A. Petite chronique des A.M.A. (suite)

Deuxième épisode de la petite chronique des A.M.A. qui fait suite à la consigne 661.


Laissez-moi tout d’abord vous donner quelques nouvelles de notre Seniorie A.M.A. ( Agés Mais Actifs) dont je suis toujours présidente du comité socio-culturel.

Notre chère Rita continue à nous apprendre à danser la salsa et nous propose à présent de passer à la biguine ou au tango (nous allons encore devoir voter!)
A plusieurs reprises j’ai à nouveau proposé la conférence sur l’euthanasie, mais vu le peu d’enthousiasme et même les huées, j’ai abandonné le projet.

Ce matin,Monsieur le Directeur de la Seniorie nous a annoncé la venue d’un psychomotricien.
-Il ne nous manquait plus que ça, a soupiré Marie-Madeleine qui ne jure que par la lecture et l’écriture qu’elle pratique entre deux siestes.

En fin psychologue, Monsieur X a murmureé dans sa barbe :
-On ne sait jamais, on pourrait bien se marrer.

A propos de Monsieur X, je dois vous dire que je l’appelle par son prénom (il a prétendu qu’il se prénommait Kévin), depuis le jour où il m’a rendu visite, après la chute qui avait provoqué la fracture de ma cheville et où nous avons partagé et terminé la bouteille de rosé qu’il m’avait  généreusement offerte. Il est toujours assez loufoque mais il n’est plus tellement insupportable, ce Kévin.
Bien! Ceci n’étant qu’une parenthèse, ce matin nous avions rendez-vous avec notre psychomotricien à l’Orangerie, une salle très agréable où végète dans un coin un oranger en pot, maigrichon et stérile, bien que nous l’arrosions tous les jours, chacun à notre tour.

Waouh! Quelle surprise! Un homme jeune, 25 ans tout au plus,
1 mètre 90, une carrure de rêve, un sourire éclatant et un sac de sport dans chaque main, nous a gentiment salué.
Après l’avoir examiné sur toutes les coutures, un silence a succédé à nos bavardages incessants.

-Bonjour, a-t-il dit, je m’appelle Arthur et je suis ici pour stimuler vos capacités grâce à des activités diverses : gym douce, atelier de prévention des chutes, jeux de ballon, musicologie…

-Si c’est pour écouter Bashung, je signe à deux mains, a déclaré Monsieur X.

-La prévention des chutes, je prends, ai-je assuré, en tant que présidente. Je ne tiens plus à me retrouver un pied dans le plâtre!

Rita a applaudi à la gym douce, Marie-Madeleine a proposé les jeux de ballons à condition de rester assise.

-Bon, bon, a dit Arthur, qui avait visiblement espéré avoir à faire à des patients plus dociles.
Il a sorti un ballon de son sac et nous a proposé de le faire passer à notre voisin.

Il fallait s’y attendre : Marie-Madeleine l’a reçu en pleine figure, ce qui lui a fait ouvrir un oeil étonné. Puis voyant que les fenêtres de l’Orangerie n’étaient pas des plus solides et remarqué ensuite que l’oranger était définitivement mort, Arthur a sifflé la fin du jeu, réclamant le ballon que Monsieur X (Kévin) avait adroitement caché et refusait de rendre.
Notre animateur nous a alors proposé de nous rendre dans le parc de la Seniorie.
-A votre rythme, a- t-il précisé. Nous allons apprendre à bien respirer!
Placez-vous derrière moi et respirez à fond 10 fois : inspirez en levant les bras, expirez ensuite lentement, contemplez la nature, profitez du moment présent, prenez conscience que vous êtes ici et maintenant!

Après 5 respirations, nous en avions déjà assez, nous nous sommes regardés, nous avons contemplé le dos musclé de notre psychomotricien qui continuait l’exercice et sur la pointe des pieds, à notre rythme, nous sommes rentrés par une porte dérobée de la maison, puis nous avons regagné l’Orangerie en silence, conscients, comme nous l’avait dit Arthur, d’être ici et maintenant, enfin assis confortablement.

Rita pourtant ne nous avait pas suivis. Par la fenêtre, nous l’avons vue subtiliser les sacs et le ballon d’Arthur et se diriger d’un pas ferme et cadencé vers l’étang du parc. On aurait dit Zidane, fuyant l’entraînement de foot!

Nous avons entendu un plouf et quelques minutes après, notre bel animateur nous a rejoint, moins souriant et très essoufflé :  il avait dû faire un fameux détour.
-Que faites vous ici? a-t-il demandé. J’ai voulu voir si vous me suiviez mais vous aviez disparu, je ne retrouve plus mes accessoires, j’exige des explications!

Avant que je n’aie pu présenter des excuses au nom de tous, en tant que présidente des A.M.A., Marie-Madeleine a déclaré :

-Je sais que nous vous avons devancé, mais voyez vous, nous connaissons tous les raccourcis qui mènent ici et à ce propos,sachez que je termine de lire un livre qui se passe en Afrique, a-t-elle ajouté et lors d’une aventure amusante, le vieux sage a dit  : “ L’homme jeune marche plus vite, mais l’ancien connaît la route. “

Alors là, bravo j'en avais même oublié la phrase à placer et pourtant elle arrive parfaitement pour clore cette délicieuse chronique. Nul besoin de séance de psycho motricité quand on .

Excellente chronique des A.M.A, on en redemande ! Les personnages sont bien typés et au fur et à mesure on decouvre de nouvelles péripéties ! L'action ne faiblit pas jusqu'à l'excipit habilement placé ! Moi j'en veux encore des textes pareils, drôles et vivants même si pas du vécu ( heureusement)

Il est temps que je réserve ma place à la Seniorie AMA !
J'ai hâte d'aventure palpitante.
Merci pour cet épisode savoureux et bravo pour avoir su amener la phrase imposée.

Des participants très sportifs , bravo .

Chouette, le retour de la redoutable bande d'anciens. Je les adore ! Pauvre Arthur, il ne faisait pas le poids.

Martine, je vais te dire un secret... Mon petit-fils Arthur est psychomotricien en stage dans une seniorie

@ Zéphyrine : Et bien comme ça il va être prévenu et il va pouvoir se méfier des friponneries des anciens

Il me semblait bien qu'il y avait Arthur dans cette histoire ! Le pauvre !!!