a. Quand Jules est au violon.

Aucune parole ne précède les vrais départs , car chacun d'eux a sa part irréversible.
— « Et voilà c'est parti » entend-on souvent c'est peut-être la seule parole qui confirme que rien ne sera plus comme avant et qu'à présent il faudra faire silence.
Bien sûr il y a les faux départs, ça arrive, y compris dans les orchestres. Dans ce cas là on entend « arrêtez la musique ! » Et c'est ce qui arrive. Une fois de plus aucune autre parole ne suivra.
Pas de mots, panne de son.
Que faire alors ?
Ce n'est pas le moment de tirer sur la corde de violon pour faire bouger les choses. Surtout qu'il y a longtemps que l'on a constaté le racisme qui préside à la portée de musique. Une blanche vaut deux noires, signe manifeste de la supériorité blanche,  qui est est bien meilleure. La portée musicale n'est pas égalitariste. Il y a quelque chose qui croche et même qui double croche
Remarquons toutefois qu'une ronde vaut deux blanches et que personne n'a jamais vu une ronde habillée de noir se balader sur une portée bien lignée . Ça ferait tache.


Mais revenons au point de départ. Le vrai. Tout a commencé par des voix célestes descendues du ciel, si bien que s'il n'y eut pas de parole. Une mélodie s'en est venue de très loin, des origines, d'un Big qui a fait Bang et nous entendons encore les trémolos et les vibrations d'archers qui l'amène jusqu'à notre petite planète sur laquelle nous bavardons sans cesse pour fabriquer de l'inutile et faire du bruit.

Patience et longueur de phrases font plus que force ni que rage. Peut-être. Et cependant ne faudrait-il pas prendre un nouveau départ pour faire taire les bavardages qui se transforment en tonnerres dévastateurs, car les mots mauvais ça tue.

Dans quelques temps arrivera mon tour. Prendre un nouveau départ. Le dernier.
Y aura-t-il des jeunes violonistes, survivants des tumultes sans fin.
Quoi qu'il en soit, j'oserais réclamer la méditation de Thais,  que ma belle-mère, violoniste professionnelle, interprétait à merveille, me tirant une larme au coin de l'œil
et pour faire bonne contenance, en plaisantant je lui disais :
—  Quand même Massenet, c'était votre Jules !