendit la porte se refermer alors qu’elle déposait sa tasse dans l’évier.
Et c’est à ce moment-là seulement qu’elle s’autorisa à se laisser aller.
Plantée devant deux tasses sales elle laissa couler les sanglots qu’ elle avait retenus toute la journée.
Désormais elle en avait la certitude, elle venait bien de le voir pour la dernière fois.
madeleinedeproust- Humeur : littéraire...
Re: A. Retrouvailles
Quel beau texte !
Il en faut du talent pour tout dire sans rien expliquer vraiment, pour laisser entrevoir le poids d'une histoire et le tragique de ce qui ne pourra plus être ni revenir.
Oui, vraiment, j'ai beaucoup aimé ce texte et ce talent d'évocation qui est le tien.
Il en faut du talent pour tout dire sans rien expliquer vraiment, pour laisser entrevoir le poids d'une histoire et le tragique de ce qui ne pourra plus être ni revenir.
Oui, vraiment, j'ai beaucoup aimé ce texte et ce talent d'évocation qui est le tien.
_________________
"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Retrouvailles
Très beau texte parfaitement écrit et aéré . Un plaisir pour le yeux.
La seconde partie est superbe, on la lit presque en apnée, s’imaginant tout ce qui se dit devant ces tasses de café et de thé .
Et quand on arrive à la fin on a envie d’imaginer ce qui les a séparé durant 10 ans, et cette vérité si dure à entendre.
La seconde partie est superbe, on la lit presque en apnée, s’imaginant tout ce qui se dit devant ces tasses de café et de thé .
Et quand on arrive à la fin on a envie d’imaginer ce qui les a séparé durant 10 ans, et cette vérité si dure à entendre.
_________________
Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Retrouvailles
Pour moi l'inspiration n'est pas venue alors je suis d'autant plus admirative de la façon dont tu as écrit cet instant de vie plein de délicatesse et d'émotion en insérant à la juste place la phrase demandée et en évoquant l'arbre dans la sculpture.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Retrouvailles
Un très beau texte! Je rejoins totalement AlainX dans son commentaire. On est totalement pris par le texte tant il est fort en évocation
Sherkane
Re: A. Retrouvailles
Merci à vous pour vos gentils commentaires.
madeleinedeproust- Humeur : littéraire...
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